Retour sur la séance 5 du séminaire Transatlantic Cultures « Le cinéma »

Retour sur la séance 5 du séminaire Transatlantic Cultures « Le cinéma »

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Le vendredi 17 février 2023 avait lieu la deuxième séance du séminaire Transatlantic Cultures (Histoires culturelles de l’espace atlantique XVIIIe-XXIe siècles) de la saison 2022-2023 sur la thématique : « Cinéma » à l’Institut National d’Histoire de l’Art (Paris). Cette séance a fait l’objet de deux interventions, l’une interrogeant les frontières poreuses du cinéma anglais et hollywoodien dans l’œuvre d’Alfred Hitchcock, l’autre revenant sur le parcours cinématographique américain d’Abel Gance.

Hitchcock transatlantique Jean-Loup Bourget (École normale supérieure)

Jean-Loup Bourget, auteur de Sir Alfred Hitchcock, cinéaste anglais a montré en quoi les œuvres du réalisateur Alfred Hitchcock sont autant influencées par la culture britannique que la culture américaine tout au long de sa carrière.

Preuve en est des films pastiches où le vocabulaire est anglais, mais la syntaxe hollywoodienne. Par exemple, dans Rebecca les acteurs sont britanniques, le scénario se déroule en Cornouailles mais les techniciens et les compositeurs sont américains, dans Correspondant 17 un journaliste américain se rend en Angleterre à la veille de la guerre. De même, le film américain Le crime était presque parfait est un huis-clos londonien et L’homme qui en savait trop se déroule à Londres.

Certains sujets sont anglais mais composés dans un cercle américain explique le professeur émérite d’études cinématographiques parmi lesquels La maison du docteur Edwardes, La Corde, Le Grand Alibi ou Pas de printemps pour Marnie.

Des acteurs anglais apparaissent régulièrement dans les films hollywoodiens d’Hitchcock à l’instar de Cary Grant dans La mort aux trousses et certains vont jouer des rôles pittoresques ; Leo G. Carroll jouera toujours des rôles « d’intellectuels ».

Jean-Loup Bourget précise que la critique française a eu tendance à négliger la période anglaise d’Hitchcock, alors que le cinéaste connaissait déjà un important succès public dans les années 1930, notamment dans les pays anglophones qui adoraient les melodramas.

Contre l’Amérique, tout contre : Abel Gance et la construction française de l’auteur de cinéma dans son rapport au cinéma hollywoodien
Dimitri Vezyroglou (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne – HiCSA)

Dimitri Vezyroglou montre qu’Abel Gance, figure de la « première avant-garde » du cinéma français, a fait partie, à côté de l’industriel Charles Pathé, de la poignée de personnalités qui ont reconnu l’importance du cinéma américain dès le début des années 1920.

Abel Gance est fasciné par le dynamisme et la technique du cinéma américain, qu’il entend reproduire en mieux dans son film fleuve Napoléon. Dimitri Vezyroglou observe toutefois chez le réalisateur un « mépris doux » de l’Amérique qui parle dans ses écrits (carnet 9, 1921) d’un pays « plein d’énergie mais sans passé ». Abel Gance réalise le premier volet de son Napoléon, certain de conquérir le public américain, grâce à la distribution de la MGM. La réception de celui-ci est mauvaise, surtout en Amérique où le public, et le distributeur lui-même, considèrent que le rythme est trop lent et déplorent un manque de continuité. Pour D.Vezyroglou, cet échec est l’illustration d’une incompréhension culturelle et d’un « fantasme auctorial ».

*Propos agencés par Anaïs Fléchet et Florence Parizot d’après les interventions de Jean-Loup Bourget et Dimitri Vezyroglou.

Le programme des prochaines séances du séminaire se trouve à cette adresse.

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