Séminaire Pélias (périodiques littérature, arts, sciences)
La séance
La prochaine séance du séminaire Pélias, soutenu par la MSH Paris-Saclay, aura lieu le vendredi 27 janvier de 16h à 19h en hybride, sur le thème :
Revue scientifiques et création littéraire
L’accès au séminaire se fait sur inscription, avec l’envoi d’un mail à l’adresse alexiakalantzis@gmail.com ou norbert.verdier@universite-paris-saclay.fr. Le lien zoom sera envoyé aux participants quelques jours avant.
Avec :
- Paul Aron (Université Libre de Bruxelles) : La poésie des revues professionnelles
Nombre d’associations ou de secteurs professionnels publient des périodiques consacrés à leur secteur d’activité. Cela est vrai des coiffeurs comme des gaziers ou des médecins. Depuis le XIXe siècle, et jusque bien tard dans le XXe, ces périodiques impriment également des poèmes, généralement en vers, et parfois liés au métier de leurs auteurs. Ce sont ces derniers qui m’intéressent. Ils permettent à la fois de saisir au plus près les motivations des poètes amateurs, et de corréler leurs thématiques et leurs intentions avec les spécificités d’un milieu professionnel.
- Gaëlle Guyot-Rouge (Université Paris-Saclay) : À propos d’un chapitre d’En rade : les ptomaïnes ou « alcaloïdes cadavériques » dans la presse spécialisée et généraliste en 1886
En mars 1887, Joris-Karl Huysmans publie dans la 5e livraison de La Revue indépendante d’art et de littérature dirigée par Édouard Dujardin, le neuvième chapitre d’En rade[1]. Jacques Marles, exilé au château de Lourps, y parcourt le « feuilleton scientifique » d’une revue relatant la découverte de composés organiques spécifiques. Cette lecture le précipite dans une rêverie, qui envisage le développement d’une nouvelle industrie du parfum, dont la matière première serait les cadavres ; puis l’émergence de techniques de transformation des corps en arômes destinés à l’ingestion, amenées à renouveler les rites de commémoration des morts. Portant à son paroxysme l’esprit de goguenardise huysmansien, ce passage offre l’exemple archétypal d’une migration de travaux scientifiques récents vers le champ artistique et littéraire. C’est au titre de ces transferts, dont les périodiques constituent à la fois l’origine et le terme, que nous l’interrogerons. Un premier terrain d’enquête est la fiction développée par le chapitre IX d’En rade, qui renseigne sur la place prise par les périodiques dans la vie quotidienne des contemporains. L’épisode porte également trace des pratiques de lecture et d’écriture de Huysmans : Huysmans y démarque une publication scientifique contemporaine. Intitulée Ptomaïnes et Leucomaïnes : sur les alcaloïdes dérivés de la destruction bactérienne ou physiologique des tissus, celle-ci a été présentée oralement par le médecin et chimiste Armand Gautier, devant ses pairs lors des séances de l’Académie de médecine des mercredi 12 et 19 janvier 1886, puis publiée dans Les Bulletins de l’Académie de médecine et en volume par le libraire éditeur Georges Masson. Or, entre janvier 1886 et mars 1887, où le chapitre d’En rade en propose un réinvestissement littéraire remarquable, le mémoire d’Armand Gautier s’avère avoir été l’objet de nombreux relais dans la presse, assurant la « circulation » active de ses contenus dans les réseaux périodiques et éditoriaux contemporains. C’est aux formes singulières de cette circulation, à sa structure et à ses contenus, que nous nous sommes, dans un second temps intéressés, pour en proposer une cartographie ; ceci dans la perspective de mesurer, en dernier lieu, l’impact de ces médiations dans la réutilisation littéraire par Huysmans, de ces connaissances neuves, au centre d’une controverse scientifique dont nous explorerons parallèlement les enjeux.
[1] Joris-Karl Huysmans, En rade, édition présentée et annotée par Jean Borie, Paris, Folio Gallimard, 1984. Première édition : Joris-Karl Huysmans, En rade, Paris, Tresse et Stock, 1887.
Informations sur le séminaire
Le séminaire PéLiAS (Périodiques, Littérature, Arts et Sciences) se propose d’étudier les périodiques artistiques, littéraires et scientifiques du XVIIIe siècle à la première moitié du XXe siècle en tant que médiateurs culturels. Il s’agit d’analyser les périodiques en tant que constructions sociales, matérielles et entrepreneuriales, faisant intervenir de multiples acteurs : écrivains, artistes, typographes, graveurs, imprimeurs, éditeurs, ou lecteurs… et touchant des milieux socio-professionnels variés (milieux artistiques et littéraires, scientifiques, universitaires, théâtres, galeries, maisons d’édition…).
L’approche adoptée est double : les périodiques sont interrogés en tant que support de communication appartenant à la culture de l’imprimé et en tant qu’objet culturel pluridisciplinaire. La notion de médiateur permet également d’insister sur la circulation des idées, des textes, des images et des rédacteurs. Les périodiques sont pensés en termes de « réseau » : un dialogue s’établit entre les différents périodiques, au-delà des catégories traditionnelles qui opposent grande et petite presse, revues et livres, revues artistiques et littéraires et revues scientifiques. Enfin, les périodiques sont étudiés dans leur dimension de vulgarisation, tant au niveau littéraire que scientifique, et dans leur rapport au livre et aux différents publics.
Organisateurs :
- Hélène Védrine (Sorbonne Université, CELLF 19-21)
- Norbert Verdier (Paris Saclay, EST-GHDSO)
- Alexia Kalantzis (UVSQ, CHCSC)
Comité scientifique :
- Evanghelia Stead (UVSQ, CHCSC & IUF)
- Hélène Gispert (Paris Saclay, EST-GHDSO)
- Viera Rebolledo-Dhuin (UPEC, CRHEC)
- Hélène Védrine (Sorbonne Université, CELLF 19-21)
- Norbert Verdier (Paris Saclay, EST-GHDSO)
- Alexia Kalantzis (UVSQ, CHCSC)
Contacts :
Label MSH Paris-Saclay & CELLF 19-21