Vivre ensemble

Vivre ensemble dans un monde déboussolé

Pendant longtemps, chaque communautĂ© avait son Nord symbolique, imposĂ© par les dispositifs juridiques, droit Ă©crit ou coutumier, les rites, voire les commandements religieux. La crise sanitaire provoquĂ©e par l’Ă©pidĂ©mie de Covid-19 a dĂ©finitivement rĂ©vĂ©lĂ© la fin de cette Ă©poque. L’accĂ©lĂ©ration d’une mondialisation qui se dĂ©ploie en toutes directions, et nous laisse littĂ©ralement « dĂ©boussolĂ©s ». Pourtant, le pire n’est pas inĂ©luctable si l’on ose accueillir l’émerveillement et renoncer aux certitudes de la pensĂ©e dogmatique pour les incertitudes d’une pensĂ©e dynamique.

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La chronique philo de Cynthia Fleury. L’air de rien

Avec ce confinement généralisé, ces arrêts de la vie économique, ces désynchronisations multiples, la vie ordinaire a-t-elle été bouleversée jusqu’à disparaître ou à l’inverse a-t-elle été extrêmement sollicitée, comme s’il ne restait plus que cela, vu que le « monde » nous a été confisqué ? Dans son opus la Vie ordinaire (Gallimard, 2020), Adèle Van Reeth ne formule rien sur la crise du Covid-19, l’inédit ayant eu lieu après sa dernière ligne écrite, et pourtant tout ce qui est écrit là rappelle à quel point la morsure de l’ordinaire est omniprésente, comme l’envers de tous les grands événements d’une vie. C’est un livre également sur la naissance, pas simplement la notion de commencement, sujet extrêmement traité dans l’histoire de la philosophie, mais la naissance, celle de la chair, celle du corps féminin, quasiment absent dudit répertoire. « La nouveauté est dans mon ventre », écrit Van Reeth, ou comment témoigner au monde de la théorie son lien, si ce n’est sa dette, à la matérialité inaugurale et matricielle. Qu’est-ce donc que cet ordinaire, dont on sait déjà qu’il est aux antipodes de l’émergence, typique des naissances ? Pourtant lui aussi est « rivé à mes intestins », et « pès(e) à l’intérieur de mon corps ». « Je me sens grosse d’ordinaire comme on incube une maladie. » En fait, la vie ordinaire nous traque, sans cesse, même dans les plus grands instants de transformation de soi et du monde, une sorte d’autre nom de la mort, mais sans son caractère magistral, un irréductible sans grâce. Non, même pas l’ombre, car elle est stylée, là c’est l’enlisement. « On voudrait courir aussi vite que les secondes, on croit courir par goût de la vie, mais quand les secondes pèsent une tonne et qu’on voudrait s’arrêter de courir, on se rend compte que c’est impossible, on ne courait pas par envie mais par nécessité d’oublier. » Alors que faire face à « l’apocalypse rampante » (H. Jonas) ? « Tuer l’ange du foyer. » Van Reeth met ses pas et ses pages dans le sillage de Woolf qui pose le meurtre de ce dernier comme le premier geste à faire pour toute femme désireuse d’écrire. L’Ange du foyer est « parfaitement altruiste », exclusivement femme, dédiée au domestique comme d’autres à l’avenir et à l’ailleurs. Là ce n’est même pas l’ici, mais l’ordinaire de l’ici, le rien mais qui prend toute la place, le rien qui gêne, qu’on gère pour qu’il n’entrave aucun tout des autres. Van Reeth a donc liquidé la « perfection ». Donner son corps, une fois, suffira pour toujours. Van Reeth devient Walden, non dans les bois, mais à Paris, au milieu des toits et des pavés, pour écrire sur cette vie que nous avons tous en commun et sur la naissance singulière de l’enfant à naître. Ultime bataille : après le combat contre l’ordinaire de la vie et de la naissance, il y a encore celui contre l’ordinaire de la mort. Cela arrive à tous, sans exception. Un immense souffle glacial qui n’étonne personne et enterre jusqu’aux vivants. Entre le fils et le père, la naissance de l’écriture pour faire face.

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Covid-19 : « La pandémie cristallise un moment où la confiance nécessaire à la vie en société est remise en question »

TRIBUNE. L’anthropologue montre comment l’incertitude en général, et plus particulièrement celle née de la crise sanitaire, peut constituer le point de départ de transformations sociales souvent fondamentales.

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« La pandémie de Covid-19 va renforcer les disparités raciales et ethniques »

TRIBUNE. Alors qu’en France, les travailleurs originaires d’Afrique et d’Asie connaissent un taux de mortalité plus élevé, les économistes Pierre Cahuc et Marie-Anne Valfort appellent, dans une tribune au « Monde », à une « désinvisibilisation » des minorités dans la statistique publique.

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