Edition

Numéro 216 de L’Homme & la Société : Actualités de la moralisation du capitalisme

Numéro 216 de L'Homme & la Société : Actualités de la moralisation du capitalisme

Le numéro 216 (2022/1) de L’Homme & la Société, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru !

Actualités de la moralisation du capitalisme

Coordonné par Jean-Pierre Durand, Bernard Hours et Monique Selim

Se voulant désormais inclusif et participatif, le capitalisme entend intégrer les « parties prenantes », c’est-à-dire autant les actionnaires, les sous-traitants que tous les acteurs gérés comme des clients, dans l’illusion du gagnant-gagnant, formule clé de l’enrôlement volontaire. Alors que le capitalisme passait pour immoral durant la guerre froide, il ambitionne désormais de produire les règles sociales et morales qui optimisent son fonctionnement. Moralisation de la finance et de l’entreprise, verdissement de l’économie, respect de l’environnement et de la nature, bienveillance vis-à-vis des femmes, purification des sexualités et équité de genre, proclamations anti-discriminatoires, décontractualisation du travail au nom de la liberté et du bien-être individuels, sont autant d’éléments parmi de multiples autres qui marquent l’emprise du marché comme modèle de société. Masquant des inégalités et des injustices croissantes dans des vapeurs de vertu, un vaste processus de moralisation du capitalisme est à l’œuvre. Dans ce dossier, anthropologues, philosophes, sociologues et économistes appréhendent sous différents angles ce programme global de mystification collective qui s’imprime dans les subjectivités et se bâtit au nom de la morale.


Sommaire

ÉDITORIAL

  • Sortir de la peur et de l’obsession médiatique, par Judith Hayem

DOSSIER

  • La bonne gouvernance morale du capitalisme, Introduction par Jean-Pierre Durand, Bernard Hours et Monique Selim
  • La naturalisation morale du capitalisme, par Bernard Hours
  • Responsabilité, crises et globalisation : la sanction du marché, par Laurent Bazin
  • Quelle est la nature de l’environnement aux yeux du capitalisme ?, par Antoine Heemeryck
  • Les objets encombrants de la croissance verte et inclusive, par Assen Slim
  • Confucianisme et éthique entrepreneuriale : quelques aspects managériaux de l’entreprise « confucéenne » en Chine contemporaine, par Lan Jiang Fu
  • Un renouvellement moral constant du capitalisme par la médiation sexuelle, par Monique Selim
  • Alerte éthique générale : de la grande entreprise au secteur social et médico-social, par Anne Salmon

DÉBATS ET PERSPECTIVES

  • Écrire sur la Shoah : H. G. Adler, une mémoire oubliée, par Margaret Manale

NOTE CRITIQUE

  • Anticapitalisme et auto-émancipation : le marxisme ésotérique de John Holloway, par Richard Sobel

COMPTES RENDUS

  • Rose-Marie LAGRAVE, Se ressaisir. Enquête anthropologique d’une transfuge de classe féministe, Paris, La Découverte, 2021, 438 p., par Bernard Hours
  • François CARDI, Photographie et sciences sociales. Essai de sociologie visuelle, Paris, L’Harmattan, 2021, 244 p., par Salvador Juan

REVUE DES REVUES 2021

  • Écume événementielle des jours ou enjeux sédimentables de l’actualité ? Le convivialisme comme alternative aux impasses politiques du temps présent?, par Salvador Juan

Diffusion

Ce numéro est disponible via le portail Cairn.

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Numéro 214-215 de L’Homme & la Société : Petites et grandes résistances dans les domesticités

Numéro 214-215 de L'Homme & la Société : Petites et grandes résistances dans les domesticités

Le numéro 214-215 (2021/1-2) de L’Homme & la Société, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru !

Petites et grandes résistances dans les domesticités

Coordonné par Alizée Delpierre et Ranime Alsheltawy

Comment les travailleuses et travailleurs domestiques résistent-elles et ils à la domination ? Quelles sont leurs luttes individuelles et leurs mobilisations collectives ? Les rapports de travail domestiques reposent sur un ensemble de mécanismes de subordination et d’oppression, bien étayés par la littérature, qui invitent à tourner notre regard vers les manières dont ils sont contestés. Ce dossier a pour ambition d’interroger les formes de résistance déployées par celles et ceux qui prennent en charge les tâches domestiques et familiales au domicile des autres, contre rémunération et avantages en nature. La diversité des cas empiriques et des contextes ici mobilisés en parcourt trois formes : des contestations individuelles dans les interactions quotidiennes aux initiatives collectives portées par des institutions, en passant par l’étude de la mise en récit des résistances dans la production littéraire et artistique. Le dossier dans son ensemble invite à une réflexion sur l’émancipation des travailleuses et travailleurs à l’heure où les emplois domestiques se massifient à travers le monde, malgré des conditions de travail très dégradées. Si leurs résistances résultent de l’impulsion ou du soutien d’institutions privées comme publiques, il est faux de croire que les travailleuses et travailleurs ne peuvent rien sans elles : leurs résistances émanent aussi d’une auto-émancipation dont il s’agit de comprendre les conditions.

Sommaire

ÉDITORIAL

  • De la légitimation politique d’une trappe identitariste, par Monique Selim
DOSSIER
 
  • Petites et grandes résistances dans les domesticités, Introduction par Ranime Alsheltawy et Alizée Delpierre
  • Genèse de la convention collective des employés de maison (1930-1951). La mobilisation des employeuses pour la reconnaissance du travail domestique en France, par Isabelle Puech
  • Le droit est le masque de la lutte. Lorsque des travailleuses domestiques saisissent la justice, par Caroline Ibos
  • Entre angoisses et calculs : l’épreuve de la « domination rapprochée », par Dominique Memmi
  • « Employers don’t know what I feel behind that smile ». Penser les résistances dans l’économie mondialisée du travail domestique, par Julien Debonneville
  • La « mauvaise humeur » des domestiques : s’exprimer pour affirmer son individualité ? Approche historique, pat Margot Beal
  • Performance et exclusion. La place du corps au sein du mouvement intersectionnel des travailleuses domestiques migrantes au Liban, par Dalia Zein
  • Résister dans un environnement contraint. Le cas des travailleuses domestiques immigrées au Liban, par Marion Tertre

HORS-DOSSIER

  • La Honte, l’histoire d’une revanche sociale?, par Danial Basanj et Fereshteh Fakour Manavi

NOTES CRITIQUES

  • L’acte de transgression s’assure-t-il un futur ?, par Michel Kail
  • