Evènements – MSH Paris-Saclay

Séminaire Pélias (périodiques littérature, arts, sciences)
24 juin 2022

Séminaire Pélias (périodiques littérature, arts, sciences)

La séance

La prochaine séance du séminaire Pélias, soutenu par la MSH Paris-Saclay, aura lieu le vendredi 24 juin de 16h à 19h en visioconférence, sur le thème :

Périodiques et vulgarisation

L’accès au séminaire se fait sur inscription, avec l’envoi d’un mail à l’adresse alexiakalantzis@gmail.com ou norbert.verdier@universite-paris-saclay.fr. Le lien zoom sera envoyé aux participants quelques jours avant.

Avec :

  • Aurélien Gautreau (GHDSO de l’UR EST, Paris Saclay)

Des périodiques par et pour les lycéens : le cas du « journal de mathématiques
élémentaires » de l’École préparatoire Sainte-Barbe en 1870

Ce journal, « fondé exclusivement par des élèves de mathématiques élémentaires » comme l’indique avec fierté la courte introduction du premier numéro, se voulait quinzomadaire. Au moins trois numéros sont parus au début de l’année 1870, rédigés par des étudiants de l’institution privée Sainte-Barbe à Paris. Ce périodique écrit à la main fait partie des quelques journaux lycéens des classes de mathématiques élémentaires parus entre 1860 et 1880. La période connaît un développement de l’édition de manuels officiels d’un côté, de périodiques destinés à la préparation des concours les plus prestigieux de l’École polytechnique et de l’École normale supérieure de l’autre. Les élèves de mathématiques élémentaires, qui préparent Saint-Cyr, Centrale, l’École normale ou le baccalauréat ès sciences pour entrer à l’université, imitent par eux-mêmes ce dernier modèle. Notre étude de cas permet d’appréhender les enjeux disciplinaires et institutionnels de l’enseignement des mathématiques et de la physique dans ces classes, ainsi qu’une forme éditoriale originale qui révèle et produit un réseau spécifique de diffusion des savoirs.

  • Marie Palewska, (École Nationale des Chartres)

Le Journal des voyages

C’est en 1877 que Georges Decaux, directeur de la Librairie illustrée, lance le Journal des voyages et des aventures de terre et de mer, magazine hebdomadaire qui, comme l’annonce l’« Avis de l’éditeur » dans son premier numéro, a pour ambition d’embrasser « les matières si variées comprises dans le vaste champ de la géographie et des voyages ». Offrant seize grandes pages de trois colonnes au prix modique de quinze centimes, qui reste inchangé jusqu’en 1915, il se veut accessible à tous.
Pour faire découvrir à ses lecteurs les régions du globe les plus diverses, il combine
articles documentaires et récits de voyages. À ces textes, agrémentés d’illustrations et de cartes, s’ajoute la séduction de la fiction, par le biais de nouvelles, de contes et de romans d’aventures, de plus en plus nombreux et variés. Cette formule mixte assure la fortune du journal pendant près de quarante ans. Il accueille des romanciers populaires prisés, comme Armand Dubarry, Louis Boussenard, Alphonse Brown, G. de Wailly, Henry Leturque, Georges Le Faure, Jules Lermina, Paul d’Ivoi, le Capitaine Danrit, ou René Thévenin, lesquels alimenteront la « Bibliothèque des grandes aventures » de Tallandier dans l’entre-deux-guerres.
Nous nous proposons d’étudier le Journal des voyages sous deux angles, qui nous
permettront d’esquisser un repérage de certains des réseaux auxquels il a part.
Le premier angle sera celui de la vulgarisation géographique. Après en avoir reconnu les formes et les procédés, nous interrogerons son rapport à la réalité. Nous nous arrêterons sur l’exemple de Louis Boussenard, qui nous montrera une intéressante circulation des textes, d’une part entre des écrits de genres différents à l’intérieur du Journal des Voyages, d’autre part entre ce titre et des périodiques scientifiques. Enfin, nous évoquerons les liens du journal avec les explorateurs contemporains et les Sociétés de géographie. Dans un second temps, l’idéologie du Journal des voyages retiendra notre attention. Nous verrons comment il se fit le chantre de « l’épopée coloniale de la France » et cultiva une exaltation du patriotisme et de l’engagement militaire, en particulier dans ses romans, qui passionnèrent un public devenu majoritairement adolescent. C’est auprès de ses jeunes lecteurs garçons que le Journal des voyages, sous l’impulsion de son directeur Paul Charpentier, promut le mouvement naissant des Éclaireurs de France à la veille de la Première Guerre mondiale.

