La présentation de chaque numéro est accompagnée d’un résumé à destination du grand public/non-spécialiste, ainsi que de mots-clés.
Pour obtenir plus d’informations sur chaque numéro, télécharger le PDF ou accéder au formulaire de demande d’exemplaire papier, cliquez sur le titre ou le visuel de couverture du numéro concerné.
Sous la direction de Laurence Maurines et José-Luis Wolfs
Juin 2024
À un moment où nombre des défis que le monde contemporain doit relever nécessitent un regain d’intérêt pour les métiers scientifiques (en particulier chez les filles) et l’acquisition par tout citoyen d’une culture scientifique qui lui permette de penser et d’agir dans des contextes variés pouvant mettre en jeu des questions socio-scientifiques ou liées à la diversité culturelle, ce livre aide à comprendre ce qui caractérise la/les science(s) et à en saisir les spécificités. La thématique centrale, celle des sciences et de leurs frontières par rapport à d’autres pratiques culturelles, est abordée en considérant la science comme pratiques de communautés et en mettant au cœur du questionnement le scientifique, considéré comme une personne multidimensionnelle (avec ses connaissances, émotions, croyances, pratiques culturelles…) et non comme un individu générique. Sont explorées dans cet ouvrage des questions portant sur ce qui caractérise les sciences, sur ce qui les distingue ou au contraire les rapproche d’autres pratiques – culture(s), art(s) et religion(s) –, ainsi que sur les scientifiques et leur engagement dans chaque pratique, sur les représentations de la/des science(s) par les élèves et étudiants. Les auteurs réunis ici offrent une multiplicité d’angles d’approche (philosophie, histoire, sociologie, psychologie, anthropologie, sciences de l’éducation et didactique des sciences). Ils souhaitent aider à « (re)mettre la science en culture », à redonner « de l’épaisseur » aux savoirs scientifiques dans l’enseignement, la formation et leur diffusion, à déconstruire les représentations stéréotypiques de la/des science(s) et des scientifiques, ainsi qu’à dissocier ce qui relève de la personne de ce qui concerne chaque domaine de connaissance et/ou pratique. Au travers de ce livre, la science se révèle plurielle, conduite par des êtres humains formés dans une culture donnée, fondée sur des raisonnements sur les faits et sur un arrière-plan de croyances imprégné de monisme. Les scientifiques apparaissent eux aussi pluriels, diversement attachés aux valeurs qui imprègnent les pratiques épistémiques de leur communauté et nourris de croyances, vivant des moments de perception esthétique et/ou créative comme dans leur vie quotidienne, enrichis par les interactions avec d’autres pratiques, entre autres artistiques. Les chercheurs sont invités à la vigilance sur leurs propres présupposés. Les enseignants de sciences sont quant à eux amenés à penser les raisonnements sur les faits comme transcendant la frontière entre raisonnements scientifiques et vie quotidienne, à faire appel à des approches pédagogiques mobilisées dans des domaines communément appréhendés comme opposés aux sciences, telles que celles proposées dans les écoles d’art, et à développer la place accordée à la réflexion épistémologique en classe de sciences.
Mots-clés : éducation – sciences – religions – arts – frontières – épistémologie
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Sous la direction de Armel Dubois-Nayt et Réjane Hamus-Vallée
Décembre 2023
En 2017, l’affaire Weinstein marque une rupture de sensibilité sur la question du harcèlement sexuel à travers une libération de la parole des femmes devant les violences qu’elles subissent. Mais pour établir la singularité de l’ère post-Weinstein, il apparaît nécessaire de considérer le harcèlement sexuel comme un phénomène historique ayant connu des occurrences antérieures à la post-modernité. Telle est la dynamique générale du projet AVISA dans lequel s’inscrit ce premier ouvrage, qui part du constat que l’histoire du harcèlement sexuel reste à faire.
Le terme même semble surtout mis en lumière depuis la fin du XXe siècle, au gré des lois s’adaptant peu à peu aux évolutions apparentes de la société. Cependant, les comportements très suggestifs tels que les définit l’Organisation des nations unies (ONU) Femmes, « impliquant des contacts physiques non consensuels, des attouchements, pincements, frottements à connotation sexuelle contre le corps d’une autre personne [ou des] comportements non directement physiques, comme des sifflets, des commentaires de caractère sexuel sur le corps ou l’apparence d’une personne, à des demandes de faveurs sexuelles, des regards soutenus et des fixations sur toute autre personne, le fait de la suivre ou de la guetter, ou encore à des actes d’exhibitionnisme », ne sont pas nouveaux et se retrouvent dans de nombreux documents. Les nouvelles, poèmes, peintures, films, archives pénales, etc. regorgent de ce type de situations, souvent banalisées, invisibilisées en dépit de la présence même de refus clairs des femmes les subissant, voire de stratégies pour les éviter et leur résister. Comment rendre compte du « harcèlement sexuel », qui n’est d’ailleurs pas tout à fait la même chose que le droit de cuissage, quand il n’existe pas de terme usité à l’époque étudiée pour le nommer, sans risquer de tomber dans une forme d’anachronisme ?
