janvier 2017

Séminaire Valeur, prix et politique

Séminaire organisé par Christian BESSY, ENS Paris-Saclay

Après une longue série de travaux sur la qualité des produits, l’Economie des conventions a entamé depuis quelques années une réflexion sur la valeur des choses ou encore le pouvoir de valorisation de certains acteurs économiques. Il ne s’agit pas d’un simple raffinement théorique mais correspond aussi à une réflexion sur les changements politiques favorisant la marchandisation de certaines choses restées en dehors des échanges ou la montée des inégalités. On peut penser aux rémunérations versées aux superstars du football, aux grands patrons, aux traders ou, encore, aux cotes atteintes par des œuvres d’art dans les enchères publiques, témoignant pour le moins d’une forme de disproportion sinon de sentiments de forte injustice ou d’évaluation arbitraire (Steiner 2011).
La théorie économique a proposé des modèles pour expliquer ces « super prix » ou plus précisément le fait que les rémunérations et les probabilités de réussite augmentent plus que proportionnellement avec le talent et la compétence, en faisant référence à une ultra sensibilité de la demande sur un nombre limité d’individus (Rosen 1981) ou suivant une logique de « winner-take-all » ou d’avantages cumulatifs. Si ces modèles économiques ont profondément remis en cause le cœur traditionnel de la théorie économique des prix, la notion de « valeur » est le plus souvent réduite à celle de « prix ». Plus généralement, la théorie de la valeur sous-jacente à ces modèles considère la valeur des biens suivant leur utilité intrinsèque pour chacun et donc de façon préalable à l’échange (Orléan 2011). Seuls les travaux dans la lignée d’Akerlof et de Stiglitz ont montré le rôle des prix comme des « signaux de qualité », se substituant à leur fonction d’équilibrage de l’offre et de la demande
De son côté l’approche sociologique, à la suite en particulier des travaux de Simmel, met non seulement l’accent sur le fait que c’est de l’échange que les objets tirent leur valeur et non l’inverse, mais aussi, ne dissocie pas « valeur » et « prix ». Si la mesure monétaire a tendance à aplanir les différences de valeur, un prix très élevé provoquent l’effet contraire et rendent l’entité convoitée moins interchangeable et donc plus singulière. C’est dans ce sens que Lucien Karpik (2007), dans son ouvrage sur l’économie des singularités, explique la disproportion des prix au sommet de la hiérarchie des valeurs. Cette disproportion rappelle que toute volonté de classement et de hiérarchie ordonne en fait des entités incommensurables.
L’objet du séminaire n’est pas seulement de s’intéresser à l’économie de la disproportion des prix mais, plus généralement, de renouer avec les « théories de la valeur » en s’intéressant à la pluralité des modes d’évaluation des biens, aux mécanismes de la formation des prix sur divers marchés et aux différentes significations qu’ils ont pour leurs participants (Vatin 2009, Beckert et Aspers 2011). Comme l’avance O. Velthuis (2007), dans son ouvrage sur le marché de l’art contemporain, les prix ont suffisamment de consistance pour être considérés comme des symboles, et assez flexibles pour donner prise à différentes significations. Il met l’accent sur les processus de construction sociale de la valeur des objets d’art en référence aux conventions en œuvre dans les mondes de l’art. La méthodologie utilisée rejoint de ce point de vue l’approche de l’Economie des conventions sur la pluralité des modes de valorisation (Eymard-Duvernay 1989) ou des mondes de production (Salais et Storper 1993).
Mais, la particularité de cette approche est de travailler très explicitement ces « ordres de grandeur » suivant différentes philosophies politiques et façons de fonder le « bien commun » (Boltanski et Thévenot, 1991). Cette insistance sur la construction politique de la valeur est à relier avec les travaux anthropologiques d’A. Appadurai (1986) qui explore les conditions par lesquelles les objets économiques circulent dans différents « régimes de valeur » suivant l’espace et le temps. C’est ce qu’il désigne aussi comme des « politiques de la valeur » à la base de la création du lien entre échange et valeur. Ce type d’approche conduit à l’examen des carrières des personnes et des objets, suivant la variété des espaces de circulation et de valorisation qu’ils traversent, et à faire l’histoire des catégories de personnes et de choses, avec en particulier les enjeux autour de la définition des frontières. Un accent particulier sera mis sur le rôle des « intermédiaires de marché » dans la définition de ces catégories et plus généralement dans leur contribution à la définition des « conventions de valeur » sur différents types de marché (Bessy et Chauvin 2013). Il s’agit également de contribuer plus généralement à une anthropologie des façons essentielles dont les choses peuvent être structuralement différenciées et hiérarchisées (Boltanski et Esquerre, 2014)
Le séminaire comporte des séances de lecture consacrées aux textes d’auteurs importants et donne lieu à des présentations des chercheurs du laboratoire IDHES ou d’invités extérieurs.

