ACTES n° 12 : Contribution de Léna Soler
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par Léna Soler
Dans Les multiples dimensions de l’Homme et de la Connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles, p. 57-85.
DOI : https://doi.org/10.52983/DKXB9338
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SOLER Léna, 2024. « “La” nature de la science ? Réflexions sur les présupposés monistes et inévitabilistes inhérents aux conceptions et pratiques de la science dans notre monde », in Laurence Maurines & José-Luis Wolfs (dir.), Les multiples dimensions de l’Homme et de la connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles. Journées d’étude (MSH Paris-Saclay, 21 et 22 janvier 2021), Gif-sur-Yvette, MSH Paris-Saclay Éditions, Université Paris-Saclay, p. 57-85. Mis en ligne le 06/06/2024. DOI : https://doi.org/10.52983/DKXB9338
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par Sabine Rabourdin
Dans Les multiples dimensions de l’Homme et de la Connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles, p. 29-56.
DOI : https://doi.org/10.52983/JHDK6206
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RABOURDIN Sabine, 2024. « La subjectivité culturelle dans l’interprétation de la physique quantique. Une comparaison des physiciens indiens et français », in Laurence Maurines & José-Luis Wolfs (dir.), Les multiples dimensions de l’Homme et de la connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles. Journées d’étude (MSH Paris-Saclay, 21 et 22 janvier 2021), Gif-sur-Yvette, MSH Paris-Saclay Éditions, Université Paris-Saclay, p. 29-56. Mis en ligne le 06/06/2024. DOI : https://doi.org/10.52983/JHDK6206
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par Laurence Maurines & José-Luis Wolfs
Dans Les multiples dimensions de l’Homme et de la Connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles, p. 7-28.
DOI : https://doi.org/10.52983/RLAL3605
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MAURINES Laurence & WOLFS José-Luis, 2024. « Introduction. Scientifiques, sciences et frontières de la science par rapport à d’autres pratiques culturelles : regards croisés et caractérisations », in Laurence Maurines & José-Luis Wolfs (dir.), Les multiples dimensions de l’Homme et de la connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles. Journées d’étude (MSH Paris-Saclay, 21 et 22 janvier 2021), Gif-sur-Yvette, MSH Paris-Saclay Éditions, Université Paris-Saclay, p. 7-28. Mis en ligne le 06/06/2024. DOI : https://doi.org/10.52983/RLAL3605
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Le numéro 14 (2024/1) de Biens symboliques / Symbolic Goods, revue accompagnée par la MSH Paris-Saclay, vient de paraître !
Le numéro 14 (2024/1) de Biens symboliques / Symbolic Goods est constitué de cinq articles Varia, en français et en anglais, d’un entretien autour des sciences de l’éducation en rubrique « Transmettre » et d‘une recension croisée de deux ouvrages sur le « punk ».
Ce numéro est disponible en version numérique (en accès ouvert immédiat) sur OpenEdition Journals.
Parution – Numéro 14 de Biens symboliques / Symbolic Goods : Varia Lire la suite »
Sous la direction de Laurence Maurines & José-Luis Wolfs
Éditeur : MSH Paris-Saclay Éditions, Université Paris-Saclay
Lieu d’édition : Gif-sur-Yvette
Année d’édition : 2024
Nombre de pages : 232 p.
ISBN : 978-2-9590898-1-7
Collection : Actes
Numéro dans la collection : 12
ISSN : 2800-7891
DOI : https://doi.org/10.52983/ZJBJ3579
Publication en ligne : 06/06/2024
Pour télécharger le résumé à destination du grand public/non-spécialiste.
À un moment où nombre de défis que le monde contemporain doit relever nécessitent un regain d’intérêt pour les métiers scientifiques (en particulier chez les filles) et l’acquisition par tout citoyen d’une culture scientifique qui lui permette de penser et d’agir dans des contextes variés pouvant mettre en jeu des questions socio-scientifiques ou liées à la diversité culturelle, ce livre aide à comprendre ce qui caractérise la/les science(s) et à en saisir la spécificité.
La thématique centrale, celle des sciences et de leurs frontières par rapport à d’autres pratiques culturelles, est approchée en considérant la science comme pratiques de communautés et en mettant au cœur du questionnement le scientifique, considéré comme une personne multidimensionnelle (avec ses connaissances, émotions, croyances, pratiques culturelles…) et non comme un individu générique.