informations sur le séminaire

Le séminaire PéLiAS (Périodiques, Littérature, Arts et Sciences) se propose d’étudier les périodiques artistiques, littéraires et scientifiques du XVIIIe siècle à la première moitié du XXe siècle en tant que médiateurs culturels. Il s’agit d’analyser les périodiques en tant que constructions sociales, matérielles et entrepreneuriales, faisant intervenir de multiples acteurs : écrivains, artistes, typographes, graveurs, imprimeurs, éditeurs, ou lecteurs… et touchant des milieux socio-professionnels variés (milieux artistiques et littéraires, scientifiques, universitaires, théâtres, galeries, maisons d’édition…).

L’approche adoptée est double : les périodiques sont interrogés en tant que support de communication appartenant à la culture de l’imprimé et en tant qu’objet culturel pluridisciplinaire. La notion de médiateur permet également d’insister sur la circulation des idées, des textes, des images et des rédacteurs. Les périodiques sont pensés en termes de « réseau » : un dialogue s’établit entre les différents périodiques, au-delà des catégories traditionnelles qui opposent grande et petite presse, revues et livres, revues artistiques et littéraires et revues scientifiques. Enfin, les périodiques sont étudiés dans leur dimension de vulgarisation, tant au niveau littéraire que scientifique, et dans leur rapport au livre et aux différents publics.

Organisateurs :

  • Hélène Védrine (Sorbonne Université, CELLF 19-21)
  • Norbert Verdier (Paris Saclay, EST-GHDSO)
  • Alexia Kalantzis (UVSQ, CHCSC)

Comité scientifique :

  • Evanghelia Stead (UVSQ, CHCSC & IUF)
  • Hélène Gispert (Paris Saclay, EST-GHDSO)
  • Viera Rebolledo-Dhuin (UPEC, CRHEC)
  • Hélène Védrine (Sorbonne Université, CELLF 19-21)
  • Norbert Verdier (Paris Saclay, EST-GHDSO)
  • Alexia Kalantzis (UVSQ, CHCSC)

Contacts :

Séminaire Pélias (périodiques littérature, arts, sciences)
24 juin 2022
Lire la suite »

Transformations moléculaires dans les peintures à l’huile. L’interdisciplinarité du regard du restaurateur à celui du chimiste
16 et 17 juin 2022

Transformations moléculaires dans les peintures à l'huile. L'interdisciplinarité du regard du restaurateur à celui du chimiste

INFORMATIONS

Le 16 et 17 juin 2022 aura lieu le workshop «Transformations moléculaires dans les peintures à l’huile. L’interdisciplinarité du regard du restaurateur à celui du chimiste » au Collège néerlandais de la Cité Universitaire Internationale de Paris (61 Bd Jourdan – 75014 Paris). Ce workshop se veut foncièrement interdisciplinaire en se centrant aussi bien sur la physique, la chimie que sur la conservation du patrimoine, l’histoire de l’art ou d’autres disciplines en SHS tel que le droit (aspects légaux de la dégradation du patrimoine). L’atelier aura pour objectifs une meilleure compréhension des transformations affectant les peintures historiques ainsi que l’émergence de nouvelles collaborations européennes. Il permettra à la fois de présenter des projets innovants et de favoriser les échanges entre experts sans oublier la dimension internationale.
Pour vous inscrire.