Programme 2016-2017

  • Jeudi 15 septembre
    Intervention de Christian Bessy sur « Valeur et prix des brevets ».
  • Jeudi 13 octobre
    Intervention d’Alain Herscovici sur « La tragédie des communs : éléments pour une analyse alternative ».
  • Jeudi 17 novembre
    Intervention de Pierre-Marie Chauvin sur « Une théorie générale des réputations est-elle possible? »
  • Jeudi 15 décembre
    Intervention de Florence Jany-Catrice sur « Conflit de mesure et d’usage dans la mesure de l’indice des prix »
  • Jeudi 19 janvier
    Intervention d’Etienne Anheim sur « La genèse d’un dispositif d’évaluation de la peinture » (titre à confirmer)
  • Jeudi 23 février
    Intervention de Luc Boltanski et Arnaud Esquerre sur « Les formes conventionnelles de mise en valeur des choses ».
  • Jeudi 16 mars
    Intervention de Simon Hupfel sur « La mise en commun de savoir technologique dans le secteur de la soierie au 18ème siècle ».
  • Jeudi 21 avril
    Intervention de Maud Simonet sur « La valeur du travail bénévole »
  • Jeudi 18 mai
    Intervention de David Flacher et Hugo Harrari-Kermatec sur « Les frais de scolarité : un prix très politique »
  • Jeudi 15 juin
    Intervention de Delphine Corteel autour du livre collectif  « Que faire des restes ?»

 

Informations pratiques

Le séminaire se tient le Jeudi, de 14h30 à 16h30, à l’IDHES , ENS Paris-Saclay (bâtiement Laplace – salle Pollak)

Adresse :  ENS Paris-Saclay – 61, avenue du Président WIlson – 94230 CACHAN

Inscription obligatoire auprès de Christian BESSY (bessy@idhe.ens-cachan.fr)

 

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ISIDORE, l’accès aux données numériques des SHS

ISIDORE est une plateforme de recherche permettant l’accès aux données numériques des sciences humaines et sociales (SHS). Ouverte à tous et en particulier aux enseignants, chercheurs, doctorants et étudiants, elle s’appuie sur les principes du web de données et donne accès à des données en accès libre (open access).

ISIDORE est une réalisation de la très grande infrastructure de recherche Huma-Num (CNRS, Aix-Marseille Université, Campus Condorcet). Un marché de réalisation a été confié à un consortium composé des sociétés Antidot, Sword et Mondéca en 2009, 2010.

Que met en place ISIDORE ?

La plateforme de recherche ISIDORE se distingue des moteurs de recherche classiques en de nombreux points :

  • Moissonnage ciblé des métadonnées et données scientifiques structurées selon des standards internationaux et disponibles en accès libre sur le Web ;
  • Indexation des données non structurées (texte intégral, d’un article scientifique par exemple) et des données structurées (métadonnées documentaires, par exemple) ;
  • Normalisation des métadonnées et enrichissement des données en s’appuyant sur des référentiels reconnus dans la communauté ;
  • Interface graphique de recherche exploitant la richesse des données structurées et des référentiels pour faire de l’utilisateur un acteur de sa recherche ;
  • Mise en exergue des sources de données indexées ;
  • Mise à disposition, selon les possibilités et les accords avec les producteurs de données, des métadonnées enrichies par le moteur selon les principes du web de données (SPARQL endpoint) ;
  • Intégration possible du moteur de recherche ISIDORE dans un autre environnement par la mise à disposition d’API Web (cf. isidore@huma-num.fr. Pour ce faire, cette plateforme de recherche utilise différentes façons de moissonner les données, ce qu’on appelle des connecteurs :
    • moissonnage d’entrepôts de métadonnées et données OAI-PMH ;
    • récupération des actualités : Calenda, fabula, CNRS, MSH, Universités de Lettres et SHS (RSS, ATOM) ;
    • indexation ciblée de pages Web issues du web de données (RDF)