Sont explorées dans cet ouvrage des questions portant sur ce qui caractérise la/les science(s), sur ce qui la/les distingue ou au contraire la/les rapproche d’autres pratiques – culture(s), art(s) et religion(s) –, ainsi que sur les scientifiques et leur engagement dans chaque pratique, sur les représentations de la/des science(s) par les élèves et étudiants.
Les auteurs réunis ici offrent une multiplicité d’angles d’approche (philosophie, histoire, sociologie, psychologie, anthropologie, sciences de l’éducation et didactique des sciences) sur les sciences et leur enseignement, les arts, les religions. Ils souhaitent aider à « (re)mettre la science en culture », à redonner « de l’épaisseur » aux savoirs scientifiques dans l’enseignement, la formation et leur diffusion, à déconstruire les représentations stéréotypiques de la/des science(s) et des scientifiques, ainsi qu’à dissocier ce qui relève de la personne de ce qui concerne chaque domaine de connaissance et/ou pratique. Ils proposent quelques pistes aux enseignants pour aider les élèves à saisir les caractéristiques des sciences, ainsi que l’existence de régimes de vérité différents.
MAURINES Laurence & WOLFS josé-Luis (dir.), 2024. Les multiples dimensions de l’Homme et de la connaissance. Questions épistémologiques, éducatives et culturelles. Journées d’étude (MSH Paris-Saclay, 21 et 22 janvier 2021), Gif-sur-Yvette, MSH Paris-Saclay Éditions, Université Paris-Saclay. Mis en ligne le 06/06/2024. DOI : https://doi.org/10.52983/ZJBJ3579
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Merci de nous adresser une demande d’exemplaire gratuit via le formulaire ci-dessous.
Le 18 Mars 2024 à 11h00, à l’UVSQ, Bâtiment d’Alembert, Salle A316, 5 Boulevard d’Alembert, 78280 Guyancourt.
Chercheur.euse.s, ingénieur.e.s, doctorant.e.s,
Un café pour échanger autour des questions de données – qualitatives et quantitatives – de la recherche en SHS,
Organisé par le Pôle plateformes de la MSH Paris-Saclay (UAR du CNRS) :
Margaux Nguyen Ngoc Minh, ingénieure Plateforme Humanités Numériques (mnguyenn@ens-paris-saclay.fr)
Shueh-Ying Liao, ingénieur Plateforme Universitaire de Données (sliao@ens-paris-saclay.fr)
Inscription sur : https://framaforms.org/qafe-data-1708003372
Graphiste : Thierry CAYATTE
Le numéro 116 (2024/1) de Droit et Société, revue accompagnée par la MSH Paris-Saclay, vient de paraître !
Numéro coordonné par Diane Bernard, Marie-Sophie Devresse et Olivia Nederlandt
Le numéro 116 (2024/1) de Droit et Société est constitué d’un dossier thématique intitulé « Mixité de genre en institutions », de trois articles en rubrique « Études » et d’un texte sur l’héritage juridique des Jeux olympiques de Paris 2024 en rubrique « Question en débat ».
Ce numéro est disponible en version papier auprès des Éditions Lextenso et en version numérique (en accès ouvert immédiat) sur le portail Cairn.
Parution – Numéro 116 de Droit et Société : Mixité de genre en institutions Lire la suite »
À l’occasion de la trentième commémoration du génocide des Tutsi au Rwanda, le réseau international de recherche RwandaMAP et la Contemporaine, bibliothèque, archives, musée des mondes contemporains, présentent l’exposition itinérante “Rwanda 1994 : traces du génocide des Tutsi” du 14 mai au 12 juillet à la Contemporaine, avec le soutien de l’Institut français du Rwanda, de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah et de la Maison des sciences de l’homme Paris Saclay.
Construite à partir des collections de la Contemporaine et enrichie d’archives publiques et privées, l’exposition propose de revisiter les principales dimensions du génocide à partir de matériaux inédits ou peu connus, qu’il s’agisse d’archives, de collections de presse, d’objets divers ou de témoignages.
L’exposition met en perspective trente ans de recherches et de débats scientifiues tout en interrogeant la valeur patrimoniale et documentaire des traces du génocide des Tutsi. Elle donne également aux visiteurs l’occasion de questionner les méthodes d’écriture de l’histoire du temps présent. Présentant un ensemble de cent cinquante documents reproduits, parfois inédits, l’exposition trilingue — français, kinyarwanda, anglais — a pour vocation de circuler dans plusieurs villes du Rwanda (Kigali, Huye, Musanze).