PROGRAMME

Retrouvez le programme ici.

Transformations moléculaires dans les peintures à l’huile. L’interdisciplinarité du regard du restaurateur à celui du chimiste
16 et 17 juin 2022
Lire la suite »

trentième colloque international du Gerpisa

Colloque Gerpisa 2022
13 au 17 juin 2022

Colloque Gerpisa 2022

INFORMATIONS

Le trentième colloque international du Gerpisa a lieu du 13 au 18 juina semaine du 14 au 18 juin à Détroit aux États-Unis en hybride autour de l’enjeu : The Auto Industry Entering a Post-pandemic World. Il y aura de liens youtube sur le site pour se connecter aux plénières et il faut s’enregistrer (gratuitement) pour assister aux sessions parallèles via zoom. Pour ce faire, cliquez ici.

PROGRAMME

Retrouvez le programme synthétisé du colloque ici.

Colloque Gerpisa 2022
13 au 17 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay », séance 4
22 juin 2022

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay »

INFORMATIONS

La séance 4 du séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay » aura lieu mercredi 22 juin 2022 de 14h à 17h30 à l’Université d’Évry Paris-Saclay. Elle est organisée par Florent Le Bot et Alain Michel au titre de l’IDHES-Evry sur le thème : « Dynamiques de la recherche historique sur/dans les formations et les systèmes éducatifs ».

PROGRAMME

Retrouvez le programme complet ici.

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay », séance 4
22 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay », séance 3
14 juin 2022

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay »

INFORMATIONS

La séance 3 du séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay » aura lieu mardi 14 juin 2022 de 14h à 18h au campus d’Orsay. Elle est organisée par Ghislaine Gueudet et Magali Gallezot au titre de l’Unité de recherche EST, Université Paris-Saclay sur le thème : « Regards croisés sur l’enseignement et l’apprentissage des sciences ».

PROGRAMME

Retrouvez le programme complet ici.

Séminaire « Fédérer et développer les recherches sur l’éducation dans Paris-Saclay », séance 3
14 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire du centre d’Alembert Séance 4
17 juin 2022

Séminaire du centre d'Alembert, séance 4

INFORMATIONS

La séance 4 du Séminaire du centre d’Alembert se tiendra le 17 juin de 10h à 12h sur le thème :

L’accès à la culture et l’intérêt général

L’événement aura lieu en présentiel à la faculté Jean Monnet (54 Boulevard Desgranges, 92330 Sceaux en salle Vedel, bâtiment G 1er étage).

L’événement aura lieu en présentiel et en visioconférence.

Les inscriptions sont à formuler auprès de : centre.dalembert@universite-paris-saclay.fr

PROGRAMME

Intervenants :

    • Marc Drouet, Directeur régional des affaires culturelles Auvergne Rhône-Alpes.
    • Vincent Négri, Chercheur à l’Institut des Sciences sociales du Politique (UMR 7220), ENS Paris-Saclay.

Comment au travers d’un service public parvient-on à promouvoir un accès à la culture et à transmettre le savoir à chaque individu ? Quelle est la mesure de l’intérêt général dans le domaine de la culture ? L’amarrage de la culture à l’intérêt général a fluctué au gré des perceptions sociales et des aspirations de la société. Ces évolutions ont depuis longtemps balayé les assertions de Maurice Hauriou qui, à propos du refus du Conseil d’État de reconnaitre la qualité de service public aux entreprises de spectacle et de théâtre, se félicitait que « la juridiction administrative condamne la conception qui consisterait à ériger en service public, comme à la période de la décadence romaine, les jeux du cirque » (note sous CE, 7 avril 1916, Astruc). Aujourd’hui les politiques publiques sont confrontées à d’autres formes de revendications ou de contestations, armées par des expressions culturelles particulières qui tendent à déjouer l’expertise sur laquelle sont fondées ces politiques ; à moins qu’il ne s’agisse, pour cette expertise publique, de devoir renoncer à transformer son savoir en autorité.

