Qu’apportent les sciences participatives aux pratiques de recherche ? (23-SEM-05)
Porteurs
- Julien GARGANI (Centre d’Alembert et UMR Geops)
- Alexia JOLIVET (EST)
Résumé
Plaisir de partager les connaissances, nécessité de s’ouvrir au monde, nouvelle méthode d’élaboration du savoir : les sciences participatives seraient-elles un élément déterminant capable de transformer les manières de faire de la recherche ? Les sciences participatives apparaissent aujourd’hui comme une nouvelle possibilité offerte à des publics plus larges d’avoir des activités nouvelles, de faire oeuvre utile ou d’être un loisir « intelligent ». Dans un contexte de défiance envers les sciences et les paroles d’autorité, elles pourraient aussi contribuer à regagner la confiance d’une partie de la population.
Pourtant, alors qu’elles sont souvent présentées comme nouvelles, les sciences participatives ne font-elles pas parties d’une longue histoire, où les amateurs, les non-professionnels, voire les intermittents de la recherche, contribuent à établir les connaissances et les diffuser ? Des contributions des petites mains lors des fouilles archéologiques, au communautés d’astronomes amateurs scrutant le ciel, en passant par les amateurs de fossiles ou de papillons, n’y a-t-il pas depuis longtemps des collectifs essentiellement mus par la curiosité qui oeuvrent à la connaissance commune ? Plus qu’un geste désintéressé des communautés de recherches vers les amateurs et les usagers des sciences, cette pratique peut-elle résulter d’un besoin de main d’oeuvre pour produire des résultats de recherche rapides, à bas coût et visibles ?
Mais au-delà de cela, en oeuvrant à faire émerger des sujets de recherche utiles à des populations souvent mal prises en compte par les problématiques de recherche, les sciences participatives peuvent aussi être un remède à la mélancolie de communautés de recherche désireuses d’un surcroit de sens à leurs activités (recherches orphelines) ou une manière pour des communautés ayant un besoin -une urgence- spécifique d’agir pour orienter les recherches, comme en agronomie ou pour les associations de malade ? En plus des questions éthiques que pose l’implication de publiques larges, engagés et non-rémunérés, les sciences participatives suscitent des questions épistémologiques spécifiques sur les diverses pratiques émergentes et leurs fécondités.