L’axe « Numérique et humanités » catalyse les dynamiques de recherche autour de la révolution numérique et ses ambivalences. Si, d’une part, cette révolution change le visage des sociétés et des économies, et représente une opportunité indéniable de développement, d’autre part, elle pourrait constituer une menace pour nos libertés individuelles. Les enjeux sociétaux des réseaux, des données massives, de l’algorithmique sont au cœur des projets de recherche labellisés par la MSH Paris-Saclay.
Le monde des données est aujourd’hui
traversé par des changements profonds. Comme dans d’autres domaines, les
données accumulées par les enquêtes en SHS (qualitatives et quantitatives)
constituent maintenant un stock considérable, destiné à s’accroître encore dans
les années à venir. On voit émerger progressivement le problème des données
massives (big data), connectées
(réseaux sociaux) ou complexes (langage naturel et images).Statistiques et algorithmique sont appelées à résoudre des
problèmes de stockage (compression, indexation, streaming), de calcul distribué, de fiabilité et traçabilité.
La révolution digitale incite les entrepreneurs à
repenser les modes de production en composant avec l’empowerment des consommateurs. Les enjeux éthiques et juridiques
des données massives obligent les SHS à réfléchir à la préservation du
patrimoine informationnel, à la protection de la vie privée, au design et à l’implémentation
des régulations. Conception et mise en place des nouvelles règles du jeu sont
surveillées par des commissions compétentes telle que la CNIL (Commission nationale de l’informatique et
des libertés).
L’économie des données incite les
entreprises à une plus grande flexibilité et une réallocation continue des
ressources. Pour y répondre, un petit nombre d’entreprises – Google, Apple,
Facebook ou Amazon (GAFA) – concentrent une part croissante des données (selon
une distribution de Pareto) obtenues de sources diverses (internet,
smartphones, objets connectés). La question du pouvoir de marché et celle des
rentes associées se trouvent ainsi posées. Les gouvernements sont appelés à
réguler les marchés des données pour protéger la souveraineté des citoyens
contre l’extraction de rentes économiques et politiques.
La production, la conservation et la
mise à disposition de données fiables et pertinentes ont un coût qui doit être
supporté par certaines parties prenantes. Des aides de l’État ont permis, jusqu’ici,
la mise à disposition de données issues de la statistique publique, des
administrations et des enquêtes des chercheurs, les rendant réutilisables pour
la recherche SHS. Dans ce cadre, L’EQUIPEX (Équipement d’excellence) CASD
(Centre d’accès sécurisé distant) joue un rôle de premier plan. Il s’agit d’une
infrastructure nationale du GENES (Groupe des écoles nationales d’économie et
statistiques) basée à l’Université Paris-Saclay et spécialisée dans la mise à disposition
de données individuelles très détaillées et, donc, le plus souvent soumises à
des conditions de sécurité élevées. Au CASD se pose actuellement le problème du
choix d’un modèle d’affaires, après le passage d’un système de subvention
étatique (avec gratuité pour les utilisateurs) à une grille tarifaire faisant
payer à chaque utilisateur les services qu’il utilise, reportant le coût ultime
sur les bailleurs de fonds qui financent son projet. Il apparaît déterminant
que la MSH Paris-Saclay offre un soutien aux chercheurs dont les travaux
exigent l’analyse de microdonnées détaillées, pour laquelle ni les open data (de l’INSEE ou d’autres
producteurs) ni les fichiers agrégés et anonymisés conçus pour la réutilisation
secondaire standard comme les Fichiers production et recherche (FPR) ne
seraient suffisants.
Plus généralement, la MSH Paris-Saclay entend promouvoir
la diffusion des données en hébergeant une PUD (Plateforme universitaire des
données) sur le modèle de celles de Lille, Caen et Lyon. Elle participera aux
infrastructures de conservation et de mises à disposition de fichiers agrégés
et anonymisés : TGIR (Très grandes infrastructures de recherche) PROGEDO
(Production et gestion des données en sciences sociales) et CESSDA (Consortium of European Social Science Data
Archives). Reste la question de la valorisation des données.
Les données massives seraient inertes sans les algorithmes de fouille. Des machines
toujours plus puissantes brassent aujourd’hui de plus grandes masses de
données. Pourtant, loin de se cantonner à des effets de volume, la révolution
des big data est marquée par l’usage
d’algorithmes au croisement des statistiques, de l’informatique et de l’intelligence
artificielle. Ils doivent faciliter la construction de modèles sur les
comportements et les représentations collectives ou la prise de décision. Dans
leur vie quotidienne, les individus laissent des traces, qui sont autant de
données. Elles sont repérables dans leurs relations avec les organisations
(administrations, entreprises…), mais plus généralement via leurs usages des technologies numériques. Pensons, par exemple,
à leurs déplacements (caméras de vidéosurveillance), aux paiements (cartes
bancaires), ou à certains aspects de la vie domestique (capteurs et objets
connectés). Ces grandes masses de données numériques, précisément datées (time-stamped) et souvent géolocalisées,
attirent les entreprises, la statistique publique et la recherche en SHS.
Ces données massives sont aussi un défi théorique pour
les SHS. Elles questionnent les théories de la décision et de l’optimisation.
Les modèles statistiques et les algorithmes de décision traditionnels se
révèlent inadaptés à traiter des données hétérogènes, complexes, incomplètes et
incertaines. Elles doivent susciter de nouvelles recherches sur les usages de
la technologie et ses conséquences sur les comportements individuels et
collectifs ainsi que sur les dynamiques sociétales. La sociologie, l’histoire,
l’économie, l’anthropologie, la psychologie et bien d’autres disciplines encore
sont naturellement amenées à se pencher sur ces questions.
Du point de vue éthique et épistémologique, la gestion
des données doit aussi intégrer des nouvelles contraintes telles que la
sécurité et la traçabilité. La confiance numérique résulte de l’application de
méthodes éthiquement et juridiquement responsables. Il s’agit de réguler la
récolte, le traitement et l’interprétation des données personnelles. La
protection de la vie privée passe par une protection des données à toutes les
étapes du processus. La traçabilité repose sur une conception réfléchie des
infrastructures de stockage et de traitement. Du point de vue éthique et
juridique encore, la vie privée est menacée par le croisement des traces
(géolocalisation, transactions électroniques, fréquentation des sites web) dont
disposent certaines multinationales (GAFA), ainsi que par la possibilité de
piratage de données privées (médicales, fiscales, financières) en l’absence de régulations
adaptées. Les algorithmes prédictifs représentent de nouvelles opportunités
tout autant que des menaces dans les secteurs de la santé et de l’assurance
avec un risque important de discrimination. Du point de vue politique, la
démocratie est fragilisée par le tracking
des électeurs et la manipulation de l’information à leur adresse à la veille
des élections. Plus généralement, le pluralisme comme socle de la démocratie
est potentiellement remis en cause par les traitements algorithmiques et l’émergence
de médias sociaux dominants. Tout en encourageant des projets pilotes montrant
la voie dans l’utilisation de données massives en SHS, la MSH Paris-Saclay
soutiendra des travaux qui s’interrogent sur les enjeux sociétaux des big data et des algorithmes, et
contribuent à éclairer la décision publique sur ces sujets brulant d’actualité.
La montée en puissance des moyens de calculs permet de
brasser des masses vertigineuses de données. La vraie révolution toutefois est
celle des algorithmes de fouille basés sur le tracking, le machine learning
et l’interopérabilité des bases de données.Ces dernières années, l’apprentissage profond (deep learning) a montré son efficacité, notamment en ce qui
concerne le langage naturel et la vision par ordinateur. La question d’une
intelligence artificielle qui surpasse l’intelligence humaine dans certaines
applications interroge directement les SHS.
Simon avait déjà critiqué la
rationalité néoclassique en 1947 et introduit une notion de rationalité limitée
fondée sur l’intelligence artificielle. Les travaux de Kahneman et Tversky en
1974 ont aussi contribué à dépasser l’axiomatique traditionnelle par le biais
de l’heuristique du jugement et l’ouverture aux sciences cognitives. Les
avancées récentes en théorie de la décision (sparsity theory),
intelligence artificielle (convergence homme-machine) et neurosciences (IRM
fonctionnel) permettent le dépassement du cadre standard de la rationalité
instrumentale au sens de Weber (1913).
La MSH lance des appels à projets interdisciplinaires et
assure l’animation de la recherche sur les données, les algorithmes et la
décision en étroite collaboration avec les projets existant dans le périmètre
saclaysien. Parmi tous ces projets, l’Institut Convergence DATAIA fait figure
de proue. DATAIA porte la recherche SHS sur les données et les algorithmes. Ses
applications concernent la politique énergétique, les smart cities, la mobilité, l’alimentation et le bien-être. Le LABEX
(Laboratoire d’excellence) DIGICOSME (Digital
Worlds: Distributed Data, Programs and Architectures) finance les
recherches sur les mondes numériques, programmes et architectures distribués,
tandis que l’EQUIPEX MATRICE (Mémoire, analyse, théories, représentations individuelles et collectives,
expérimentations) est une plateforme multifactorielle, multi-échelle et multidisciplinaire pour les
mémoires individuelle et sociale. Sur
les questions liées à la décision et à la rationalité, la MSH est impliquée
dans l’IRS (Initiative de recherche stratégique) ICODE2 (Institute for Control and Decision of
Paris-Saclay) et dans
le LABEX MME-DII (Modèles mathématiques et économiques de la dynamique,
de l’incertitude et des interactions). Le LABEX ECODEC (Économie et sciences de
la décision) porte aussi les recherches en théorie de la décision. Mais la
révolution numérique ne se limite pas à ces aspects. Elle impacte aussi les
humanités et les activités individuelles et collectives liées à la mémoire, au
patrimoine, à leur valorisation et leur transmission.
L’arrivée de l’informatique ouvre de nouvelles
perspectives de développement des humanités. À n’en pas douter, les nouveaux
moyens de calcul et de communication, au croisement de la recherche et de l’ingénierie,
vont rapidement bouleverser la façon de penser, d’enseigner et de diffuser les
savoirs, les objets et les méthodes de recherche, grâce au mariage de l’informatique,
des arts, des lettres et des SHS. Ces nouvelles humanités numériques
doivent prendre toute leur place au sein du projet de la MSH Paris-Saclay.
Elles constituent en effet un domaine qui mérite un intérêt particulier à deux
titres. D’une part, parce que ces supports et ces méthodes vont probablement
être à l’origine d’inventions et d’innovations dans les méthodes de recherche,
d’enseignement et de diffusion de l’information scientifique et technique. Ceci
constitue un enjeu national validé par le réseau des SHS ATHENA. D’autre part,
ces nouvelles modalités doivent être mises en perspective afin d’en évaluer la
portée et les modalités du point de vue méthodologique et épistémologique. Les
promoteurs et les pionniers des humanités numériques se donnent souvent comme
objectif d’améliorer l’accès, la diffusion, le partage et la valorisation du
savoir. À l’évidence, en modifiant fortement le mode d’accès aux objets et aux
pratiques culturelles, le numérique est susceptible de transformer la
connaissance et le rapport aux pratiques culturelles de nouveaux acteurs et
groupes sociaux. Dans ce cadre, l’environnement du plateau de Saclay regroupe un ensemble impressionnant
d’institutions et de compétences individuelles ou collectives. Sont présents
des disciplines et des laboratoires relevant de l’histoire, de la sociologie, du droit privé
et public, de l’économie, des études théâtrales ou de la musicologie. À cela s’ajoutent
des équipes issues des sciences “dures” qui travaillent sur l’informatique.
La MSH Paris-Saclay a vocation à favoriser l’émergence de nouvelles
collaborations. Plusieurs pistes paraissent prometteuses : nouvelles
formes de conception et de pratiques des humanités, étude des productions
culturelles et artistiques « numériques », invention de nouvelles
modalités de conservation et de diffusion numériques. Des recherches sur les
modalités de réception par des acteurs ou utilisateurs « anciens » ou
« nouveaux » devra aussi faire l’objet de recherches. Trois champs
– pluridisciplinaires et transversaux – paraissent dans un premier
temps particulièrement prometteurs.
Le premier concerne l’articulation entre les parcours professionnels des
créateurs et les modalités de leur travail de création. On pense ici aux
nouvelles formes de création qui intègrent les technologies digitales les plus
récentes. On pense aussi aux profondes transformations du travail artistique
dans différents secteurs (musique, cinéma). À l’évidence, les nouvelles
technologies paraissent affecter les conditions d’entrée dans les activités
artistiques et culturelles. Elles appellent à une transformation des cursus de
formation. Elles vont imposer une évolution du statut juridique d’un ensemble
de professions anciennes ou émergentes. Elles vont transformer les modalités de
protection par le droit de leurs productions artistiques, scientifiques ou
pédagogiques. Autant de choses qui méritent des travaux approfondis.