Pour répondre à cette question, ces actes comportent des contributions de disciplines différentes (histoire, littérature, sociologie, études cinématographiques…), qui se basent sur une diversité de supports (archives, nouvelles, manuels, procès, films…), de périodes (du XIVe au XXIe siècle) et de zones géographiques (France, Italie, Angleterre, États-Unis…). Cette approche comparatiste met à jour des schémas récurrents, que ce soit dans les relations entre genres et classes, dans les stratégies des femmes (et des hommes), dans les conséquences pour les victimes. Les contributions se répondent, se croisent et s’enrichissent mutuellement pour mieux cerner les contours de cette histoire qui n’est ici qu’esquissée. Voir comment le harcèlement sexuel est représenté et évoqué avant Weinstein permet de mieux comprendre la nature et les mécanismes d’une expression de la domination masculine à travers les siècles.
Mots-clés : harcèlement sexuel – histoire – cinéma – littérature – représentation
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Sous la direction de Alexia Kalantzis, Hélène Védrine et Norbert Verdier
Septembre 2023
Cet ouvrage présente des articles issus d’interventions lors du séminaire PéLiAS (Périodiques, Littérature, Arts, Sciences) consacré à l’étude des revues des XIXe et XXe siècles dans une perspective pluridisciplinaire. En s’intéressant à cet objet d’étude riche, complexe et varié, le séminaire s’attache à montrer la convergence des périodiques scientifiques, professionnels, artistiques ou littéraires dans leur stratégie éditoriale, leur dimension intellectuelle et leur esthétique. Un dialogue s’établit entre les revues, au-delà des catégories traditionnelles qui opposent les différentes disciplines et formats. Les revues apparaissent comme des instruments privilégiés de médiation, jouant un rôle essentiel dans le processus de vulgarisation à l’œuvre au sein du système médiatique qui se met en place à partir du XIXe siècle. En tant que construction sociale, matérielle et entrepreneuriale, elles font par ailleurs intervenir de multiples acteurs dans leurs interactions avec les milieux socio-culturels et le monde professionnel, créant un réseau dynamique et complexe autour d’écrivains, hommes de science, journalistes, artistes, typographes, éditeurs ou imprimeurs. Les idées, les textes, les images, les rédacteurs et les modèles éditoriaux circulent d’un périodique à l’autre.
Le volume réunit les contributions de chercheurs de différents pays et disciplines qui sont intervenus lors des trois premières sessions du séminaire, autour de deux grandes problématiques : les périodiques comme instrument privilégié de vulgarisation, et leurs usages socio-professionnels. Le XIXe siècle apparaît comme un moment clé dans la vulgarisation scientifique, avec un lien fort entre science, littérature et imagination. Les revues constituent un support d’étude fertile pour analyser les modalités de diffusion du savoir, y compris dans le monde professionnel. L’analyse de corpus de revues spécialisées montre bien les enjeux de cet objet éditorial dans des communautés spécifiques, professionnelles ou scientifiques.
Mots-clés : périodiques – vulgarisation – édition – histoire des sciences – histoire culturelle
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Sous la direction de Maryse Bresson et Pierre Guibentif
Cet ouvrage est le résultat d’un travail engagé dans la période qui sépare en France le premier confinement, de mars 2020, du second, d’octobre de la même année. Il revient sur une question qui interroge alors la société entière, confrontée, avec le choc de la pandémie Covid-19, au sentiment que tout s’arrête ou peut s’arrêter : dans quelle mesure s’agit-il d’une rupture avec la société « d’avant » ?
Pour répondre, l’ouvrage adopte une approche jusqu’ici peu explorée. Il interroge les expériences concrètes et les arguments de chercheurs et chercheuses en sciences humaines et sociales (SHS), qui étudient le monde qui les entoure, prennent la parole dans l’espace public et développent une posture réflexive sur le monde académique, aux prises avec sa propre vulnérabilité.