Dans le prolongement de l’exposition, le numéro de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps, édité par l’association des amis de la Contemporaine, est consacré au génocide des Tutsi. Coordonné par les commissaires de l’exposition, Rémi Korman et François Robinet, il réunira les contributions de chercheurs francophones et anglophones, notamment rwandais. Un ensemble de rencontres est également programmé pendant la durée de l’exposition, dont l’adaptation d’Une saison de machettes par Dominique Lurcel le 14 mai à la maison de l’étudiant de l’Université Paris Nanterre.
Commissaires de l’exposition : Rémi Korman (Université catholique de l’Ouest) et François Robinet (Université de Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines).
Scénographie, graphisme : Atelier Ping Pong.
Vendredi 24 mai
Journée d’étude scientifique : « Enquête sur le génocide des Tutsi : entre archives et terrain »
La Contemporaine, salle n°3
9h30 : accueil
10h00 : mot d’accueil par Xavier Sené (Directeur de la Contemporaine)
Présentation scientifique de la journée par Rémi Korman (CHUS / UCO) et François Robinet (CHCSC / UVSQ)
10h15 – 11h45 : table ronde 1
Faire du terrain : évolutions, pratiques, enjeux de traduction
Modération : Magnifique Neza (Cespra / EHESS) et François Robinet (CHCSC / UVSQ)Violaine Baraduc (Imaf / EHESS) : « L’enquête et son contrechamp. Le binôme chercheur·se-traducteur·rice »Rémi Korman (CHUS / UCO) : « Les mots de l’histoire et de la mémoire du génocide des Tutsi au Rwanda »Louis Laurent (Cespra / EHESS) : « Parler du génocide des Tutsi à la paroisse Sainte-Famille avec les génocidaires. Entre disponibilité, réinsertion, déni, dissimulation et prudence. »
11h45 – 12h30 : visite de l’exposition « Rwanda 1994. Traces du génocide des Tutsi »
12h30-13h30 : déjeuner
13h30 – 15h15 : table ronde 2
Enquêter sur le génocide des Tutsi : accès, usages, préservation des archives
Modération : Marcel Kabanda (IBUKA) et Florence Rasmont (MMC / ULB)
Karen Taieb (Mémorial de la Shoah) et Luce Mourand (EHESS) : « Les archives du génocide des Tutsis au Mémorial de la Shoah : état des lieux et perspectives ? »
Philibert Gakwenzire (Université du Rwanda) : « Etudier le génocide des Tutsi à partir des archives de la Commune du Rwanda »
Timothée Brunet-Lefèvre (Cespra / EHESS) : « Les procès du génocide des Tutsi en France et ses archives : des sources pour quelle(s) histoire(s) ? »
15h30 – 17h00 : workshop – questions de recherche
Samedi 25 mai
10h30 – la Contemporaine
Rencontre autour des ouvrages Tout les oblige à mourir (CNRS éditions, 2024) de Violaine Baraduc, Le Choc (Galllimard, 2024) et du dossier scientifique « Rwanda 1994 : Archives, mémoires, héritages » de la revue Matériaux pour l’histoire de notre temps (la Contemporaine, 2024).
Une table-ronde modérée par François Robinet en présence de Violaine Baraduc, Samuel Kuhn et Florence Rasmont.
Stéphane Audoin-Rouzeau, Annette Becker, Samuel Kuhn, Jean-Philippe Schreiber (dir.), Le Choc. Rwanda 1994: le génocide des Tutsi, Paris, Gallimard, 2024.
Violaine Baraduc, Tout les oblige à mourir. L’infanticide génocidaire au Rwanda en 1994, Paris, CNRS éditions, 2024.
Rémi Korman, François Robinet (coord.), « Rwanda 1994 : Archives, mémoires, héritages », in Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2024/1, n°151-152, la Contemporaine, 2024.
11h45 – la Contemporaine
Visite guidée de l’exposition « Rwanda 1994. Traces du génocide des Tutsi » par les commissaires Rémi Korman et François Robinet
13h30 – Auditorium Max Weber – Université Paris-Nanterre
Discussion avec Bruce Clarke, artiste plasticien et photographe britannique d’origine sud-africaine. Modération : Rémi Korman.
Bruce Clarke travaille sur des projets artistiques et mémoriels en relation avec le génocide des Tutsi. Il est notamment le créateur du « Jardin de la mémoire », qui s’étend sur 3 hectares dans le district de Kicukiro, au sud de Kigali. En 2014, Bruce Clarke a peint les « Hommes debout », ces silhouettes d’hommes, de femmes et d’enfants, représentées au Rwanda sur les lieux de commémorations. En 2024, il continue son œuvre avec les « Femmes debout », ainsi qu’une exposition au Camp des milles (Vies d’après).