Cette séance du séminaire sur l’accès à la culture et l’intérêt général sera l’occasion de questionner les modes de légitimité et de reconnaissance de l’action publique culturelle, notamment dans les domaines du partage des savoirs et de la connaissance du patrimoine.

Organisatrice
Hélène Aubry, Professeure de droit privé, Faculté Jean Monnet, Université Paris-Saclay

Plus d’informations sur le Centre d’Alembert ici

Séminaire du centre d’Alembert Séance 4
17 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire ECOPOLIEN
14 juin 2022

Séminaire ECOPOLIEN

INFORMATIONS

La 11e séance du séminaire de l’Atelier d’écologie politique francilien a lieu le 14 juin 2022 de 18h à 20h en libre accès à la Maison du Portugal, Cité universitaire internationale (17 Boulevard Jourdan, 75014 Paris).

Elle a pour thème : « L’héritage colonial de l’écologie et l’héritage écologique de la colonisation »

Intervenant.e.s :
Guillaume Blanc (historien, Tempora, Université Rennes 2).
Seloua Luste Boulbina (philosophe, chercheuse associée à l’université Paris Diderot).

Ecopolien est un groupe de travail inter-universitaire (établissements ESR d’Ile de France) et transdisciplinaire (science humaines, sciences de la nature) s’intéressant aux causes des bouleversements écologiques actuelles et aux solutions proposées pour y remédier. Pour en savoir plus

Séminaire ECOPOLIEN
14 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire Valeur prix et politique
9 juin 2022

Séminaire valeur prix et politique

INFORMATIONS

La prochaine séance du séminaire Valeur, prix et politique, soutenu par la MSH paris-Saclay et organisé par Christian Bessy (IDHES ENS-Paris-Saclay), aura lieu jeudi 09 juin de 14h à 16h à l’IDHES ENS-Paris-Saclay, 4 avenue des sciences, 91 190 Gif-sur-Yvette en salle 3E34.
L’entrée est libre.

PROGRAMME

Présentation de Raphaël Porcherot et Marine Snapse : Travestir le lien marchand : l’exemple d’une forme d’ ‘Uber-ESS’, JobbyCat, et d’une ‘crypto-monnaie sociale’, la MonedaPAR

 

Jobbycat est une plateforme de services de proximité (jobbing) qui met en relation des individus qui voudraient faire réaliser une tâche et des jobbers, environ mille individus qui s’engagent à répondre à cette demande contre rémunération. Il s’agit d’une plateforme exclusivement parisienne, qui se positionne comme une entreprise sociale et solidaire. Grâce à aux technologies de l’information, elle prétend faire la promotion de la solidarité et du lien social.

La MonedaPAR est une crypto-monnaie sociale argentine qui relève à la fois du crédit mutuel généraliste orienté vers les particuliers, des monnaies locales inconvertibles et forfaitaires et des monnaies locales convertibles, le tout fondé sur l’utilisation de la technologie blockchain. Les quelques 3000 membres de cette communauté monétaire alternative sont des pares, des pairs, ou encore prosommateur (Toffler, 1980, contraction de producteur et consommateur, voir également Dujarier, 2014, sur le travail du consommateur). L’accent est mis également sur la nécessaire recréation du lien social et sur la construction d’une communauté par le biais de marchés solidaires.

Nous abordons les deux terrains dans une optique comparative et inter-disciplinaire : un point commun réside dans la centralité, sinon dans les actions, au moins dans les discours, de « l’entraide » et de la « recréation du lien social », notions ordinaires qu’il faudra d’interroger.