Afin de faire face aux demandes qui leur sont adressées de produire de la connaissance, les scientifiques doivent affronter un défi pratique : comment s’organiser pour bien remplir leur mission dans un contexte comme celui de la pandémie ? Adoptant une démarche méthodologique originale, ce livre retrace les étapes d’un travail d’analyse mené en deux temps. Dans un premier temps, un colloque académique s’est tenu, réunissant des chercheurs et chercheuses invité·es à débattre de leurs articles parus dans divers médias « grand public » en temps de Covid-19, ces débats étant introduits par la présentation d’analyses quantitatives et qualitatives d’un échantillon d’articles d’opinion publiés depuis l’irruption de la pandémie. Dans un deuxième temps, des synthèses et des commentaires de ces débats ont été produits par d’autres scientifiques et des représentants d’institutions.
En montrant la science telle qu’elle se fait, dans ses ateliers, le livre met en évidence des formes de continuités et des questions – sur le lien social, les inégalités sociales, les limites de la mondialisation, l’empreinte environnementale des activités humaines, mais aussi sur la place de la science dans une société démocratique. Il pose également la question, étroitement liée aux précédentes, du contenu et des conditions de réalisation du projet démocratique. Autant de questions qui, si elles étaient peut-être moins nettement perçues avant la pandémie, n’en étaient pas moins déjà présentes, et exigent maintenant un débat renouvelé.
Mots-clés : sciences humaines et sociales – médias – Covid-19 – sciences et société – démocratie
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Sous la direction de Patrick Schembri et Hynd Remita
Septembre 2021
Les changements importants imposés par l’urgence climatique, la numérisation accélérée des activités économiques et la crise sanitaire interrogent la manière dont on comprend le monde et ses évolutions. À ce titre, l’énergie demeure au centre des débats sur l’avenir des sociétés. Les défis actuels de la transition énergétique – qui consiste à abandonner les combustibles fossiles (pétrole, gaz naturel et charbon) au profit d’un nouveau modèle énergétique – reposent à la fois sur la maîtrise de la consommation d’énergie et sur le déploiement à grande échelle de sources renouvelables (comme le soleil, le vent, l’eau en mouvement, les réactions chimiques des matières organiques vivantes…).
L’ouvrage propose une approche originale qui croise les regards de chimistes, économistes et juristes sur la transition énergétique actuelle. Il réunit des contributions présentées dans le cadre du workshop MOMENTOM (MOlecules and Materials for the ENergy of TOMorrow) organisé le 21 novembre 2019 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Saclay.
En particulier, la transition énergétique est analysée sous l’angle du droit, par référence à la protection des libertés individuelles et à la garantie de l’accès à une énergie bon marché. Cette transition énergétique est également traitée à travers certaines innovations technologiques telles que l’hydrogène et les batteries à des fins de stockage de l’énergie. On trouvera notamment une analyse économique de l’évolution de la demande mondiale d’hydrogène à l’horizon 2050, ainsi que de l’usage de ce matériau dans le secteur des bus urbains. Au niveau international, les scientifiques et notamment les chimistes consacrent beaucoup d’efforts à imiter le monde du vivant pour produire une énergie propre. Les énormes défis consistent à développer des matériaux avancés, abondants, peu coûteux et éco-compatibles. À titre d’illustration, l’ouvrage traite des dernières avancées scientifiques réalisées visant à produire du carburant solaire par de la photosynthèse artificielle. Il analyse enfin les enjeux de la transition énergétique en termes de comportements de consommation. À ce titre, l’installation de dispositifs de comptage intelligent de la consommation électrique (type Linky) par les gestionnaires des réseaux de distribution électrique au domicile des usagers peut conduire à des conflits, les consommateurs ne faisant pas toujours confiance aux entreprises énergétiques pour agir dans leur meilleur intérêt et se méfiant de l’utilisation abusive de leurs données de consommation. La solution à ces conflits est de plus en plus souvent confiée à la justice.
Les apports scientifiques pluridisciplinaires éclairent plusieurs questions, dont notamment celles-ci : comment pareille transition rencontre-t-elle le droit par référence à la protection des libertés individuelles et à la garantie de la sécurité de chacun ? Sous quelles conditions les innovations technologiques, telles que la solution hydrogène pour la mobilité et la batterie pour le stockage de l’énergie électrique, peuvent-elles être déployées à grande échelle ? Quels sont les obstacles à l’appropriation par les usagers des technologies contribuant à la maîtrise de leur consommation d’énergie ?
