Pour cet appel à projets, la MSH Paris-Saclay a retenu 9 projets de recherches.
Chacun bénéficiera d’une dotation de 3000 € à 6 000 €, dont la gestion sera directement assurée par la MSH Paris-Saclay.
Les 9 projets retenus sont les suivants :
Projet n°1: Étiquetage Nutritionnel et Bien-être Alimentaire des consommateurs vulnérables (ENBEAV)
Responsables scientifiques : NABEC Lydiane (RITM – EA7360) et MARETTE Stephan (Economie Publique – UMR210)
Dans un contexte où « l’épidémie » d’obésité et de surpoids touche désormais un tiers de la population mondiale (Finucane et al., 2011), l’étiquetage nutritionnel porte un enjeu majeur de santé publique (PNNS 2016 ) : améliorer les comportements alimentaires des individus en les informant sur la qualité nutritionnelle.
Dans le cadre de la Loi de Santé 2016, les pouvoirs publics préconisent l’apposition d’un étiquetage simplifié en face-avant des produits agroalimentaires afin de faciliter aux consommateurs l’accès à l’information relative à la qualité nutritionnelle des produits qui leur sont offerts sur le marché. Pourtant, les recherches actuelles montrent que les effets de l’étiquetage nutritionnel sur les choix alimentaires varient selon son format (Hieke et Taylor, 2012 ; Mérigot et Nabec, 2016 ; Newman et al. 2014).
Au regard des enjeux de santé publique et des limites des recherches existantes, notre projet de recherche vise à comprendre les effets des formats d’étiquetage nutritionnel des produits agroalimentaires sur les choix alimentaires des consommateurs, selon les populations ciblées.
Il porte plus précisément sur deux cibles prioritaires, dites vulnérables :
- – axe 1. les populations économiquement vulnérables, dont le pouvoir économique est faible, afin de réduire la fracture sociale en matière de qualité de l’alimentation
- – axe 2. Les enfants lors de leur socialisation à l’alimentation.
Dans une démarche sociétale, il s’agira d’identifier les formats appropriés aux pratiques alimentaires des cibles prioritaires en matière d’alimentation et de nutrition, en nous appuyant, d’une part, sur des collectifs de consommateurs qui mènent une action collective de terrain, en proximité et d’autre part, sur des données d’achat issues de panels de consommateurs en magasin.
Projet n°2 : Le Fidelio de Beethoven. Transferts, circulations, appropriations, 1798-XXIé siècle. Atelier n°2: « Fidelio: circulations et adaptations »
Responsables scientifiques : YON Jean-Claude (CHCSC – EA2448) et GUMPLOWICZ Philippe (SLAM – EA452)
Ce projet de recherche a pour objet d’aborder l’unique “opéra” de Beethoven envisagé depuis son origine à nos jours afin de mener une réflexion sous le triple angle des transferts, des circulations et des appropriations. Tout en s’appuyant sur les études philologiques et les travaux réalisés jusqu’à présent, le projet n’entend pas reprendre l’histoire de la genèse de l’œuvre, mais vise à poser les fondements d’une histoire « connectée » de Fidelio. Il s’inscrit d’une part, dans le temps long, de 1798 (avec la création de Léonore qui a servi de source à Beethoven) jusqu’au XXIe siècle et, d’autre part, à une échelle spatiale d’envergure. Il entend poser les bases d’une réflexion internationale et interdisciplinaire (histoire, musicologie, Kulturwissenschaft, histoire de l’art, études théâtrales, histoire des idées) en mobilisant les apports d’un dialogue scientifique franco-allemand et en faisant appel à de jeunes chercheurs (doctorants et post–doctorants) et à des chercheurs confirmés venant d’horizons disciplinaires différents.
Le projet est articulé en trois ateliers et un colloque conclusif. La présente demande porte sur le deuxième atelier intitulé « Fidelio : circulations et adaptations » prévu à Zürich (Institut für Musikwissenschaft) les 2 et 3 juin 2017.
Projet n°3 : Analyse des séries temporelles et données socio-économiques historiques : nouvelles perspectives méthodologiques (ASTDSEH)
Responsables scientifiques : LEBARON Frédéric (IDHES – UMR8533) et FLIESS Michel (LIX – UMR 7161)
Ce projet a pour but de développer des coopérations nouvelles entre chercheurs en SHS (sociologie, économie) et en mathématiques et sciences de l’ingénieur, autour de la pertinence et la portée des méthodes quantitatives d’analyses des séries temporelles relatives pour le traitement des phénomènes socio-économiques historiques.
Il s’agira, à partir de bases de données facilement accessibles constituées d’indicateurs socio-économiques historiques portant sur différents pays (World Top Incomes DataBase, données macroéconomiques comme celles utilisées par David Hendry pour l’Angleterre), d’évaluer la pertinence et l’apport de divers outils d’analyse des séries temporelles pour décrire et comprendre les processus à l’œuvre : tendances, cycles, stationnarité, dépendances, etc.