Il s’agit de repartir de l’opposition entre une sociologie critique du dévoilement, qui viserait à montrer en quoi ces deux autoproclamées « alternatives » n’en sont pas réellement et d’une sociologie compréhensive, qui s’efforcerait de prendre au sérieux les discours, plutôt que les envisager comme de simples artifices rhétoriques, pour en montrer l’écart éventuel avec les pratiques. Discours et actions participent en effet d’un travestissement de la sociabilité marchande, au triple sens de déguisement via son euphémisation (Trespeuch et al., 2019), falsification via l’inscription dans un ensemble de valeurs solidaires (Orzi et Plasencia, 2017) et parodie dans la mesure où sont reconduites les logiques marchandes dont il s’agit pourtant de faire la critique (Hély et Moulévrier, 2017). Les acteurs opposent une norme idéale du marché (juste) à la norme idéelle du marché (pur) promue par l’économie orthodoxe.

Il s’agira d’abord de distinguer trois dimensions de l’euphémisation du lien marchand à l’œuvre dans les discours et les pratiques des différents acteurs. Cela nous permettra de prendre la mesure de la falsification des liens marchands, en étudiant les effets concrets sur les jobbers et les prosommateurs, en termes de capitaux relationnels et économiques. Enfin, nous tenterons de montrer en quoi les liens marchands sont paradoxalement reconduits à travers leur parodie par ces deux expériences d’alter-économies prisonnières des mirages de l’horizon marchand.

PRésentation du séminaire

Après une longue série de travaux sur la qualité des produits, l’Économie des conventions a entamé depuis quelques années une réflexion sur les formes de mise en valeur des choses ou des personnes. Il ne s’agit pas d’un simple raffinement théorique mais correspond aussi à une réflexion sur les changements politiques favorisant la marchandisation de certaines choses restées en dehors des échanges ou la montée des inégalités entre les êtres. On peut penser aux rémunérations versées aux superstars du football, aux grands patrons, aux traders ou, encore, aux cotes atteintes par des œuvres d’art dans les enchères publiques, témoignant d’une forme de disproportion sinon de sentiments d’injustice ou d’évaluation arbitraire (Steiner 2011).

La théorie économique a proposé des modèles pour expliquer ces « super prix » ou plus précisément le fait que les rémunérations et les probabilités de réussite augmentent plus que proportionnellement avec le talent et la compétence, en faisant référence à une ultra sensibilité de la demande sur un nombre limité d’individus (Rosen 1981) ou suivant une logique de « winner-takes-all » ou d’avantages cumulatifs. Si ces modèles ont profondément remis en cause le cœur traditionnel de la théorie économique des prix, la notion de « valeur » est le plus souvent réduite à celle de « prix ». Plus généralement, la théorie de la valeur sous-jacente à ces modèles considère la valeur des biens suivant leur utilité intrinsèque pour chacun et donc de façon préalable à l’échange (Orléan 2011).

De son côté l’approche sociologique, à la suite en particulier des travaux de Simmel, met non seulement l’accent sur le fait que c’est de l’échange que les objets tirent leur valeur et non l’inverse, mais aussi, ne dissocie pas « valeur » et « prix ». Si la mesure monétaire a tendance à aplanir les différences de valeur, un prix très élevé provoquent l’effet contraire et rendent l’entité convoitée moins interchangeable et donc plus singulière. C’est dans ce sens que L. Karpik (2007), dans son ouvrage sur l’économie des singularités, explique la disproportion des prix au sommet de la hiérarchie des valeurs. Cette disproportion rappelle que toute volonté de classement et de hiérarchie ordonne en fait des entités incommensurables.

L’objet du séminaire n’est pas seulement de s’intéresser à l’économie de la disproportion des prix mais, plus généralement, de renouer avec les « théories de la valeur » en s’intéressant à la pluralité des modes d’évaluation des biens, aux mécanismes de la formation des prix sur divers marchés et aux différentes significations qu’ils ont pour leurs participants (Vatin 2009, Beckert et Aspers 2011). Comme l’avance O. Velthuis (2007), dans son ouvrage sur le marché de l’art contemporain, les prix ont suffisamment de consistance pour être considérés comme des symboles, et assez flexibles pour donner prise à différentes significations. Il met l’accent sur les processus de construction sociale de la valeur des objets d’art en référence aux conventions en œuvre dans les mondes de l’art. La méthodologie utilisée rejoint de ce point de vue l’approche de l’Economie des conventions sur la pluralité des modes de valorisation (Eymard-Duvernay 1989) ou des mondes de production (Salais et Storper 1993).

Mais, la particularité de cette approche est de travailler très explicitement ces « ordres de grandeur » suivant différentes philosophies politiques et façons de fonder le « bien commun » (Boltanski et Thévenot, 1991). Cette insistance sur la construction politique de la valeur est à relier avec les travaux anthropologiques d’A. Appadurai (1986) qui explore les conditions par lesquelles les objets économiques circulent dans différents « régimes de valeur » suivant l’espace et le temps. C’est ce qu’il désigne aussi comme des « politiques de la valeur » à la base de la création du lien entre échange et valeur. Ce type d’approche conduit à l’examen des carrières des personnes et des objets, suivant la variété des espaces de circulation et de valorisation qu’ils traversent, et à faire l’histoire des catégories de personnes et de choses, avec en particulier les enjeux autour de la définition des frontières. Un accent particulier est mis sur le rôle des « intermédiaires de marché » dans la définition de ces catégories et dans la définition des « conventions de valeur » sur différents types de marché (Bessy et Chauvin 2013). Il s’agit également de contribuer à une anthropologie des façons dont les choses peuvent être structuralement différenciées et hiérarchisées en vue de l’obtention d’un échange profitable (Boltanski et Esquerre, 2017) ou à une ethnographie des agencements marchands renouvelée aujourd’hui avec l’émergence des plateformes numériques (Callon, 2017) ou avec des épisodes de crise sanitaire créant des situations de pénurie ou d’accaparement.

Le séminaire donne lieu à des présentations de chercheurs du laboratoire IDHES et d’invités extérieurs. Il est ouvert aux doctorants et aux étudiants de master.

Organisé par Christian Bessy (IDHES ENS-Paris-Saclay) christian.bessy@ens-paris-saclay.fr

Séminaire Valeur prix et politique
9 juin 2022
Lire la suite »

Colloque Niklas Luhmann
17 juin 2022

Colloque Niklas Luhmann

INFORMATIONS

Le colloque Niklas Luhmann « Le droit d’une société fonctionnellement différenciée » aura lieu le 17 juin 2022 (9h-16h30) à l‘Université d’Évry Val d’Essonne dans l’amphithéâtre 150 (bâtiment Maupertuis).

Les inscriptions se font auprès de : ufrdsp@univ-evry.fr

PROGRAMME

La sociologie de Niklas Luhmann repose sur une thèse singulière : la spécificité de la modernité résiderait dans un processus de différenciation fonctionnelle de systèmes sociaux : politique, science, économie, religion, art, éducation, droit… Dans ce contexte, la différenciation fonctionnelle du droit s’expliquerait par une fonction sociale spécifique du système juridique. La modernité se traduirait en effet par une complexification et une déstabilisation radicale et brutale (dans les termes de Luhmann, une « catastrophe structurelle et sémantique »). Le droit moderne constituerait une réaction « immunitaire » de la société, suscitée par un besoin social de « re-stabilisation ». Comment le droit remplit-il sa fonction sociale ? L’œuvre de Luhmann propose des hypothèses stimulantes, qui éclairent le rôle social des institutions juridiques de la modernité : les droits fondamentaux, la séparation des pouvoirs, le contrôle juridictionnel, etc.