Mots-clés : transition énergétique – hydrogène – batteries– innovations et stockage – droit de l’énergie – comportements de consommation
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 7 – Peut-on se passer de la voiture hors des centres urbains ?
Sous la direction de Yoann Demoli
Avril 2021
La manière dont le changement des pratiques et des modes de vie contribue à la transition écologique, économique et sociale est un enjeu majeur pour les pouvoirs publics, à tous les échelons de gouvernement. Pour parvenir à amorcer cette transition, les politiques publiques visent à faire prendre conscience aux citoyen·ne·s de l’impact de leurs pratiques sur l’environnement, tout en veillant à ce que leur mise en œuvre ne paraisse pas décorrélée du quotidien, ni ne soit perçue comme entraînant contraintes ou exclusion sociale.
S’inscrivant dans le cadre du projet Construire des mobilités durables, inclusives et responsables (CONDUIRE), financé par l’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (ADEME), les actes du colloque « Peut-on se passer de la voiture hors des centres urbains ? » cherchent à analyser le problème de la dépendance automobile en zones peu denses – il s’agit notamment des espaces ruraux ou situés en périphérie des grandes villes –, ainsi que les différentes solutions à y apporter. Portant attention à l’objectif de préserver, lors de la conversion écologique des mobilités, leur capacité à inclure – on parle d’« inclusivité sociale » –, cet ouvrage s’attache également à interroger les pratiques de déplacements de ménages populaires résidant dans ces territoires. Il a ainsi pour ambition d’identifier les ressorts de la transition vers des mobilités plus durables, et aussi plus inclusives, au sein des espaces où l’automobile reste prégnante.
Son fil rouge est le paradoxe selon lequel les solutions de substitution à la voiture sont proposées et mises en place quasi exclusivement dans les zones denses – il s’agit notamment des grandes villes –, pourtant les moins dépendants à l’automobile. Les espaces périphériques, pour autant caractérisés par un usage intensif et croissant de la voiture, lui connaissent en effet peu d’alternatives écologiques et inclusives. Aussi, le développement de la transition économique, écologique et sociale ne peut faire l’économie d’une étude approfondie des usages de la voiture dans de tels espaces qui, d’une part, contribuent certes d’une façon importante à la pollution atmosphérique mais qui, d’autre part, concentrent les populations pour lesquelles la voiture est à la fois indispensable, contraignante et coûteuse, comme le mouvement social des Gilets jaunes en 2018-2019 l’a laissé entrevoir.
L’objectif de l’ouvrage est donc d’interroger la dépendance automobile à plusieurs échelles temporelles et spatiales, tout en proposant une analyse des alternatives à la voiture, y compris au sein des zones de peuplement les moins denses. À partir de divers exemples situés en France, mais aussi au Canada, la première partie de l’ouvrage offre un panorama historique et spatial de la dépendance à l’automobile, amenant des réflexions sur le futur de la voiture dans ces espaces. Dans un deuxième temps, l’ouvrage questionne les représentations et les usages contemporains de l’automobile hors des villes, au travers d’enquêtes auprès des populations belge, camerounaise et française. La troisième et dernière partie s’attache enfin à comprendre les conditions de possibilité (et d’impossibilité) des formes de mobilité alternative à la voiture au sein des divers territoires : covoiturages, motorisation électrique (notamment d’occasion) et tiers-lieux (espaces de coworking).
Mots-clés : mobilité – covoiturage – ménages populaires – espace rural – espace périphérique
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 6 – Genre & monde carcéral. Perspectives éthiques et politiques
Sous la direction de Natacha Chetcuti-Osorovitz et Patricia Paperman
Novembre 2020
Depuis l’émergence des travaux féministes dans le champ des études carcérales dans les années 1990, les sciences humaines et sociales ont connu un nouvel essor permettant une meilleure compréhension des expériences des femmes incarcérées. Outre les conséquences des normes de genre dans la dimension punitive de la peine et de son application, ces études soulignent les particularités méthodologiques auxquelles les chercheurs et chercheuses doivent faire face pour mener des enquêtes en prison.