15h – Auditorium Max Weber – Université Paris-Nanterre
Projection-débat : Rwanda, les collines parlent (Belgique, 2005, 50 min) de Bernard Bellefroid
En présence du réalisateur.
Onze ans après le génocide, ce film accompagne survivants et bourreaux avant et après les premiers procès populaires Gacaca où ils se retrouvent face à face. Il y a Obede, accusé d’avoir tué des enfants et dont la demande de pardon n’est qu’une stratégie cynique pour être libéré. Il y a Gahutu, qui n’a « aucun remords » et qui, face à ses juges, parlent toujours de « serpents » pour parler de ceux qu’on exterminait. Enfin il y a François, obligé de tuer son propre frère pour pouvoir survivre et qui tente aujourd’hui de se réconcilier avec sa belle-sœur. À travers ces trois histoires, le film tisse un portrait d’une société en guerre contre l’idéologie toujours présente du génocide.
Entrée libre
Lieu :
La Contemporaine
Université Paris Nanterre
184 cours Nicole Dreyfus
92 000 NANTERRE
Accès : Nanterre Université, RER A ou ligne L
Dates et horaires :
Entrée libre et gratuite
La revue terrains & travaux, accompagnée par la MSH Paris-Saclay, lance un appel à contributions pour son dossier thématique : « Les ancrages sociaux de la grève ».
Date de clôture de l’appel : 31 janvier 2025
Télécharger ici l’appel au format PDF
L’actualité sociale de ces dernières années a été marquée par de nombreux conflits sociaux de grande ampleur. Ces luttes se sont déployées aussi bien à l’échelle interprofessionnelle (grèves contre la Loi Travail en 2016 et contre la réforme des retraites en 2019 et 2023) qu’à celle des entreprises (grève des cheminot·e·s en 2018, grèves de postier·e·s, grèves pour les salaires face à l’inflation). Elles ne sont pas cantonnées à la France puisqu’on les retrouve dans des pays aussi variés que les États-Unis, le Bangladesh ou l’Argentine, où le droit du travail et/ou l’organisation de la défense des salarié·e·s connaissent ou ont connu des politiques intenses de répression ou de domestication. À l’image du dernier mouvement de protestation contre la réforme des retraites, les grèves suscitent aussi de grands élans de solidarité, réactivant l’idée de « grèves par procuration ». De plus, ces mobilisations se sont parfois déployées en dehors des « bastions traditionnels » du mouvement ouvrier, à l’image des grèves des femmes de chambre, des ouvrier·e·s du secteur logistique, des livreurs·euses « ubérisé·e·s », des travailleurs·euses sans-papiers de la restauration ou de la construction. Enfin, la mobilisation de l’imaginaire de la grève autour d’objets hétérogènes et de plus en plus éloignés du champ des relations professionnelles instituées, par les mouvements féministes (grève des femmes contre les inégalités de salaires ou le travail domestique) et écologiques (grèves contre l’inaction climatique des gouvernements), témoigne a minima d’une certaine revitalisation politique et symbolique de cette modalité d’action. Ces réappropriations questionnent d’autant plus ce qui « fait grève » que, dans le même temps, certains syndicats ont au contraire tendance à recourir à des formes d’euphémisation ou de périphrase (« mettre le pays à l’arrêt », « tout bloquer »…).
Si elle n’a pas disparu, la grève apparaît cependant moins au cœur du répertoire d’action syndical qu’elle ne l’était auparavant. Les possibilités de recours à la grève et les modalités de ses usages se reconfigurent tout d’abord sous l’effet de l’institutionnalisation croissante du syndicalisme et de l’évolution du profil militant de ses représentants. Dans le même temps, elles se transforment à l’épreuve des nouvelles contraintes économiques, légales et idéologiques qui caractérisent le capitalisme contemporain. La diffusion du crédit à la consommation, la diminution du « reste à vivre » et plus récemment la poussée inflationniste, reposent par exemple la question du coût matériel et financier de la pratique gréviste pour un salariat précarisé. Dans le même temps, les restructurations du système productif, l’éclatement des collectifs de travail, l’affaiblissement des organisations syndicales et le durcissement des dispositifs légaux (restriction du droit de grève dans le privé, « service minimum » dans le public) ont contribué à la diminution de l’intensité des grèves dans les économies occidentales. En France, par exemple, les grèves sont tendanciellement moins massives, plus souvent défensives et concentrées sur quelques secteurs (la fonction publique, les anciennes entreprises publiques de transport, quelques grandes entreprises de l’industrie). Si le grand conflit social contre la réforme des retraites en 2023 a témoigné du maintien d’une réelle capacité de mobilisation des organisations syndicales, il a cependant illustré leurs difficultés à faire de la grève la modalité centrale de la protestation. À cette occasion, des modalités d’action traditionnelles, comme les piquets de grève ou les assemblées générales, ont aussi semblé montrer une forme (temporaire ?) d’épuisement.
