Webinaire AVISA - 30 MAI 2023
« Actualiser les textes, les faits et les images sous l’angle du harcèlement sexuel : enjeux éthiques et didactiques »
13h30 – 14h10. Maxime Kamin (Université de Rennes II), « Dire et représenter le viol dans les lettres médiévales : l’exemple des pastourelles (XIIe -XIII e siècles) »
Cette intervention se propose d’interroger la manière dont sont représentées dans les pastourelles, une forme littéraire dont l’intrigue repose sur la rencontre d’un chevalier et d’une bergère, des relations sexuelles obtenues par la force. Une quinzaine de ces textes, parmi la centaine que nous a transmis la tradition, se concluent en effet par un « esforcement » dont le récit laisse entrevoir, d’une pastourelle à l’autre, une écriture codifiée de la violence sexuelle.
Dans la continuité d’une analyse précédemment menée sur ce corpus , je souhaiterais plus particulièrement examiner la tendance de ces textes à euphémiser ces épisodes de brutalité sexuelle, et interroger le rapport entre ces procédés de requalification et le cadre générique, supposément comique, dans lequel ils s’inscrivent. Cette intervention permettra de mettre en évidence les caractéristiques stylistiques et narratives de ces séquences, mais aussi d’esquisser quelques pistes de réflexion sur la réception de ces textes pour un public médiéval et contemporain.
14h10 – 14h50. Jean-Christophe Abramovici (Université de Paris Sorbonne), « “Je convins qu’elle avait raison ; mais je n’en insistai pas moins”. Libertinage et harcèlement sexuel dans La Nuit et le moment de Crébillon »
On réfléchira dans cette communication sur la figuration et la nature du “harcèlement sexuel” dans le roman dialogué de Crébillon, La Nuit et le moment. Quels sens y a-t-il à utiliser cette catégorie sociologique contemporaine pour relire un texte littéraire du XVIIIe siècle ? Anachronisme ? Trahison ? Ou occasion de nous interroger sur les réflexes d’interprétation hérités et les ressorts de notre plaisir de lecture ?
14h50 – 15h30. Sarah Delale, Elodie Pinel, Marie-Pierre Tachet (université de Louvain), « Sous la passion, l’abus : comment analyser le harcèlement, les délits et les crimes sexuels en tous genres dans la littérature patrimoniale ? »
De nombreuses œuvres littéraires sont largement considérées comme des histoires d’amour et souvent acclamées comme des passions magnifiques, alors même que leurs intrigues relèvent du harcèlement sexuel. A partir d’exemples empruntés à La Princesse de Clèves, La Duchesse de Langeais, La Prisonnière, Manon Lescaut et Bel Ami, on proposera différents outils d’analyse littéraire, forgés au confluent de la narratologie, de la stylistique, de la psychologie, de la philosophie, de la sociologie, de la médecine et des études de genre. De tels outils permettent de repérer ce que cache la passion amoureuse dans la fiction, et de s’en protéger dans le réel ; ils aideront également les étudiants face aux fictions romantiques dites populaires qui reprennent les schémas de la littérature patrimoniale. En effet, ils révèlent et formalisent des procédures comportementales liées au harcèlement, mais aussi des processus de dissimulation narrative (interne aux ouvrages) ou interprétative (observable chez le public) qui mènent à ne pas lire, voir ni entendre ce que le texte expose explicitement. En résultent de nouvelles catégories d’analyse littéraire (notamment la confiscation du point de vue, la lecture par antiphrase ou les personnages projetés) et une réflexion sur le processus d’euphémisation qui caractérise aujourd’hui une grande partie du public face à la littérature patrimoniale.
Cette présentation s’inscrit dans le cadre de la parution d’un essai aux éditions Amsterdam, Pour en finir avec la passion, qui propose au public, et en particulier au public enseignant, des manières d’analyser les œuvres patrimoniales sans euphémiser leur contenu, notamment en ce qui concerne la culture du viol, les violences de genre et les violences sexistes et sexuelles.
15h30 – 16h10. Rachel Paul (Université d’Évry, Centre Pierre Naville), « De Sois belle et tais-toi à Ouvrir la voix, la question du harcèlement sexuel à 50 ans d’intervalle ? »
En 50 ans d’intervalle, ces deux films qui parlent entre autres de la sexualisation des corps de femmes abordent aussi en creux la place du harcèlement sexuel. Cette communication exploratoire analysera ces deux œuvres en se demandant si les 50 années d’écart montrent un changement dans la manière de dire le harcèlement sexuel au cinéma ?
Webinaire organisé dans la continuité du projet AVISA.
ID de réunion : 974 8493 0297
Code secret : 175311