Le second champ, plus centré sur l’histoire, doit permettre d’aller plus
loin dans la compréhension de l’histoire transnationale. En mobilisant des
outils et des supports numériques, ce champ d’étude s’appuie sur l’étude des
représentations, des pratiques ou des modes de vie que véhiculent ces nouvelles
formes de productions numériques. L’accent sera en particulier mis sur la
longue durée. Des projets de ce type existent déjà dans le périmètre de Paris-Saclay,
par exemple en musicologie. Ils illustrent la fécondité de ce type de démarche.
Les technologies modifient les frontières au sein du travail de création
collective. Petit à petit, c’est la définition des acteurs individuels ou
collectifs qui s’en trouve interrogée. Par exemple, les premières recherches
permettent de mieux comprendre l’activité et le travail de certains acteurs
qui, sans être directement qualifiés de créateurs, participent néanmoins au
travail de création. On pense par exemple aux éditeurs littéraires ou musicaux,
aux impresarios, aux producteurs de cinéma, sans oublier les directeurs de
labels dans l’industrie musicale, les administrateurs de production dans le
spectacle vivant.
Le dernier champ qui mérite un soutien de la MSH Paris-Saclay porte sur
les phénomènes de médiation et de réception des productions culturelles et
artistiques. Cette thématique concerne de nombreux publics. Un accent
particulier sera mis sur l’étude des nouveaux dispositifs de médiation
numérique. On pense par exemple au jeu vidéo OFABULIS développé avec le CMN
(Centre des monuments nationaux). Là encore, une mise en perspective historique
doit faciliter la compréhension ces nouveaux dispositifs. L’histoire des
médias, de l’image ou de la communication sera ici particulièrement sollicitée.
C’est déjà le cas avec le projet TRANSFOPRESS (Transnational Network for the Study of Foreign Language Press) sur
la presse en langues étrangères. Ce projet présente un fort potentiel de
développement. Il est soutenu par la FSP (Fondation des sciences du patrimoine)
en étroite collaboration avec le LABEX PATRIMA (Patrimoines matériels :
savoirs, conservation, transmission).
Les nouvelles technologies révolutionnent également les recherches sur le
patrimoine.
L’économie de l’immatériel façonne à la fois le processus de
patrimonialisation, les modalités de transmission et les pratiques de création
culturelle. Au-delà de la question de l’impact du numérique sur les champs du
patrimoine et de la création, le numérique fait aussi émerger de nouvelles catégories
patrimoniales, le patrimoine numérique, qui regroupe un ensemble de ressources et de données
culturelles et patrimoniales selon la définition de l’UNESCO. Sous
l’intitulé de « patrimoine numérique » peuvent être abordées les
problématiques de traitement et d’archivage des données patrimoniales, de
partage et d’enrichissement des données, de production collaborative des
savoirs, de représentation, visualisation et création numérique (arts et
sciences), ainsi que les questionnements épistémologiques, organisationnels et
sociétaux associés. Le lien entre
création et patrimoine pourra contribuer à nourrir une réflexion croisée, en
particulier avec le développement de la notion de patrimoine immatériel.
Le patrimoine est à la fois un objet d’étude pour les
chercheurs, mais aussi une source de questionnement scientifique sur la
conservation et la valorisation. On pense par exemple au partage des objets de
recherche, à l’évolution de l’acte de conservation (donc aussi de tri et de
sélection) ou à la valorisation des objets patrimoniaux. On pense aussi à l’impact
du numérique sur la façon de décrire, de penser, de nommer, de visualiser, de
désigner le patrimoine. Se posent ensuite les problèmes liés à la dématérialisation
qu’affrontent aujourd’hui un certain nombre d’institutions patrimoniales
(bibliothèques, musées, archives). Il s’agit enfin d’identifier ce que le numérique peut apporter à la connaissance ou au partage
des objets. Les futures recherches pourraient porter plus précisément sur la
dématérialisation des objets culturels, la visualisation, le partage
collaboratif, l’authenticité, la circulation des pratiques et des savoirs, le
statut social et juridique des objets.