Ce projet sera d’abord l’occasion de discuter de l’intérêt et des limites des cadres méthodologiques et interprétatifs développés par les chercheurs en sciences sociales dans leurs analyses des processus socio-économiques historiques.
Une attention particulière sera portée aux réflexions de François Simiand (Simiand, 1932), David Hendry (Hendry, 1981) ou encore Thomas Piketty (Piketty, 2013), s’agissant des relations entre revenus, inégalités, processus de répartition, prix, politiques publiques et changements idéologiques.
Il s’agit en particulier de mettre à l’épreuve l’idée centrale selon laquelle les dynamiques socio-économiques contemporaines, en particulier leurs aspects inégalitaires surtout depuis les années 1980 (Piketty 2013, Atkinson 2016), sont le produit de la conjonction de facteurs monétaires et financiers d’ordre structurel, de changements notables dans les politiques publiques et de transformations idéologiques de grande ampleur ayant vu en particulier le succès des idées « néolibérales » (Denord 2016).
Projet n° 4 : Le corps polychrome, les couleurs de la santé
Responsable scientifique : SAMAMA Evelyne (DYPAC – EA2449)
Pour la huitième édition des « Rencontres d’histoire de la médecine, des pratiques et des représentations médicales dans les sociétés anciennes », nous avons choisi de nous intéresser au chromatisme naturel de l’enveloppe et des sécrétions corporelles et à leur rôle dans la médecine des sociétés pré-industrielles.
Si la couleur des yeux, des cheveux, de la peau, est visible dès le premier coup d’œil et peut informer sur la personne, notamment son origine ou son âge, pour les médecins, elle constitue un des signes à prendre en compte dans le pronostic. Selon leur époque et leur compétence, les soignants en usent comme d’indices pour identifier les maladies possibles et tentent, en étudiant, puis codifiant les couleurs des excrétions et sécrétions corporelles, d’en établir une typologie signifiante.
Les textes littéraires apprécient aussi la polychromie humaine comme signe de « bonne » ou de « mauvaise » santé. Seront donc étudiées, dans les œuvres littéraires, savantes et médicales ainsi que dans l’iconographie, les couleurs de la peau, des cheveux, des yeux, et des dents, mais aussi celles du sang — par effusion ou sécrétion —, de la sueur, et des larmes, du sperme, de la salive aussi, ainsi que celles des expectorations et des différentes excrétions (buccales ou nasales), des selles et de l’urine.
Projet n° 5 : Analyse interdisciplinaire des comportements de collecte et de valorisation des données personnelles par les applications smartphone
Responsable scientifique : LE GUEL Fabrice (RITME – EA7360)
Les données personnelles sont présentées comme « le pétrole du 21 ème siècle ». Elles contribuent largement au phénomène du ‘big data’. Si ce dernier est un facteur de croissance reconnu, il ne doit pas non plus se faire au détriment du respect de la vie privée des citoyens, principaux fournisseurs de données personnelles.
L’enjeu est d’autant plus important que les objets mobiles et connectés (principalement les smartphones) sont devenus omniprésents dans la vie quotidienne et sont capables de collecter un grand nombre de données considérées comme sensibles, car pouvant servir à discriminer (par exemple, en interdisant l’accès à un emploi pour un profil déterminé d’individus).
L’objectif de notre projet est de contribuer à lever le voile sur les comportements de collecte et de valorisation des données personnelles par les applications smartphone à des fins potentielles de discrimination. La notion de ‘discrimination’ sera tout d’abord discutée sous l’angle de l’Économie et du Droit, puis nous analyserons des données originales et massives afin d’identifier des comportements potentiels de discrimination de la part des applications.
Nous nous concentrerons particulièrement sur les applications proposées aux enfants, population peu étudiée dans la littérature et encore plus sensible du point de vue de l’usage des données personnelles. Nous tirons des conclusions en termes de régulation et de moyens de protection de la vie privée des utilisateurs de smartphone.
Projet n°6 : Quand les SHS auscultent la santé – Le big bang de la santé connectée
Responsables scientifiques : FERRAND-NAGEL Sabine (RITM – EA7360) et PELLETIER-FLEURY Nathalie (CRESP – UMR1018)
Dans le cadre de la mise en réseau des chercheurs SHS au sein de l’Université Paris-Saclay, ce projet vise à proposer un premier projet fédérateur aux différents chercheurs travaillant sur la santé au sein des établissements de Paris-Saclay, tout particulièrement au sein des SHS. En première intention ce sont d’abord les économistes de la santé qui sont concernés, aujourd’hui éparpillés dans les différents établissements. Mais il s’agit aussi de profiter de l’environnement scientifique de l’UPSay pour créer un dialogue avec les autres champs scientifiques.
