Vivre ensemble

Que faire de nos peurs ?

Qu’elle soit niĂ©e, contestĂ©e ou assumĂ©e, c’est bien la peur qui, en arrière-fond, installĂ©e dans les foyers, sur tous les Ă©crans et dans les rĂ©unions gouvernementales, domine la crise sanitaire. Il s’agit donc de prendre la peur elle-mĂŞme comme objet de rĂ©flexion, l’adosser Ă  ses contextes, la diffĂ©rencier, et pĂ©nĂ©trer le ou les mondes imaginaires dans lesquels elle se dĂ©ploie, pour finalement alerter sur ses usages politiques et idĂ©ologiques, penser de manière autonome et chercher des voies alternatives.

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La ville en Ă©tat de crise sanitaire

Du fait des mesures de distanciation sociale, la ville pâtit, elle aussi, de la crise sanitaire. Elle nous est pourtant nécessaire, à nous humains, êtres sociaux ; elle est même notre habitat naturel. Pas plus que les poissons nous ne savons vivre en dehors de notre milieu et, privés d’espace public, non seulement nous manquons d’air mais nous nous départons d’une partie de nous-mêmes. Alors comment traverser la pandémie actuelle sans fragiliser l’espace urbain et ses qualités anthropologiques ?

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Surmenage, stress… « Nos modes de fatigue rĂ©vèlent les manières d’exister socialement »

Alors que la pandémie accentue l’épuisement de nos sociétés, l’historien, spécialiste des mentalités et des sensibilités, propose une Histoire de la fatigue. Du Moyen Âge à nos jours. Il en montre les mutations comme autant de révélateurs des rapports des sociétés à la perception des corps et à leurs usages. L’infatigabilité devient-elle une nouvelle norme ? Quel lien entre fatigue et affirmation croissante de l’individu ? Entretien.

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Penser le « monde d’après » Ă  partir de trois piliers du « monde d’avant »

Les campagnes de vaccination actuelles montrent Ă  quel point la santĂ© publique est dĂ©pendante de l’industrie pharmaceutique, et donc d’intĂ©rĂŞts privĂ©s, ce qui ne va pas sans poser un certain nombre de problèmes d’un point de vue Ă©thique… Ă€ l’avenir, si l’on veut bâtir concrètement un « monde d’après » plus juste, il faut que nous reconsidĂ©rions plusieurs piliers du « monde d’avant » : le libre marchĂ©, le droit de propriĂ©tĂ© et la concentration de capitaux.

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La chronique philo de Cynthia Fleury. La part onirique des sociétés

C’est le retour de l’intime comme infra-politique. On le retrouve, d’une certaine manière, en France, avec la création de l’Institut Covid-19 Ad Memoriam, qui a notamment comme objet de recherche d’archiver les différents « récits » intimes et collectifs qui jalonnent cette « crise » que nous vivons. Tandis qu’à Londres le Museum of London vient de terminer sa collecte des rêves pour son projet « Guardians of Sleep », censé décrire l’inconscient collectif et individuel anglais et plus largement humain. L’archivage des rêves n’est nullement récent. Quantité d’expériences ont été faites par le passé, comme celle singulière et terrifiante de Charlotte Beradt, consacrée au rêve en régime totalitaire, sous le IIIe Reich. Dans l’Interprétation sociologique des rêves (la Découverte, 2021), Bernard Lahire poursuit son magnifique travail sur la part « onirique » des âmes et des sociétés, et commente ainsi Beradt : « Les rêves qu’elle a soigneusement recueillis auprès d’Allemands à partir de 1933 montrent comment la scène onirique est le théâtre de tous les sentiments de dépossession, de dépersonnalisation, d’humiliation, de consentement, de soumission ou de culpabilité, mais aussi de fascination ou d’attraction ressentis à l’égard des bourreaux, liés à la mise en place progressive d’un régime totalitaire. » Faire du rêve un objet des sciences sociales, ou comment expliquer les « mécanismes psychiques fondamentaux propres aux êtres historiques et langagiers que sont les êtres humains socialisés », tel est l’enjeu du sociologue qui traverse l’espace symbolique comme d’autres les terrains vagues. Lahire pose, à l’inverse de Freud, l’objet-rêve comme étant précisément délivré des formes multiples de censure, donnant à entendre ce qui travaille obscurément les individus. Bien que ne partageant qu’à moitié la thèse – la censure se déplaçant dans le rêve, et non ne disparaissant, et s’entremêlant aux débordements de l’angoisse et du désir, sans parler du fait qu’il y a le voile de la conscience et du langage au réveil –, il n’empêche que le travail ici proposé permet deux prouesses : d’une part, extraire le rêve d’une réalité strictement intime alors qu’elle est « intrinsèquement sociale », culturelle et généalogique ; d’autre part, extraire les sciences sociales d’un réflexe rationaliste trop commun qui assimile trop souvent les individus à leur supposée conscience réflexive. S’il existe une philosophie de la « liberté », c’est précisément celle qui a conscience des processus d’aliénation permanents qui sont les siens, des déterminismes psychiques et sociaux. « L’étude du rêve, écrit Lahire, est tout sauf un moyen de sortir du monde social, de ses régularités, de ses contraintes et de ses pesanteurs. Elle participe de la découverte des logiques par lesquelles les individus affrontent en permanence, en les exprimant, les problèmes qui sont les leurs, mais qui n’en viennent pas moins de l’extérieur. » Rien n’empêche néanmoins d’user des « opérations oniriques » (symbolisation, métaphorisation, condensation, substitution, etc.) pour arpenter les tentatives de libération.

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