Le moissonnage peut être incrémenté à convenance. Ces différents connecteurs permettent la récupération d’un ensemble de métadonnées et constituent des points d’entrée vers le texte intégral qui est lui aussi indexé quand cela est possible.La ré-exposition des métadonnées enrichies suit, quant à elle, les principes du Web de données dont se réclament les mouvements de mise à disposition des données publiques comme data.gov (USA) et data.gov.uk (UK). A ce titre, la plateforme de recherche ISIDORE y contribue largement au titre de la recherche en SHS en France. Outre un gage de transparence des actions effectuées par le moteur pour aider à la recherche, cette composante s’avère essentielle, car, plus que de simples interfaces de recherche, ISIDORE, offre de par cette fonctionnalité, les moyens à l’ensemble de la communauté d’enrichir constamment ses propres données.

De plus, sur www.rechercheisidore.fr, les interfaces de recherche offrent la possibilité d’étendre et de compléter sa recherche par des réponses venant des grands catalogues bibliographiques, comme ceux de l’ABES par exemple, ou de la BNF. Il est possible d’ajouter des catalogues bibliographiques.

De par sa vocation, ISIDORE privilégie l’accès à des données en libre accès (open access) produites par des organismes de recherche et de l’enseignement supérieur, des laboratoires, des équipes de recherche : édition électronique, bases de données documentaires, fonds numérisés de bibliothèques de recherche, carnets de recherche, annonces d’événements scientifiques.

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Huma-Num, le TGIR des Humanités Numériques

Huma-Num est une très grande infrastructure de recherche (TGIR) visant à faciliter le tournant numérique de la recherche en sciences humaines et sociales.

Pour remplir cette mission, la TGIR Huma-Num est bâtie sur une organisation originale consistant à mettre en oeuvre un dispositif humain (concertation collective) et technologique (services numériques pérennes) à l’échelle nationale et européenne en s’appuyant sur un important réseau de partenaires et d’opérateurs.

La TGIR Huma-Num favorise ainsi, par l’intermédiaire de consortiums regroupant des acteurs des communautés scientifiques, la coordination de la production raisonnée et collective de corpus de sources (recommandations scientifiques, bonnes pratiques technologiques). Elle développe également un dispositif technologique unique permettant le traitement, la conservation, l’accès et l’interopérabilité des données de la recherche.

Ce dispositif est composé d’une grille de services dédiés, d’une plateforme d’accès unifié (ISIDORE) et d’une procédure d’archivage à long terme.

La TGIR Huma-Num propose en outre des guides de bonnes pratiques technologiques généralistes à destination des chercheurs.

Elle peut mener ponctuellement des actions d’expertise et de formation. Elle porte la participation de la France dans le projet DARIAH en coordonnant les contributions nationales. La TGIR Huma-Num est portée par l’Unité Mixte de Services 3598 associant le CNRS, l’Université d’Aix-Marseille et le Campus Condorcet.

Conférence, Stéphane POUYLLAU, directeur technique de la TGIR Huma-Num, à la Miason des Sciences de l’Homme de POitiers du 18/10/2016: :

  • Partie 1
  • Partie 2

 

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Les Petits D̩jeuners Durkheim РProgramme 2017

La nouvelle édition des Petits Déjeuners Durkheim évolue !

Les Petits Déjeuners Durkheim s’ouvrent en 2017 aux chercheurs des laboratoires de l’Université Paris-Saclay, et sont opérés par la MSH Paris-Saclay.