Cette double dynamique est donc paradoxale. Elle nous invite à étudier conjointement la continuité du répertoire d’action syndicale et le renouvellement des possibilités de la grève et de ses pratiques. Dans cette perspective, ce dossier se propose d’étudier les modalités d’ancrage social de la pratique de la grève. Son objectif est d’analyser ensemble celles et ceux qui font grève dans un contexte où ils et elles sont de plus en plus minoritaires à le faire, les soutiens que les grèves coalisent comme les contre-mobilisations qu’elles peuvent susciter, avec l’ambition de contribuer à mieux rendre compte des obstacles à la grève, de ses conditions de possibilité et des modalités renouvelées d’appropriation de la pratique gréviste. Pour cela, trois angles seront privilégiés.
1. Les conditions d’(im)possibilité des grèves
Ce dossier a d’abord pour ambition d’explorer les contextes sociaux de la grève.
Les données statistiques relatives aux grèves mettent en évidence leur distribution très inégale dans le monde salarial. Celle-ci est à mettre évidemment en perspective avec la variété des modalités de la présence syndicale, des configurations de rapports salariaux et des modes de structuration des collectifs de travail, plus souvent disloqués que par le passé (diversification des statuts d’emploi, dispersion des lieux de travail, développement des horaires atypiques et du télétravail, etc.). Elle nécessite néanmoins de mieux documenter les stratégies patronales d’évitement des grèves ou de contournement des tentatives de mobilisation syndicale, allant parfois jusqu’à susciter des contre-mobilisations. Dans une perspective complémentaire, il est nécessaire de mieux analyser les frontières sociales et politiques de la pratique de la grève, en lien avec la transformation de la morphologie du salariat et de ses modes de politisation. Que nous dit en effet la pratique socialement située de la grève sur l’évolution et la diversité du rapport des salarié·es à ce mode emblématique de mobilisation professionnelle ? Dans un contexte marqué par la tertiarisation de l’économie, on pourra tout autant se demander dans quelle mesure et de quelle manière les organisations syndicales adaptent en conséquence leurs façons de faire usage de la grève, que les salarié·es soient empêché·es de cesser le travail (par exemple dans le secteur de la santé), qu’ils et elles se l’interdisent (notamment pour ne pas pénaliser des usagers), ou que la grève leur apparaisse trop coûteuse, voire inutile. Ce dossier invite ce faisant à penser ensemble les obstacles à la diffusion de la pratique gréviste et la diversité de ses modalités d’appropriation possibles, notamment dans des contextes où elle est rare. Il propose également de mettre en perspective le déclin de l’intensité des grèves, observé dans le contexte occidental, avec le redéploiement des grèves dans les Suds, que les nouvelles formes de division internationale du travail ont rendu possible.
2. Faire grève
Ce dossier entend ensuite explorer les pratiques contemporaines de la grève.
La dislocation des grandes concentrations ouvrières, qui facilitaient le recours à la grève et la rendaient visible par son caractère massif, n’a pas seulement remis en cause l’importance stratégique généralement attribuée aux grèves dans la conflictualité salariale. Les transformations du mode de production capitaliste ont aussi contribué à l’atomisation des conflits du travail et à modifier les modalités possibles de leur organisation et de leur déroulement. Dans le même temps, des débrayages ont lieu dans les nouveaux « goulots d’étranglement » du capitalisme que sont les entrepôts logistiques, et des mouvements collectifs de déconnexion volontaire s’organisent parmi les travailleur·euses ubérisé·es. Comment se réinventent donc les stratégies de la grève et les modalités du répertoire d’action gréviste en dehors des « bastions traditionnels » ? Assiste-t-on à l’émergence de nouveaux « foyers » grévistes, porteurs d’un renouvellement des pratiques ? À l’image des grèves de l’hôtel Ibis ou de l’usine Verbaudet, certains conflits récents interrogent également l’articulation des identités de classe, de genre et de race. Plus largement, comment se différencient les manières de faire grève selon que l’on est cadre, ouvrier·e métallurgiste, cheminot·e, femme de chambre ou livreur·euse ? Quelles acceptions la pratique de la grève prend-t-elle dans un contexte d’institutionnalisation du syndicalisme et d’autonomisation par rapport au champ politique ? Pour en rendre compte, l’analyse de son ancrage dans d’autres contextes nationaux que la France, héritiers de modèles syndicaux différents ou en leur absence totale, apparaît particulièrement bienvenue. Des mises en perspective historiques des pratiques grévistes pourraient également se révéler éclairantes pour mieux comprendre les appropriations différenciées de la grève qu’on observe aujourd’hui.