Contributions
  • « Quand un juriste devient sociologue », par Pierre Guibentif, Professeur de sociologie à l’Institut universitaire de Lisbonne (ISCTE-IUL), codirecteur de la MSH Paris-Saclay, auteur de Foucault, Luhmann, Habermas, Bourdieu : une génération repense le droit, Paris : LGDJ-Lextenso, 2010 ; en codirection avec André-Jean Arnaud, Niklas Luhmann observateur du droit, Paris : LGDJ, 1993.  

Niklas Luhmann (1927-1998) est aujourd’hui considéré comme le plus important représentant de la sociologie allemande de la seconde moitié du xxe siècle. Son œuvre connaît un rayonnement international. Juriste de formation, puis de profession une partie de sa vie, ses recherches relevèrent d’abord de la science administrative. La sociologie juridique occupe une part singulière dans son ambitieux projet d’une sociologie générale. La contribution s’attachera à présenter le parcours et la personnalité du sociologue.

  • « La société fonctionnellement différenciée », par Flavien Le Bouter, chargé d’enseignement à l’Albert-Ludwigs-Universität de Fribourg-en-Brigau, traducteur de Niklas Luhmann, La société de la société, Paris : Exils, 2021, et La réalité des médias de masse, Bienne-Paris : Diaphanes, 2013.

La sociologie juridique de Niklas Luhmann s’inscrit dans le contexte d’une sociologie générale. Le thème central de l’œuvre de Luhmann consiste dans l’hypothèse de l’originalité radicale de la société moderne. Par opposition aux sociétés qui la précèdent, segmentaires, structurées autour d’une différenciation centre/périphérie, ou stratifiées, la société contemporaine apparaîtrait, selon l’hypothèse du sociologue, comme fonctionnellement différenciée. La société globalisée serait ainsi structurée par des systèmes de communication opérant de façon distincte : politique, science, économie, religion, droit, art, éducation…

  • « Le droit comme système autopoïétique », par Lukas K. Sosoe, professeur de philosophie politique et juridique à l’Université du Luxembourg, traducteur de Niklas Luhmann, Le droit de la société, Québec : Presses de l’Université Laval, 2019, et Systèmes sociaux, Québec : Presses de l’Université Laval, 2011 ; auteur (direction) de Le droit – un système social. Law as a Social System. Un commentaire coopératif de Niklas Luhmann, Hildesheim : Georg Olms Verlag, 2015.

Luhmann décrit le droit comme un système social, structuré par un mode de communication spécifique, fondé sur le code linguistique légal/illégal. En termes de communication, le droit se distingue des autres sphères de communication de la société contemporaine, telles que la politique, la science, l’économie ou la religion. Le droit comme système social est caractérisé par sa clôture mais aussi par sa réflexivité. Pour remplir sa fonction, pour s’adapter à son environnement, le droit s’auto-observe, s’auto-décrit et s’auto-modifie. L’autonomisation communicationnelle du droit tend cependant à le couper des racines éthiques de la tradition.

  • « Une théorie sociologique de l’État de droit », par Martine Valois, professeur de droit à l’Université de Montréal, auteur de L’indépendance judiciaire. La justice entre droit et gouvernement, Montréal, Genève, Zurich, Bâle : Thémis/Schulthess, 2011 (prix Walter-Owen 2012, décerné par l’Association du Barreau canadien).

La théorie d’une société fonctionnellement différenciée et de la différenciation fonctionnelle du droit explique plusieurs traits de l’État de droit contemporain. La séparation des pouvoirs n’est pas seulement l’effet de la démocratie, mais surtout la conséquence d’une complexification sociale qui exige de différencier la conception des normes de leur exécution. De même, l’autonomie juridictionnelle s’explique par la différenciation du droit vis-à-vis de la politique. De même encore les droits fondamentaux apparaissent-ils comme un mécanisme de stabilisation de la différenciation sociale fonctionnelle. C’est ainsi que la théorie de Luhmann comporte une explication sociologique de l’émergence de l’État de droit dans la société moderne.