Par son approche pluridisciplinaire – sociologie, anthropologie, histoire, sciences politiques –, ce numéro des « Actes » de la MSH Paris-Saclay rend compte des différentes méthodes d’étude et d’analyse de la scène carcérale. Le travail d’enquête dans le monde de la prison oblige le chercheur ou la chercheuse à une réflexivité particulière. Comment réaliser une enquête sur un terrain à la fois atypique, indicible et troublant ? Comment le chercheur ou la chercheuse peut-il ou elle y accéder ? Comment les normes de genre configurent-elles le parcours pénal ? Comment les recherches contemporaines permettent-elles de renouveler les questions reliées au monde carcéral et d’en penser les transformations ?
Afin d’apporter des réponses, cet ouvrage étudie comment l’approche par le genre apparaît systématiquement, au fil des décennies, dans les travaux sur les femmes en prison, alors qu’elle est absente des études sur les hommes incarcérés. Il analyse également comment les femmes jugées coupables d’un crime sont amenées par l’institution carcérale à mettre en récit leur vie et leur passage à l’acte dans le but de réduire leur peine, en insistant sur les limites de cette démarche qui repose sur l’injonction à se reconnaître coupable, sans prendre en compte les dimensions de domination des femmes dans la vie sociale, de dépendance dans le couple et dans l’univers familial. Par l’exemple de l’étude des biftons – messages clandestins circulant entre prisonnières dans les établissements pour femmes au XIXe siècle –, cet ouvrage apporte une critique des analyses qui présentent les auteures de ces messages comme les interprètes d’une sexualité déviante, et nous invite au contraire à considérer ces biftons du point de vue de leurs auteures (moyen de protection, d’espoir, etc.). À partir de la question des violences sexuelles sur mineur·e·s, cet ouvrage témoigne également des difficultés auxquelles sont confrontés les sociologues, à la fois sur le terrain et pour dépasser les systèmes normés et genrés qui sous-tendent le travail de recherche. Il montre aussi la persistance des stéréotypes de genre qui définissent, y compris dans le milieu carcéral, les hommes comme dangereux et les femmes comme vulnérables. Il explique enfin, à travers le cas des quartiers mères-enfants, comment le rôle de mère, traditionnellement attribué à la femme dans les normes sociales, se retrouve reproduit en prison.
Mots-clés : genre – prison – carcéralisation – violence – pluridisciplinarité
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 5 « Hors-série » – MSH Paris-Saclay. 5 ans d’interdisciplinarité sur un Plateau
Sous la direction d’André Torre
Novembre 2019
La construction d’un grand pôle scientifique sur le plateau de Saclay est avant tout comprise comme la création d’un fort potentiel de recherche technologique. Pourtant, les Sciences de l’Homme et de la Société (SHS) ont un rôle majeur à y jouer, par leur volume et par leur place essentielle en termes d’activités et de dispositifs d’innovation.
La Maison des Sciences de l’Homme (MSH) Paris-Saclay, créée en 2015, apporte sa contribution à ce défi par son engagement au service des équipes de recherche du périmètre saclaysien. Son travail lui permet d’occuper une place centrale dans la promotion et l’organisation des recherches interdisciplinaires, de développer une position d’interface entre les SHS et de s’ouvrir aux autres disciplines (sciences de la vie, sciences exactes, sciences de l’ingénieur).
Cet ouvrage a pour but de présenter le travail réalisé au cours des cinq premières années de la MSH, à partir d’un bilan des recherches et d’interviews dans lesquels les trois directeurs successifs – Claude Didry, Stefano Bosi et André Torre – reviennent sur leur parcours. Dix chercheuses et chercheurs emblématiques des projets passés et en cours apportent également leurs témoignages, afin d’éclairer à la fois la diversité des thèmes de recherche et la variété des résultats obtenus : Antonio Casilli (« Sous les plateformes numériques, le digital labor »), Nathalie Delprat (« Quand l’art et la science inventent ensemble d’autres explorations de soi »), Jean-Philippe Denis (« Entre économie et sociologie, les sciences de gestion voient au-delà de l’entreprise »), Anaïs Fléchet (« Relations internationales et globalisation culturelle au rythme de la musique ») ; Catherine Geel (« Une approche historique et comparative du design »), Florent Le Bot (« De l’interdisciplinarité en compagnie de Durkheim »), Romain Melot (« TerriBio ou comment valoriser les productions alimentaires locales »), Antoine Nebout (« Quand les économies se penchent sur nos assiettes »), Ioana Vasilescu (« La linguistique à l’heure de l’IA et des systèmes automatiques ») et Célia Zolynski (« Un fructueux dialogue entre droit et informatique »).
Ce livre fait ainsi le bilan sur cinq ans de recherches interdisciplinaires et lance les pistes pour l’avenir de la recherche en Sciences Humaines et Sociales sur Paris-Saclay.