Les séances sont ouvertes au public. Elles seront captées et mises en lignes sur le site internet de la MSH Paris-Saclay.

Programme 2017

Vendredi 20 janvier

Droit et Société : présentation de la revue et des collections d’ouvrages par Jacques Commaille, Laurence Dumoulin, Pierre Brunet et Vincent Simoulin

Vendredi 24 février

Camille Dupuy, Journalistes, des salariés comme les autres ? Représenter, participer, mobiliser (Presses universitaires de Rennes, 2016)

Vendredi 24 mars

Stéphane Blond, L’atlas de Trudaine. Pouvoirs, cartes et savoirs techniques au siècle des Lumières (Comité des travaux historiques et scientifiques – CTHS, 2014)

Vendredi 21 avril

Benoit Bastard, David Delvaux, Christian Mouhanna et Frédérix Schoenaers, Justice et précipitation : l’accélération du temps dans les tribunaux (Presses universitaires de Rennes, 2016),
Céline Béraud, Claire de Galembert et Corinne Rostaing, De la religion en prison (Presses universitaires de Rennes, 2016),

Vendredi 19 mai

Maryse Bresson, Jean Cartier-Bresson, Vincent Geronimi et Frédéric Leriche, Le temps des sciences sociales. Temporalités plurielles et défis de la mesure (Karthala, 2016)

Juin

L’héritage de la pensée de Durkheim (programme à venir)

Accès

Bibliothèque Durkheim

B̢timent Laplace РENS Paris-Saclay

61 avenu du G̩n̩ral Wilson Р94230 CACHAN
Inscription conseillée : bib.durkheim@ens-paris-saclay.fr

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Appel à Manifestation d’Intérêt « Technologies photoniques : l’imagerie pour le biomédical »

L’Ile-de-France, région phare de la photonique, des MedTech et des BioTech concentre acteurs académiques et industriels de ces trois domaines et crée ainsi un écosystème favorable à l’émergence de projets communs. Les technologies photoniques sont depuis toujours au cœur des outils à la disposition des médecins et des biologistes.

Les progrès importants réalisés ces dernières années en imagerie photonique et en traitement des images n’ont fait que renforcer cette place. L’Ile-de-France accueille 50% des entreprises françaises de BioTech, ce qui en fait la 3e région européenne. Elle est par ailleurs la 2e région française en MedTech (dispositifs médicaux).

BESOIN ? 

La photonique est source d’innovation dans l’imagerie pour le biomédical dans 4 principaux domaines :

  • L’imagerie des tissus biologiques et du petit animal (sans marquage, suivi temps long, nouveaux marqueurs…
  • L’imagerie médicale in vivo, in vitro et endoscopique
  • Le traitement d’images, la fusion d’images et l’aide au diagnostic
  • Les systèmes d’imagerie low-cost et connectés
 QUI ?

Les 3 SATT d’Ile-de-France (SATT IDF Innov, SATT Lutech et SATT Paris-Saclay) s’associent à Opticsvalley pour promouvoir l’émergence et la maturation de projets innovants dans le domaine de l’imagerie photonique pour le biomédical. Cet Appel à Manifestation d’Intérêt est ouvert aux chercheurs des universités et établissements publics de recherche d’Ile-de-France et de l’université de Compiègne.

QUOI ?

Cet appel concerne toute technologie photonique pouvant répondre aux besoins de la biologie et/ou de la santé, notamment ceux exprimés précédemment, et à tout type de transfert (projet de start-up, transfert de licence(s) de brevet(s) et/ou de savoir-faire, etc.). Cet appel s’adresse à des projets d’une durée de 3 à 24 mois environ pour des montants de 5 000 à 250 000 € environ.

QUAND ?

Cet Appel à Manifestation d’Intérêt est ouvert du 2 janvier au 15 février 2017 et donnera lieu à un comité de pré-sélection (SATT / Opticsvalley / Investisseurs / experts scientifiques et entrepreneurs) en avril 2017.