La virtualisation des patrimoines matériel et immatériel
ne doit pas se substituer à la conservation du patrimoine physique et des
supports traditionnels. Une dimension importante de la recherche saclaysienne
est l’étude des matériaux. Il s’agit d’une dimension étroitement liée aux processus de patrimonialisation (objets de musée, collections d’histoire naturelle et d’archéologie,
architecture, manuscrits et livres, archives). L’étude des matériaux a
été profondément renouvelée par l’importance grandissante prise par les données
et leur accessibilité. La
caractéristique des travaux menés dans ce cadre est de combiner d’une manière
inédite des sciences expérimentales (physique et chimie), les mathématiques, les
sciences de l’information avec des SHS. De nombreuses recherches reposent sur
des études empiriques construites dans le cadre d’une pratique épistémologique
innovante. L’objectif est d’intégrer des données physicochimiques dans les
modèles d’interprétation pluridisciplinaire. Cela a pour conséquence logique de
mobiliser l’histoire des sociétés dans leur dimension artistique, culturelle,
technique ou économique. On pense aussi à l’étude de l’évolution
environnementale des sites, à l’optimisation des traitements de conservation et
de restauration des objets du patrimoine. Il s’agit, en effet, à partir d’une approche interdisciplinaire des objets anciens, de
comprendre comment les patrimoines, au sens matériel et immatériel, sont le
résultat d’une série d’opérations historiques, juridiques, sociales,
scientifiques ou techniques. Le patrimoine constitue ainsi un observatoire
idéal pour saisir l’historicité des productions, des pratiques sociales qui
leur sont liées ou des évolutions environnementales. On voit émerger les problèmes de
l’authenticité, de la circulation des matériaux, des procédés techniques et des
savoirs,de la dégradation/taphonomie des objets. En parallèle, du point
de vue de la méthode et des réflexions épistémologiques, on s’interrogera sur
le problème de vocabulaire, de traitement interdisciplinaire de données
quantitatives et qualitatives, de statut social et juridique des objets
patrimoniaux et d’épistémologie/sociologie de l’interdisciplinarité. L’hétérogénéité
propre aux matériaux anciens est mise à profit comme nouvelle source d’information
à propos de leur trajectoire historique et des pratiques associées. Cette
approche réflexive transcende les approches traditionnelles et jette les bases
d’une évolution épistémologique et méthodologique de la recherche interdisciplinaire
dans ce domaine en ayant un impact direct sur ses objets concernés :
questions d’hétérogénéité, d’altération au cours du temps et d’historicité, de
croisement des échelles et d’échantillonnage.
La MSH Paris-Saclay vise à
rassembler les unités du plateau de Saclay autour des transversalités qui
émergent de la cartographie SHS concernant les problématiques patrimoniales. Au-delà même des entités
académiques, les unités de Paris-Saclay interagissent directement avec des
institutions patrimoniales et culturelles du plateau de Saclay et de ses
vallées (châteaux, musées, archives et théâtres). Ces unités travaillent avec des institutions culturelles
de premier plan, au niveau régional ou national. Certaines de ces activités
viendront naturellement s’inscrire dans le cadre de l’accord-cadre entre le
CNRS et le ministère de la Culture et de la Communication. La reconnaissance
internationale de la France dans le domaine des études sur les cultures et le
patrimoine doit amener les équipes de Paris-Saclay à accentuer les collaborations
existantes avec les universités d’Oxford, de Berkeley et de Stanford. La MSH Paris-Saclay souhaite
associer étroitement le LABEX PATRIMA et l’EQUIPEX
PATRIMEX (Patrimoines matériels : réseau d’instrumentation multisites expérimental),
ainsi que le DIM
(Domaine d’intérêt majeur) MAP (Matériaux anciens et patrimoniaux) aux
recherches sur les questions patrimoniales. L’activité pourra s’articuler avec l’infrastructure
européenne ERIHS (European Research
Infrastructure for Heritage Science) dédiée à l’étude avancée des matériaux
anciens. Les
fonds d’archives de l’École polytechnique représentent aussi une ressource
structurante pour l’histoire des sciences et des techniques du xviiie au xxie siècle. Il s’agit enfin
de porter aussi les aspects liés à la valorisation (diffusion auprès des publics, impact sur le
tourisme culturel, nouveaux médias, expertise analytique des biens
patrimoniaux, droit et économétrie du patrimoine et de la culture) via une collaboration avec le réseau de
PME PBM (Patrimoine, big data &
multimédia).