3. La grève : un prolongement des solidarités extérieures aux entreprises ?
En sciences sociales, la pratique gréviste a le plus souvent été abordée comme une relation triangulaire impliquant les salarié·es, leurs organisations syndicales et les directions d’entreprise, comme si les relations professionnelles étaient un champ autonome et entièrement désencastré des autres rapports sociaux. Les grèves et le soutien dont elles peuvent bénéficier sont pourtant fortement déterminés par leur inscription dans des configurations sociales qui débordent le lieu de travail : c’est pourquoi il est nécessaire de les aborder de manière décloisonnée. Il s’agira donc ici de se pencher sur les différents soutiens extérieurs à la grève, en interrogeant les pratiques et le sens de la solidarité ouvrière, mais aussi des solidarités familiales, communautaires ou organisationnelles. En mobilisant les apports de la sociologie urbaine et de la géographie sociale, il serait intéressant d’éclairer les ancrages territoriaux de la pratique gréviste. Enfin, si ces solidarités diverses peuvent contribuer à rendre la grève possible ou lui permettre de durer, elles peuvent également conduire à certaines pratiques délégataires de l’arrêt de travail. Ainsi, les soutiens extérieurs ont parfois permis le succès de certaines luttes selon une logique de « grève par procuration », mais ils ont aussi pu marquer une délimitation entre les salarié·es encore en capacité de faire grève et ceux qui ne pourraient que les soutenir, et conduire alors à isoler les « bastions » des grèves. D’ailleurs, certains blocages récents (d’incinérateurs ou de dépôts d’éboueurs) questionnent aussi la manière dont l’action de ces soutiens extérieurs s’articule à celle des salariés mobilisés : vient-elle en renfort à la grève des salariés ou tend-elle à s’y substituer ? Que nous disent ces différentes formes de « grève par procuration » sur le conflit social aujourd’hui ? De quelle manière la solidarité avec les grévistes refaçonne-t-elle la division du travail militant ? Contribue-t-elle à l’élargissement des pratiques canoniques de la grève, ou manifeste-t-elle au contraire une autre forme de son épuisement ?
Ce dossier réunira des articles empiriques originaux de sciences sociales (sociologie, science politique, histoire, géographie, sciences de gestion, économie, etc.). Les études de cas internationaux seront aussi les bienvenues.
[Illustration : Miguel Ausejo sur Unsplash]
Ils devront parvenir aux coordinateur·rices du numéro avant le 31 janvier 2025 aux adresses suivantes :
Les consignes relatives à la mise en forme des manuscrits sont consultables sur le site de la revue : http://tt.hypotheses.org/consignes-aux-contributeurs/mise-en-forme
terrains & travaux accueille par ailleurs des articles varia, hors dossier thématique (50 000 signes maximum), qui doivent être envoyés à :
Appel à contributions pour terrains & travaux : Les ancrages sociaux de la grève Lire la suite »
Le numéro 114-115 (2023/2-3) de Droit et Société, revue accompagnée par la MSH Paris-Saclay, vient de paraître !
Numéro coordonné par Baudouin Dupret et Liora Israël
Le numéro 114-115 (2023/2-2) de Droit et Société est constitué d’un dossier thématique intitulé « Droit en contexte autoritaire », de deux textes en rubrique « À propos » – l’un sur Les Récits judiciaires de l’Europe, l’autre sur un ensemble de parutions récentes autour de la notion d’État de droit –, de trois articles en rubrique « Études » et d’un texte inédit du juriste colombien Felipe Clavijo-Ospina traduit de l’espagnol.
Ce numéro est disponible en version papier auprès des Éditions Lextenso et en version numérique sur le portail Cairn.
Numéro 114-115 de Droit et Société : Droit en contexte autoritaire Lire la suite »