Suite à ce comité, les porteurs de projets retenus seront accompagnés par les SATT pour affiner leur pré-projet. Le cas échéant, les projets affinés seront présentés aux organes décisionnels de chaque SATT pour décision finale et financement du projet.

Plus d’informations: photonique@satt.fr

Pour télécharger l’appel complet : AMI-Photonique-Imagerie-Médicale-2017

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Qu’est-ce-que la SATT Paris-Saclay ?

Née du programme « Investissements d’Avenir », la SATT Paris–Saclay est une Société d’Accélération de Transfert Technologique basée à Orsay, créée le 16 juillet 2014.

Trois directions la caractérise :

DYNAMISER L’INNOVATION

La SATT a pour but de valoriser la recherche et d’accompagner le transfert des technologies et des savoir-faire des laboratoires de l’Université Paris-Saclay en direction des entreprises. Elle favorise en cela la dynamisation de l’innovation en vue de développer richesse économique et emplois sur le territoire.

PROXIMITÉ ET CONFIANCE

La mission de la SATT Paris–Saclay est d’assurer la détection des inventions issues des laboratoires académiques, de sécuriser leur protection intellectuelle et de favoriser leur maturation jusqu’à la création de valeur économique via des transferts de technologie ou la création d’entreprises.
360 DEGRÉS

La SATT intervient sur toute la chaîne du transfert de technologies :

  • Veille et identification des projets innovants
  • Analyse de la concurrence et des besoins du marché
  • Financement : investissement dans des projets de maturation
  • Gestion des projets de maturation
  • Dépôt et entretien des titres de propriété intellectuelle
  • Commercialisation et transfert vers le monde économique
  • Recherche de technologie innovante pour les industriels

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Soirée conférence « Concepts et enjeux liés au cluster d’aujourd’hui »

France Clusters, l’INRA et l’ANPP vous invitent à venir découvrir les concepts et enjeux liés au cluster d’aujourd’hui : innovation ouverte, ancrage territorial, politique d’aménagement du territoire, clusters et enjeux territoriaux, implication sociétale, interaction avec les parties prenantes…

Avec les présentations de :

  • André Torre, Economiste et Directeur de recherche à l’INRA et AgroParisTech, membre du bureau de la MSH Paris-Saclay
  • Jean-Benoît Zimmermann, Directeur de Recherche au CNRS
  • Gwénael Doré
  • Michael Restier, Directeur de l’ANPP

Programme :

18h – 19h

Introduction : Philippe Serizier (Institut CDC pour la Recherche)

Cette soirée sera l’occasion de vous présenter :

  1. Le numéro de la Revue d’Economie Industrielle « Des clusters aux Ecosystèmes industriels locaux » édité par André Torre et Jean-Benoît Zimmermann
    L’ouvrage édité par André Torre et Jean-Benoît Zimmermann, après avoir retracé l’histoire des systèmes localisés de production, aborde la question de l’approfondissement de l’approche par les clusters vers des écosystèmes industriels et écosystèmes d’affaires. La démarche vise à problématiser et illustrer la manière dont les systèmes industriels localisés, aujourd’hui le plus souvent dénommés  » clusters « , au-delà des aspects d’interactions locales et globales entre les acteurs économiques, se doivent de plus en plus d’intégrer des préoccupations environnementales et de tenir compte des dimensions sociétales et citoyennes.
    Avec dans le prolongement, les exemples venant illustrer l’actualité des clusters :
  2. Mémento de bonnes pratiques « les lieux d’innovation pour développer des coopérations interentreprises sur les territoires »
    Réalisé par France Clusters et l’INRA, dans le cadre d’un projet par le Réseau Rural National, ce mémento est un travail d’analyse consistant à présenter les outils de créativité pour développer des coopérations interentreprises sur les territoires : Comment mettre en place un site dédié à tous les acteurs de la filière pour proposer : un lieu d’accueil pour les entreprises, des outils, des équipements techniques et des services haut de gamme dans un objectif de mutualisation et de développement d’activité ?
  3. Mémento de bonnes pratiques « clusters et territoires locaux »
    Réalisé par l’ANPP, dans le cadre d’un projet par le Réseau Rural National

19h – 20h

Débat suivi d’un apéritif convivial

 

Inscription

Inscription gratuite et obligatoire avant le 13 janvier 2017. Dans la limite des places disponibles.

