Le séminaire PéLiAS (Périodiques, Littérature, Arts et Sciences) se propose d’étudier les périodiques artistiques, littéraires et scientifiques du XVIIIe siècle à la première moitié du XXe siècle en tant que médiateurs culturels.
Il s’agit d’analyser les périodiques en tant que constructions sociales, matérielles et entrepreneuriales, faisant intervenir de multiples acteurs : écrivains, artistes, typographes, graveurs, imprimeurs, éditeurs, ou lecteurs… et touchant des milieux socioprofessionnels variés (milieux artistiques et littéraires, scientifiques, universitaires, théâtres, galeries, maisons d’édition…).
L’approche adoptée est double : les périodiques sont interrogés en tant que support de
communication appartenant à la culture de l’imprimé et en tant qu’objet culturel pluridisciplinaire.
La notion de médiateur permet également d’insister sur la circulation des idées, des textes, des images et des rédacteurs. Les périodiques sont pensés en terme de « réseau » : un dialogue s’établit entre les différents périodiques, au-delà des catégories traditionnelles qui opposent grande et petite presse, revues et livres, revues artistiques et littéraires et revues scientifiques. Enfin, les périodiques sont étudiés dans leur dimension de vulgarisation, tant au niveau littéraire que scientifique, et dans leur rapport au livre et aux différents publics.
INTERVENANTS :
-  Eleni Stavroulaki (Princeton University, Department of Art and Archaeology) La Pensée moderne de la Préhistoire. Le cas des Cahiers d’Art (1926-1969)
Entre 1926 et 1969, Cahiers d’art, la revue et la maison d’édition de Christian Zervos, s’identifie à la défense des courants post-cubistes et à une promotion – au moins dans l’entre-deux-guerres – de l’esthétique rationaliste du purisme et du fonctionnalisme. À côté de ces aspects, Cahiers d’art manifeste une ouverture pour la Préhistoire et les arts extra-occidentaux. C’est ainsi que de récentes recherches ont envisagé la revue, donnant plus de consistance au poids anticlassique de celle-ci. Dans cette intervention je vise à relativiser cette approche longtemps privilégiée, montrant que le récit de Zervos sur les arts pré- et protohistoriques ne s’établit pas sur l’idée d’une rupture évolutive avec l’Antiquité classique, mais au contraire sur celle de temporalités continuistes. Bref, je vais montrer que Zervos a comblé – à la fois sur le plan archéologique et visuel – l’écart entre la préhistoire, la Grèce classique et la production moderne.
- Jean-Michel Galland (docteur en histoire, École des Chartes)
Le « retour à l’antique » en France pendant l’entre-deux-guerres au travers des revues d’art et des livres
Il est généralement question, en littérature ou en art, d’un « retour à l’antique » pendant l’entre-deux-guerres, et d’un « retour à l’antique » appréhendé en tant qu’une composante d’un « retour à l’ordre » qui se serait produit à cette période. Nous questionnons précisément ces deux notions de « retour » dans cet exposé dont l’objet est de présenter un panorama et une analyse, textes et images, des recours, pendant l’entre-deux-guerres, à l’antiquité au travers des revues d’art et des livres illustrés publiés en France à cette période. Une présentation rapide est d’abord faite de l’approche choisie pour mener cette recherche, une approche récemment développée sur la base de la théorie des champs du sociologue Pierre Bourdieu. Nous justifions ensuite le choix des neuf revues d’art sélectionnées pour cette étude, telles que L’Esprit nouveau, Les Cahiers d’art ou Minotaure, puis nous décrivons les différentes bases de données établies dans ce cadre. La base couvrant les revues d’art compile et analyse tous les articles ayant trait à l’antiquité gréco-romaine publiés dans ces revues au cours de la période considérée. Nous rendons compte ensuite des résultats de l’exploitation de ces bases en identifiant, pour chacun des quatre secteurs du champ artistique, les formes de recours à l’antique (univers grec ou latin, orientations esthétiques et idéologiques, etc.) véhiculées par les livres illustrés et par les revues « positionnés » sur la zone considérée, dressant ainsi un panorama à travers le champ de ces recours. Nous mettons alors en évidence la cohérence de ce panorama, en montrant que les formes de recours se répartissent dans la structure en concordance avec les valeurs esthétiques et sociétales qui la sous-tendent. Nous montrons également comment cette répartition spatiale s’inscrit dans l’histoire, récente ou plus lointaine, du champ, corroborant ainsi la « loi du changement » observée pour tous les champs culturels. Nous revenons en conclusion sur les notions de « retour à l’antique » et de « retour à l’ordre » pendant l’entre-deux-guerres et sur les raisons de leur succès critique.
CONTACTS & INSCRIPTIONS
norbert.verdier@u-psud.fr et alexiakalantzis@gmail.com.
L’accès au séminaire se fera sur inscription, avec l’envoi d’un mail à l’adresse :
alexiakalantzis@gmail.com.
Le lien zoom sera envoyé aux participants quelques jours avant.