Mots-clés : MSH – interdisciplinarité – recherche – Université Paris-Saclay – bilan
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 4 – Sociologues et économistes face à la demande de savoirs. Participation et contournements
Sous la direction de Maryse Bresson, Jean Cartier-Bresson et Monique Hirschhorn
Novembre 2019
Ce livre porte sur la production de savoirs en sciences sociales : il vise à éclairer la relation complexe entre les chercheurs académiques et la demande de savoirs émanant de divers acteurs, politiques, économiques, médiatiques…, ainsi que les conséquences de cette relation sur leur démarche et les résultats de leur recherche.
Aboutissement d’un projet de recherche « Émergence » de la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Saclay, cet ouvrage s’inscrit dans la continuité d’un autre, consacré à la vulnérabilité, qui soulevait, entre autres, le problème de l’efficacité des politiques publiques lorsqu’elles s’efforcent de répondre aux diverses crises et fragilités socio-économiques ou environnementales*, et posait la question des savoirs qui peuvent éclairer leur action. Il élargit le questionnement en prenant en compte, à côté de la demande de savoirs des pouvoirs publics, celle du secteur privé, des associations, des groupes constitués, des citoyens et celle qui émane des chercheurs eux-mêmes. La tension qu’exerce cette demande multiforme est au cœur de la réflexion menée ici par des économistes et des sociologues de différents pays, avec pour fil conducteur l’idée que l’activité de recherche ne peut se réduire à l’expérience de contraintes (politiques, socioéconomiques, institutionnelles) insurmontables : réflexion riche car croisée entre des disciplines qui ne s’associent que rarement sur la recherche.
De ce dialogue ouvert entre sociologues et économistes il ressort alors que, même lorsque la production de savoirs est strictement encadrée par des règles diverses, il reste toujours aux chercheurs la possibilité de s’interroger sur la marge de liberté dont ils disposent, d’en tirer les conséquences, et de développer des techniques de contournement. Par ailleurs, la demande peut être aussi celle d’utilisateurs directement intéressés aux problématiques traitées – décideurs, praticiens, ayant besoin de savoir orienté vers l’action (Policy oriented) ou citoyens cherchant les informations. Et il s’agit alors, pour les chercheurs, d’inventer des pratiques de recherche qui tiennent compte de ces logiques d’action.
C’est donc un des intérêts du livre que de repenser ce que signifie l’autonomie des chercheurs, en tenant compte à la fois du renouvellement des contraintes et des formes d’encadrement d’une part, des savoirs co-construits et des libertés d’expérimenter d’autre part, et d’explorer comment ils peuvent « résister » aux injonctions et aux contrôles, mettant en place quelques ruses individuelles ou collectives pour protéger leur autonomie au travail. Au-delà , se pose la question déontologique de savoir si la recherche en sciences sociales peut répondre à la demande qui lui est adressée tout en contribuant, non au pouvoir des institutions et des idéologies dominantes, mais aux processus d’émancipations individuelles et collectives, au développement de la démocratie. Une question toujours ouverte, car elle est, in fine, au cœur même de la définition des sciences sociales et de leur importance dans la dynamique des sociétés.
* Bresson Maryse, Geronimi Vincent & Pottier Nathalie (dir.), 2013. La Vulnérabilité, questions de recherche en sciences sociales, Fribourg, Academic Press Fribourg
Mots-clés : sociologues – économistes – savoirs – demande sociale – participation
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 3 – Les nouvelles mobilités à la lumières des sciences humaines et sociales
Sous la direction de Jean-Marc Agator et Jean-Guy Devezeaux de Lavergne
Décembre 2018
La mobilité, et notamment les déplacements routiers, sont l’un des grands enjeux de nos sociétés modernes, concernant à la fois l’évolution des besoins et les conséquences économiques, sociales, environnementales et climatiques des différentes pratiques. La double révolution des usages et des technologies de mobilité soulève de multiples questions relevant très largement des sciences humaines et sociales (SHS). Quels sont les nouveaux services et pour quels nouveaux usages de mobilité ? Au-delà des nouvelles technologies, en quoi consistent les nouvelles révolutions de la mobilité ? Comment faire évoluer la ville pour anticiper et favoriser certaines de ces mutations ? Quels sont les aménagements pertinents dans les territoires périurbains et ruraux ? Pour relever ces défis, il faut se donner les moyens d’augmenter notre capacité collective à comprendre les besoins de mobilité et les choix des citoyens, afin de définir des solutions de mobilité propre et intelligente socialement acceptées, à l’échelle nationale ou locale.