Inscription en ligne

 

Info pratique

Lieu : AgroParisTech, 16 rue Claude Bernard, 75005 Paris

Date : le 18 janvier 2017 de 18h à 20h

Pour toute question : Elise DUREY – France Clusters / elise.durey@franceclusters.fr / 04 78 54 67 09

 

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Appel à article de la Revue Française de Sociologie sur « Big Data, Sociétés et Sciences Sociales »

Numéro spécial Revue française de sociologie : « Big Data, Sociétés et Sciences Sociales »

Coordination scientifique
Gilles BASTIN (Laboratoire PACTE, Sciences Po Grenoble),
Paola TUBARO (Laboratoire de Recherche en Informatique, CNRS, Université de Paris-Saclay)

Peu de sujets ont suscité dans les années récentes autant d’intérêt dans le débat public et dans les sciences sociales que celui des big data. La montée en puissance de nouvelles sources de données massives produites principalement par les technologies numériques alimente, depuis le début des années 2010, une réflexion et des craintes sur le fonctionnement des sociétés contemporaines et la production du savoir sur ces sociétés. Une grande part de la littérature consacrée aux big data oscille encore entre deux approches.

La première vise à caractériser de manière instrumentale ces données (par exemple par opposition aux données plus classiques utilisées par les chercheurs) et l’usage qui en est fait (Kitchin, 2013). La seconde met en avant de manière critique les risques induits par les big data : non seulement l’obsolescence de la méthode scientifique d’analyse des données appelée à être remplacée par des algorithmes sans lien fort avec les théories sociales (Anderson, 2006), mais aussi, et surtout, l’apparition d’une nouvelle forme de société « dirigée par les données » (Pentland, 2012), inaugurant des bouleversements de nos façons de vivre, de travailler et de penser (Mayer-Schönberger et Cukier, 2013) ou une nouvelle « gouvernementalité » (Rouvroy et Berns, 2013).

On dispose cependant encore de peu de travaux interrogeant les effets sociaux et les implications scientifiques des big data à partir d’une expérience de première main dans le domaine. Cet appel à contributions vise à mobiliser la communauté des sociologues qui s’intéressent aux big data et qui les utilisent autour de deux grandes questions qui ne nous paraissent pas devoir être séparées : comment les big data transforment-elles la société ?

Comment ces données affectent-elles la pratique des sciences sociales ? Cette double approche consistant, dans une perspective de sociologie des processus de datafication, à réfléchir à la quantification du social comme Alain Desrosières l’avait fait au sujet des statistiques, considérant en même temps « leurs apports de connaissance et les circuits sociaux de leur mise en forme et de leurs usages » (Desrosières, 2005). Notre objectif est par là de contribuer à la réflexion engagée depuis quelques années dans les sciences sociales sur les effets sociaux, économiques, juridiques et politiques, d’une part, méthodologiques et épistémologiques, d’autre part, du « déluge de données » (Hey et Trefethen, 2003) qui a accompagné trois phénomènes sociaux congruents. Le premier
est le développement des pratiques de documentation et de digitalisation de pans entiers de l’expérience sociale des individus sur le web.

Le second concerne la numérisation des produits culturels comme les livres, la musique ou les medias. Le troisième enfin est la généralisation de la collecte de traces d’usages et de pratiques sociales par des capteurs connectés au web dans des domaines très variés comme la santé, les déplacements ou la vie domestique.

Un premier type d’articles attendus concerne la généalogie du phénomène big data, aussi bien comme une forme d’innovation scientifique, dans des champs disciplinaires plus ou moins proches des sciences sociales, que comme un sujet du débat public (Beer, 2016). Les conditions historiques de diffusion du concept et des méthodes des big data pourront être examinées à l’aide d’études comparatives qui seraient utiles pour comprendre dans quelle mesure le contexte institutionnel pèse sur leur généralisation et la façon dont elles ont pénétré les espaces publics et académiques dans différents pays. La question du rapport (ou de l’écart) entre définition « publique » et définition « scientifique » des big data (Michael et Lupton, 2016) pourrait aussi être abordée dans des articles analysant ce phénomène sur un plan généalogique.