  • « Structure logique et fonction sociale du droit », par Hugues Rabault, professeur de droit public à l’Université Paris-Saclay, auteur d’Un monde sans réalité ? En compagnie de Niklas Luhmann : épistémologie, politique et droit, Québec : Presses de l’Université Laval, 2012.

Selon la sociologie juridique de Niklas Luhmann, la spécificité communicationnelle du droit, sa particularité sémantique, consisterait dans sa structure linguistique. Le droit est largement structuré par ce que Luhmann analyse comme une « programmation conditionnelle ». Cette programmation conditionnelle, qui prédétermine le contenu des solutions juridiques, repose sur le recours à des formes logiques. Le tournant de la modernité a accentué l’importance de la contrainte logique dans le droit. La contribution établira le lien entre la structure logique du droit et sa fonction de stabilisation sociale dans une société déstabilisée par la modernité. C’est ainsi que seront dégagés les enjeux pratiques de la sociologie juridique de Niklas Luhmann.

Retrouvez le programme de la journée ici.

Colloque Niklas Luhmann
17 juin 2022
Lire la suite »

Séminaire « Genre Et Monde Carcéral » 6e Séance
10 juin 2022

Séminaire « Genre Et Monde Carcéral » 6e Séance

INFORMATIONS

La 6e séance de la saison 2021-2022 du séminaire « Genre et monde carcéral », soutenu par la MSH Paris-Saclay, aura lieu le 10 juin 2022 de 11h30 à 16h30 sur le thème :

Catégories pénales et pénitentiaires : critiques féministes

Cet événement aura lieu en format hybride :

  • En présentiel à l’ENS Paris-Saclay dans la salle 3G07, 4 Avenue des Sciences, 91190 Gif-sur-Yvette

  • En distanciel via un lien Zoom

PROGRAMME

  • Olivia Nederlandt, Professeure de droit pénal et de procédures pénale, Université Saint-Louis Bruxelles – Les normes pénitentiaires à l’épreuve du genre : étude de la situation des prisons belges
  • Charlotte Fischer, Anthropologue, Doctorante, Université de Toulouse-Jean Jaurès – Les violences conjugales en audience correctionnelle : l’ambiguïté des discours sur le genre
  • Chloé Constant, Professeur chercheure à la FLACSO (Facultad Latinoamericana de Ciencias Sociales) – Les apports des féminismes des Suds aux études sur la prison et le genre : panorama depuis les Amériques

Retrouvez l’intégralité du programme de la saison ici.

Résumé

Cette sixième séance du séminaire portera sur la manière dont les discours sur les violences de genre façonnent la fabrique pénale. En s’appuyant sur l’étude du droit pénitentiaire belge et sur l’ethnographie de prisons bruxelloises, Olivia Nederlandt montrera, dans une première intervention, comment l’absence de textes juridiques clairs aboutit à des pratiques diversifiées d’inclusion des personnes trans ou non-binaires d’un établissement à l’autre. L’analyse des traitements des groupes minorisés en prison permettra d’interroger les différents registres par lesquels les acteurs et actrices pénitentiaires justifient de tel ou tel placement dans les prisons d’hommes ou de femmes ou mixtes. Ensuite, à partir d’une enquête en cours réalisée dans le cadre de son doctorat, Charlotte Fischer proposera une réflexion sur les nouvelles pratiques judiciaires dans les affaires de violences conjugales. À partir de l’analyse des discours portant sur les violences conjugales et de leurs traitements au moment des audiences correctionnelles, elle en soulignera les ambiguïtés. Enfin, Chloé Constant, dans une troisième intervention, proposera de retracer les apports des féminismes des Suds, en particulier le féminisme noir et le féminisme postcolonial, aux études sur la prison comprise au prisme du genre. Elle fera également l’état des lieux des études mexicaines sur les femmes incarcérées en s’interrogeant sur les apports des études qui articulent identités et sexualités.

INSCRIPTION

Séminaire « Genre Et Monde Carcéral » 6e Séance
10 juin 2022
Lire la suite »

Retour en haut