Le présent ouvrage de la collection « Actes », qui rassemble des articles d’auteurs intervenus à l’atelier scientifique SHS-Mobilités du 13 juin 2018 au CEA (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives) Saclay, apporte des éléments de réponse à ces questions. L’atelier scientifique, incluant des présentations en séance plénière et une table ronde finale, offrait un cadre global de réflexion et de débat sur les problématiques sociétales des nouvelles mobilités. Il a suscité des échanges féconds entre des chercheurs en économie, géographie, sociologie, droit et psychologie et des chercheurs en sciences pour l’ingénieur et en sciences du numérique. Son originalité a tenu aussi à sa large couverture territoriale (milieu urbain et périurbain) et aux échanges entre les diverses institutions partenaires de son organisation. Cet ouvrage en est largement le fruit.
À travers sa présentation introductive et ses onze contributions spécialisées, l’ouvrage donne une bonne illustration de l’intérêt de croiser les différentes disciplines, afin d’aider à construire des visions pertinentes des mobilités du futur. Il présente d’abord les grands facteurs qui influent sur la mobilité des citoyens et s’interroge sur la pertinence des politiques publiques de transition vers une mobilité bas carbone pour répondre à leurs attentes. Il examine ensuite les différentes formes que peut prendre une action efficace du changement sociétal vers les nouvelles mobilités. Il fait enfin le point sur l’avenir du véhicule autonome et durable et sur les circulations douces (vélo). En offrant ainsi un échantillon des réflexions en cours pour décrire et mieux comprendre les attentes des citoyens, l’ouvrage illustre quelques pistes de construction de la mobilité plus durable du XXIe siècle.
Mots-clés : usages – mobilité – durable – changement – sociétal
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Sous la direction de Stefano Bosi et Claire-Rogel Gaillard
Octobre 2018
Si l’objectif de la médecine curative est de soigner, diminuer les souffrances et guérir, celui de la médecine prédictive est de détecter chez un individu les prédispositions biologiques à une maladie. Dans cette approche, un marqueur prédictif de santé est un marqueur qui évalue le risque de développer la maladie ou cherche à prédire le bénéfice qu’apportera un traitement. Or, la recherche et l’exploitation de marqueurs prédictifs de santé sont en plein essor pour l’Humanité, comme pour les animaux et les plantes, et plus largement encore pour l’environnement et les écosystèmes. En effet, dans le contexte de changements globaux des troubles, l’émergence simultanée de pathologies infectieuses, de risques accrus de cancers et de maladies métaboliques révèle l’interdépendance des secteurs d’activités liés à la médecine, l’agriculture, l’alimentation, l’environnement, etc. C’est pourquoi créer des espaces décloisonnés de dialogue entre les acteurs impliqués s’impose comme une nécessité pour échanger sur les objectifs partagés de recherche, les applications et leurs impacts. Cet ouvrage est un recueil d’articles qui fait suite à un séminaire conduit en 2017 sur le thème de la biologie prédictive pour la santé, qui a rassemblé des spécialistes en sciences de la vie (humains, animaux, plantes) et sciences humaines et sociales (droit, économie, éthique, sociologie).
L’Humanité a depuis longtemps développé des programmes de sélection génétique des animaux domestiques et d’élevage, comme des plantes cultivées, mettant de fait en pratique des approches prédictives fondées sur des informations biologiques. On peut considérer que cette maîtrise du vivant animal et végétal, par la sélection, est généralement bien acceptée, mais requiert des points de vigilance. Les questions adressées à la médecine prédictive sont en effet largement débattues. Sur le plan éthique, on s’interroge sur le droit pour chacun de savoir et de ne pas savoir comment évoluera sa santé, en prenant aussi en compte qu’une prédiction ne doit pas s’assimiler à un destin, chacun devant rester acteur de sa vie pour lui donner un sens. On s’interroge également sur l’évolution des régimes juridiques, qui actuellement reposent sur des diagnostics médicaux, et ne dépendent pas en principe de prédictions fondées sur des probabilités. Sur le plan de l’éthique empirique, la question posée est celle de l’ampleur des données générées par les nouvelles méthodes de séquençage à haut débit de l’ADN et de leur utilisation en clinique. Le contexte, chargé d’incertitudes, place les professionnels face à des questionnements importants : que dire aux patients, quels résultats transmettre, sur quelle validité scientifique estimer un risque ? Sur le plan économique, on évoque le capital humain et plus globalement le capital biologique des organismes vivants et de leurs interactions. Enfin, la possibilité d’éditer spécifiquement le matériel génétique (génome) des espèces animales d’élevage ou des plantes cultivées pose la question de la modification du vivant : celle des animaux ou plantes (organismes génétiquement modifiés ou non), mais également celle de l’être humain. Arrive ici la notion de limite à ne pas franchir, sujet majeur et éthique.