A ce stade, la thématique proposée pour permettre cette transversalité est la santé connectée, qui englobe aussi bien le développement de la télémédecine, la m-santé qui s’est ajoutée à l’e-santé, les big datas santé, le développement des plateformes santé, bref toutes les promesses liées au développement des technologies de l’information et de la communication (TIC) au service d’un système de santé devant relever de nombreux défis sociétaux (maladies chroniques, vieillissement, accès aux soins et disparités territoriales, éthique…).
Projet n° 7 : Fablabs, innovation, travail (FIT)
Responsables scientifiques : FAGES Volny (IDHES – UMR) et LACOUR Stéphanie (ISP – UMR7220)
Ce projet se propose d’analyser le développement rapide de lieux collectifs de pratiques technologiques et la variété des formes que ceux-ci peuvent prendre, en particulier dans le cas de la France. Qu’il s’agisse de Fablabs, de Hackerspaces, d’Openspaces, de Design Centers, de TechShops Inc., le nombre d’espaces consacrés au partage de machines et de savoirs-faires scientifiques et techniques est en constante augmentation partout dans le monde depuis une décennie.
Ces lieux, souvent articulés, historiquement, sociologiquement, voire parfois simplement rhétoriquement, au monde des makers et du DIY (Do It Yourself), prennent une place croissante dans les politiques d’innovation. Ils sont au cœur des transformations annoncées de l’enseignement et de la vulgarisation scientifique, et sont parfois présentés comme constituant les lieux d’une révolution dans la manière dont les citoyens considèrent et se saisissent de la technologie, de l’innovation, et de la science.
L’objectif du projet est d’analyser, par des études de terrain, la diversité d’organisations de ces différents lieux, la variété de leurs encrages institutionnels, et des parcours des individus qui les
fréquentent plus ou moins assidument. Il s’agira d’une part de confronter les pratiques effectives avec la multitude de discours qui accompagnent ces espaces, d’autre part d’analyser les transformations que ces lieux peuvent engendrer dans notre rapport à la technique, et enfin de saisir les modifications qui s’y produisent concernant l’articulation entre science, technologique,
travail, droit, et professionnalité.
Projet n° 8 : Authenticité : théories et pratiques, cycle de séminaires interdisciplinaires
Responsables scientifiques : CORNU Marie (ISP – UMR7220), YON Jean-Claude (CHCSC – EA2448), BERTRAND Loïc (IPANEMA – USR3461) et COLMELLERE Cynthia (IDHES – UMR853
Le thème de l ’authenticité, qui soulève de multiples questions autour de la matérialité du monument, de l’œuvre ou de l’objet d’art, est un sujet particulièrement propice à la réflexion interdisciplinaire dans le domaine du patrimoine. Ce cycle de séminaires, itinérant et organisé à tour de rôle par les différents laboratoires impliqués, l’abordera en confrontant différentes
approches disciplinaires et professionnelles.
L’objectif est de comprendre le mode sur lequel chaque discipline aborde et définit cet objet, mais aussi d’explorer les mouvements d’interaction et la part de détermination des différentes disciplines et acteurs concernés dans l’édification de la notion. Par exemple, on peut se demander en quoi l’histoire de l’art, la science historique en général, les sciences de la conservation déterminent ou influencent la qualification de l’authenticité ? La notion ou la valeur d’authenticité est en outre une notion relative, de façon générale, mais aussi dans l’espace et dans le temps, et la reconnaissance ou le fait d’en décréter la réalité peut comporter une part d’incertitude.
Il y a des degrés d’authenticité, des probabilités de l’authenticité, incertitudes parfois exprimées dans les vocabulaires. Comment le droit, l’histoire de l’art, d’autres sciences travaillant sur la matière de l’œuvre appréhendent et composent avec cette part d’incertitude ? C’est un autre des points de contacts qui seront explorés dans le cadre de ces séminaires.
Projet n°9 : Les humanités environnementales, un nouvel espace interdisciplinaire
Responsable scientifique : QUENET Grégory (CHCSC – EA2448)
Ce projet considère les humanités environnementales comme un espace discursif qui invite à reformuler les termes du dialogue entre les sciences humaines et sociales et les sciences de l’environnement autour des défis posés par les changements environnementaux et climatiques aux sociétés humaines.
L’objectif général est de constituer cet espace de dialogue interdisciplinaire au sein de Paris Saclay en s’appuyant sur le rôle d’animation de la MSH Paris Saclay. Il s’organise autour de quatre thématiques :
- les modes d’organisation de la recherche
- ce que l’environnement et le climat font aux sciences humaines et sociales
- un retour critique sur l’Anthropocène
- les récits et les formes artistiques.
Ce projet interdisciplinaire associe 3 organismes de Paris-Saclay (UVSQ–CEA–AgroParisTech) mais il s’adresse potentiellement à tous les chercheurs SHS et sciences de l’environnement dans le but de faire grandir la communauté de départ. Les participants fondateurs relèvent de l’histoire de l’environnement, de l’économie et des pratiques artistiques, de l’écologie et de la science politique : leur rôle est de montrer comment leur discipline pourrait participer aux humanités environnementales et d’enrôler d’autres disciplines dans le projet.