Séminaire du centre d’Alembert Séance 3
31 mai 2022

Séminaire du centre d'Alembert, séance 3

INFORMATIONS

La séance 3 du Séminaire du centre d’Alembert se tiendra le 31 mai de 14h à 16h sur le thème :

Partager les connaissances en contexte de science ouverte : Entre valorisation, commercialisation et institutionnalisation des savoirs

L’événement aura lieu en présentiel à la bibliothèque universitaire Orsay (bâtiment 407 – salle de conférences)

Les inscriptions sont à formuler auprès de : centre.dalembert@universite-paris-saclay.fr

PROGRAMME

Animatrice :

  • Alexia Jolivet,
    Maîtresse de conférences en sciences de l’information et de la communication,
    Études sur les Sciences et les Techniques, Université Paris-Saclay

Intervenants :

  • Lise Verlaet, Directrice de l’Institut des Technosciences de l’Information et de la Communication, Université Paul-Valéry, Responsable scientifique du programme de recherche-action NumeRev (MSH-Sud)

L’écosystème de l’édition scientifique face à la science ouverte : (re)configurations et réticularités

Nous observons depuis plus de deux décennies des dynamiques liées aux démarches d’ouverture notamment sous l’impulsion du mouvement du Libre Accès aux ressources scientifiques, mais qui se déclinent désormais au gré des sujets. Toutes ces démarches d’ouverture sont désormais regroupées sous le terme générique de Science Ouverte (Open Science) afin d’en assurer notamment la gouvernance informationnelle et stratégique. Cette institutionnalisation est loin d’être anodine. De prime abord, les enjeux économiques et sociaux prévalent dans la communication faite autour de la science ouverte, l’enjeu étant d’essayer de contrer les politiques marchandes inflationnistes de l’oligopole à frange des éditeurs commerciaux afin de permettre l’accessibilité numérique au public (et sans restriction) des principaux résultats de la recherche financée par des fonds publics, ce qui comprend les publications et les données de la recherche (OCDE, 2015). Il s’agit donc pour les politiques publiques de repenser les modèles d’affaires de l’édition de la recherche, tout en respectant le principe de bibliodiversité et en essayant de rattraper l’innovation technologique de ces grands éditeurs. Nous reviendrons sur ces rapports de force et subséquemment sur cette situation paradoxale dont l’illustration est le principe suivant  « rester aussi ouvert que possible, et fermé que nécessaire ». Par réticularité, la science ouverte vient reconfigurer à la fois les institutions de recherche et l’ensemble du cycle de recherche, ce qui implique un changement de paradigme important tout au moins dans la gestion de sa recherche. En effet, selon la Commission Européenne (2016), la science ouverte représente une nouvelle approche du processus scientifique basée sur le travail en coopération et de nouvelles façons de diffuser les connaissances en utilisant les technologies numériques et de nouveaux outils de collaboration. Nous passerons en revue quelques-uns des changements annoncés et à venir pour les institutions mais aussi pour les acteurs de la recherche.

Lise Verlaet est directrice de l’Institut des Technosciences de l’Information et de la Communication au sein de l’Université Paul-Valéry. Elle est responsable scientifique du programme de recherche-action NumeRev (MSH-Sud) qui est une plateforme d’édition scientifique en science ouverte, elle est également membre du comité de rédaction des revues Communication & Management, COSSI et Intelligibilité du numérique. Ces recherches portent sur l’audit/diagnostic des systèmes d’information, les technologies de l’intelligence, la gouvernance de l’information et l’intelligence économique qu’elle étudie en privilégiant les approches constructivistes et compréhensives.

  • Arnaud Saint-Martin Sociologue, Chargé de recherche au CNRS, CESSP (Centre Européen de Sociologie et de Science Politique – CNRS, Paris 1, EHESS)

L’essor des revues prédatrices comme révélateur des contradictions du capitalisme scientifique

L’ouverture de la science est un mot d’ordre désormais consensuel. Il s’est institutionnalisé dans les pratiques et les institutions scientifiques ces dernières années. Ses effets ont été notables sur l’édition scientifique, à commencer par l’essor des revues en accès libre. Rares sont les chercheuses et chercheurs à en nier l’intérêt : les savoirs circulent d’autant plus, et favorisent des dynamiques intellectuelles a priori fécondes. Un effet non anticipé ni toujours désiré de cette ouverture de l’édition scientifique a néanmoins été d’encourager la prolifération de revues peu ou pas conformes aux standards de « qualité » scientifique. Qualifiées de « prédatrices », ces revues se comptent par milliers, sont souvent interchangeables (« International Journal of X and Y »), et diffusent des contenus à peine cités. 

Dans cet exposé, je proposerai de revenir sur l’essor de ce segment délégitimé du marché de l’édition scientifique, d’en identifier les fonctions sociales et ce qu’il révèle des contradictions du capitalisme scientifique. L’analyse alternera entre d’une part l’objectivation des conditions d’émergence de ce milieu éditorial au fonctionnement opaque et énigmatique, et d’autre part des considérations plus normatives sur l’espèce de panique morale qu’a suscité ce développement de ce même milieu depuis le début des années 2010.

Arnaud Saint-Martin est sociologue, chargé de recherche au CNRS. Ses recherches alternent entre l’histoire des sciences et techniques, notamment astronomiques, et l’étude des transformations de l’astronautique, de la guerre froide à l’avènement du « New Space ». Il co-dirige la revue Zilsel et assure la cogérance des Éditions du Croquant.

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