L’objectif de ce recueil d’articles est de mettre en regard les approches en biologie prédictives et en SHS sur les questions soulevées dans les domaines de l’agriculture et de la médecine, notamment, par l’exploitation des big data (analyse numérique de grandes quantités de données), en les plaçant au cœur des enjeux de santé globale.
Mots-clés : prédiction – médecine personnalisée – agriculture durable – santé globale – capital du vivant
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Numéro 1 – Sciences humaines et sociales & Photovoltaïque
Sous la direction de Jean-Marc Agator et Jean-Guy Devezeaux de Lavergne
Mars 2018
Cet ouvrage, qui porte sur les interfaces entre Sciences Humaines et Sociales (SHS) et Technologies du solaire photovoltaïque (PV), se base sur la journée organisée le 25 avril 2017 par le Club de l’Orme (une structure partenariale de l’Université de Paris-Saclay pilotée par le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives [CEA] et par l’Institut de technico-économie des systèmes énergiques [I-tésé]). L’angle choisi est de proposer un état des lieux des interrogations relatives au développement du solaire PV, en les abordant au prisme de méthodes proposées par les SHS.
Les contributions à cet ouvrage sont ainsi l’œuvre d’industriels, de chercheurs en technologie (ci-après technologues), d’économistes, de sociologues, de géographes, d’historiens, d’urbanistes, de juristes et de membres des ministères et structures publiques concernés.
Sur le plan des thématiques, la question, souvent posée par les technologues, des modalités permettant de développer, pour elle-même, telle ou telle technologie ou d’analyser les potentiels des technologies au sein d’un système sociotechnique, est apparue comme aujourd’hui peu pertinente.
Sur le plan des méthodes, l’état actuel la « recherche en SHS sur le solaire PV », à proprement parler, est embryonnaire. Cependant, il est possible de collecter des travaux dispersés, qui dessinent une sorte d’archipel de méthodes, de résultats (forcément parcellaires), de nouvelles interrogations.
De cette manière, quelques résultats significatifs ont déjà été obtenus.
Tout d’abord, l’ouvrage met en évidence qu’il existe des travaux peu accessibles, car peu académiques et non publiés – établis en « soutien » à des démarches industrielles de conception, de définition de produit ou de service. Ces travaux, possédant une valeur industrielle potentiellement importante, sont largement inconnus. Ils sont l’œuvre de sociologues, de designers, d’éthologues, d’experts en marketing, etc.
D’autres résultats, issus majoritairement d’études de sociologues, sont établis en matière de comportement et de segmentation des populations – découpage en groupes ayant un comportement homogène selon des critères prédéfinis – et, plus précisément, selon leur comportement face à diverses innovations (notamment dans l’usage d’instruments dits smart [intelligents]).
Les économistes, eux aussi, apportent une moisson de résultats, notamment en matière de choix et d’efficacité des outils de politique publique et d’insertion du solaire PV dans les réseaux électriques. Ils posent par exemple la question de la tarification liée à ces systèmes, montrant qu’à l’évidence, cette tarification devra évoluer.
Les travaux des historiens remettent en perspective la situation présente, en rappelant notamment que des périodes passées ont vu des phases de démarrage de nouveaux marchés qui ont eu parfois beaucoup de mal à se concrétiser. Ils observent que l’époque actuelle est très probablement en rupture profonde, tant les technologies PV sont différentes des autres, avec de nouveaux acteurs.
Les experts en innovation, qui se penchent sur les conditions de réussite de nouveau produits et services, fournissent des indications sur les choix d’organisation de la recherche et d’articulation avec l’industrie pour accélérer la pénétration de ces « nouvelles offres ».
Ces éclairages apportent leur lot d’encouragements à persévérer. Cet ouvrage propose une liste des principaux chantiers à ouvrir.
Mots-clés : solaire photovoltaïque – sciences humaines et sociales – interdisciplinarité – transdisciplinarité – innovation
Pour consulter ce numéro et obtenir plus d’informations : cliquez ici.
Â