Les contributions pourront aussi aborder les nombreux problèmes publics qui ont émergé dans le sillage des big data. La façon dont la révolution des données modifie la perception de la vie privée et brouille la frontière entre sphère publique et sphère privée est un premier exemple de ces problèmes publics (Tubaro, Casilli et Sarabi, 2014). D’autres phénomènes peuvent être cités comme la question de la surveillance des populations rendue possible par la récupération massive d’informations sur les individus à partir des traces numériques de leurs activités. La question du « digital labor », souvent invisible et non rémunéré, qui permet d’alimenter les bases de données (Terranova, 2000 ; Cardon et Casilli, 2015 ; Scholz, 2012) comme celle du développement des algorithmes destinés à les traiter pourra aussi donner lieu à des propositions d’articles.

Le regard peut aussi se porter sur la propriété privée des données et sur l’injection de ressources informationnelles massives dans la chaîne de valeur économique, qui sont souvent l’apanage de grandes entreprises et qui déplacent les rapports de pouvoir en faveur de celles-ci, par rapport aux États et aux autorités publiques. Les contributions proposées pourront s’intéresser aux formes de discrimination « algorithmique » résultant des segmentations de marché très fines que les big data facilitent, ou aux inégalités d’éducation et d’accès aux données. Enfin des articles pourront aborder la manière dont les big data peuvent a contrario faciliter l’implication citoyenne et la participation démocratique, donnant une voix à des couches de la population traditionnellement moins bien représentées, notamment par la mise à disposition de données dans le cadre de l’open data (mouvements sociaux, datajournalisme, etc.).

Dans une perspective réflexive de sociologie de la profession de sociologue, d’autres propositions pourront aborder les effets de l’usage de ce type de données dont l’origine se situe généralement dans la pratique des individus et des institutions, en dehors de toute démarche de recherche. Si l’on adopte le point de vue réflexif de Burrows et Savage dans leur fameux article sur la « coming crisis » de la sociologie empirique (Savage et Burrows, 2007), celle-ci serait simplement en train de perdre sa « juridiction » sur tout un pan de la connaissance de la société. L’entretien et l’enquête par questionnaire qui lui ont longtemps assuré cette juridiction seraient en effet dépassés par de nouveaux modes de représentation de la société sans lien évident avec les connaissances sociologiques acquises et fondées sur la commodification des données personnelles.

La Revue française de sociologie souhaite aussi susciter des réflexions d’ordre méthodologique sur les big data. Les chercheurs en sciences sociales se sont engagés récemment dans l’analyse et, de plus en plus, l’utilisation de ces nouveaux matériaux (Cardon, 2012). Il nous semble que ce numéro pourrait leur donner l’occasion de rendre visibles les écueils qu’ils rencontrent en chemin et la façon dont ces données mettent en tension les « assemblages » techniques, méthodologiques et déontologiques qui forment leur appareil de preuve (Ruppert, Law et Savage, 2013).

Si, dans le discours courant, les big data sont souvent présentés en termes de rupture, ces contributions pourront notamment s’interroger à partir d’exemples concrets sur les éléments de continuité que l’on peut trouver dans leur utilisation par rapport à celle des small et des medium data dont s’est nourrie la sociologie tout au long de son histoire : l’enquête de terrain, l’interview, la statistique publique, etc. Un défi qui pourrait être discuté est celui des compétences désormais exigées du sociologue et par là, de l’interdisciplinarité nouvelle qui se crée dans les lieux de production de ces données.

