Parution – Numéro 25 de la Nouvelle revue du Travail : L’individualisation de la Formation professionnelle continue
Numéro 25 de La Nouvelle revue du Travail :
L’individualisation de la Formation professionnelle continue
Le numéro 25 de La Nouvelle revue du Travail , revue accompagnée par la MSH Paris-Saclay, vient de paraître !
Le dossier de cette livraison de la Nouvelle Revue du Travail porte sur l’individualisation de la formation professionnelle continue en s’interrogeant sur l’éventuel effacement des droits collectifs. En effet, celle-ci a été soumise à un intense réformisme social sous les différents gouvernements depuis trois décennies. Les auteur·es constatent le lent abandon du modèle universaliste au profit de la responsabilisation individuelle des salarié·es dans la gestion de leur carrière. Les articles interrogent ce processus de reconfiguration des pratiques et des usages, de la formation, que ce soit par ceux et celles qui la pensent, la mettent en œuvre ou celles et ceux qui y recourent encore… ou qui l’ont abandonnée.
La première contribution donne la parole à Françoise Laot, sociohistorienne de la formation des adultes qui s’exclame « C’est dangereux, la formation ! » Elle montre comment la formation continue a été pensée et conçue essentiellement par et pour des hommes souvent déjà qualifiés et travaillant dans des grandes entreprises. Parallèlement, elle souligne le rejet, dès les années 1970, des alternatives à l’individualisation de la formation professionnelle continue, aujourd’hui au cœur de la plupart programmes de celle-ci. Le second article s’intéresse aux coachs qui individualisent le « mal au travail », en particulier chez des salarié·es diplômé·es et professionnellement insatisfait·es de leur condition présente, pour trouver le « job de leur rêve ». L’analyse des discours des coachs montre une tendance à l’individualisation et à la dépolitisation des rapports au travail, là où les salariés sont incités à l’exit individuel plutôt qu’à la voice collective. L’article suivant traite de la reprise d’études à l’universitéqui reste une pratique marginale. Il explicite les paradoxes et les tensions d’échelles et d’intérêts qui accompagnent l’individualisation de la formation, entre impératifs collectifs, économiques et sociaux, ressources et émancipation individuelle. Le dernier article de ce Corpus nous fait découvrir les raisons du non-recours à la formation continue en entreprise qui concerne une part non négligeable de la population. L’auteur identifie une variété de profils, contrastés et hétérogènes de celle-ci en étudiant leurs rapports à la formation. Il y montre l’existence d’une « non-demande » de formation qui caractérise certains profils.
Dans la Controverse, la revue a sollicité trois spécialistes de la formation professionnelle continue pour débattre de son individualisation, du recul des négociations collectives et de l’avenir du système de formation. Si des divergences apparaissent dans le débat, les participants conviennent que cette individualisation tient largement à une instrumentalisation par l’emploi ou par l’économie et d’un recul des droits collectifs. Face à la possible ou supposée liberté de choix des individus pour être acteurs de leur parcours professionnel, les contributions font part de différentes manières des capacités individualisées à s’émanciper socialement vers des changements professionnels. Enfin, si l’individualisation de la formation peut contribuer à ajuster les formations aux souhaits exprimés par les individus, l’organisation et le contenu de celles-ci sont bien souvent fortement prescrites ce qui nuit à leur efficacité.
Champs et contrechamps s’est intéressé au Travail vu par la bande dessinée à partir d’une publication bien particulière : le no 9 de la série « Toute la philo en BD ». Laquelle est réalisée par une professeure de philo (scénariste) et par une dessinatrice interrogées par la NRT. Les deux entretiens croisés dissèquent le processus de fabrication, les modalités de travail collaboratif ou de partage des tâches et l’intensité de la coopération pour mettre en image des concepts philosophiques ou la pensée d’auteur·es, souvent perçue comme ardue. Sans omettre les conditions de travail et de rémunération d’une BD dans une collection parascolaire où il s’agit, difficulté inédite, de conduire les lecteurs vers une appropriation différente et complémentaire des concepts philosophiques.
Matériaux et Méthodes propose un genre inédit : les réflexions d’un poète face à une sociologue qui l’interroge sur sa production. En effet, chacun·e possède ses règles, ses repères, ses méthodes mais surtout diverge ou pourrait diverger quant à ses fins. L’incertitude, que la poésie immisce jusqu’au cœur du mot, tranche avec la précision à laquelle aspire en principe la sociologie. Le poète auteur de deux recueils parus dans une grande maison d’édition possède quelques affinités avec la sociologie qu’il lit de temps à autre. Comment faire vivre les deux pratiques chez le même être ? Les réponses du poète montrent la genèse en actes de ses productions, elle-même réinscrite dans sa trajectoire professionnelle
Enfin, ce numéro de la NRT rassemble 23 recensions et notes de lecture plus ou moins critiques qui donnent envie de découvrir des ouvrages récents qui, quelquefois, échappent aux lecteurs, même vigilants…
Sommaire
Corpus – L’individualisation de la formation professionnelle
Controverse
Champs et contrechamps
Matériaux et Méthodes
Recensions et notes de lecture
Diffusion
Ce numéro est disponible en version numérique (en accès ouvert immédiat) sur le journal openedition.