L’usage des big data suppose en effet que le sociologue se forme aux méthodes de pointe de l’informatique (machine learning, visualisation des données) ou collabore avec des spécialistes de ces méthodes. Les effets de ces changements doivent être analysés dans le détail à l’image des opérations concrètes de ce que l’on peut appeler la datafication, par exemple le travail des « petites mains » des données (Dagiral et Peerbaye, 2012) ou des conflits d’interprétation qui naissent de la production des données d’enquête lorsque le sociologue doit les négocier avec leurs producteurs individuels, les plateformes d’agrégation de contenus et la CNIL (Bastin et Francony, 2016). La question de l’échantillonnage des données pourra aussi être au centre de propositions d’articles dans la lignée des débats soulevés par exemple par le Great British Class Survey (Savage et al., 2013 ; Mills, 2014).

Enfin, sur un plan épistémologique, des articles sur les aspects théoriques de l’épistémologie des sciences sociales à l’heure des big data pourront être publiés dans ce numéro. Les big data bouleversent-ils l’espace de l’enquête et le raisonnement sociologique (Passeron, 1991) comme l’avancent certains en craignant le glissement de l’explication causale à la simple mise en évidence de corrélations que provoqueraient les big data ? Comment comprendre l’émergence de notions comme celle de « trace » qui remet au goût du jour le paradigme de l’indice (Ginzburg, 1980) dans les études sur le numérique (Merzeau, 2009) ou encore celui de l’enquête fondée sur le modèle de la police scientifique — « forensic social science » (Goldberg, 2015) ?

Si ces quelques exemples n’épuisent pas l’ensemble des interrogations possibles sur le sujet de ce numéro spécial, il est opportun de préciser que des travaux discutant d’aspects méthodologiques spécifiques ou des défis techniques posés par les big data (par exemple, les problèmes de documentation ou de curation) seront les bienvenus pourvu qu’ils apportent des éléments permettant de les relier à la théorie ou la pratique sociologique. Réciproquement, sur les questions les plus théoriques soulevées par la thématique du numéro, un ancrage dans une étude de cas documentée précisément sera fortement apprécié.

Gilles Bastin et Paola Tubaro

Références

Anderson, C. (2006). « The End of Theory: The Data Deluge Makes the Scientific Method Obsolete », Wired.
Bastin, G. et Francony, J.-M. (2016). « L’inscription, le masque et la donnée. Datafication du web et conflits d’interprétation autour des données dans un laboratoire invisible des sciences sociales », Revue d’Anthropologie des connaissances, 10(4).
Beer, D. (2016). « How should we do the history of Big Data ? », Big Data & Society, 3(1).
Cardon, D. (2012). « Regarder les données », Multitudes, 2012/2, n° 49.
Cardon, D. et Casilli, A.A. (2015). Qu’est-ce que le digital labor ?, Éditions de l’INA.
Dagiral, É. et Peerbaye, A. (2012). « Les mains dans les bases de données », Revue d’anthropologie des connaissances, 6(1).
Desrosières, A. (2005). « Décrire l’État ou explorer la société : les deux sources de la statistique publique », Genèses, n° 58.
Ginzburg, C. (1980). « Signes, traces, pistes », Le débat, n° 6.
Goldberg, A. (2015). « In defense of forensic social science », Big Data & Society, 2(2).
Gray, J., Chambers, L. et Bounegru, L. (2012). The data journalism handbook. O’Reilly Media, Inc.
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Consignes pour les auteurs

Les propositions de contribution (min. 1 000 mots – max. 1 500 mots, bibliographie non incluse), en français ou en anglais, devront être adressées à Christelle Germain
(christelle.germain@cnrs.fr), secrétaire de rédaction, au plus tard le 28 février 2017.
Elles feront l’objet d’un examen conjoint par les signataires de cet appel et un autre membre de la Rédaction. La notification d’acceptation sera rendue au plus tard le 30 mars 2017.
Les auteurs dont la proposition aura été retenue devront soumettre leur texte, dont la longueur ne dépassera pas 70 000 signes (espaces, bibliographie et figures compris), au plus tard le 15 septembre 2017. Chaque article sera évalué indépendamment par les coordinateurs scientifiques du dossier et, de manière anonyme, par le comité de lecture de la Revue française de sociologie.

Appel à article de la Revue Française de Sociologie sur « Big Data, Sociétés et Sciences Sociales » Lire la suite »

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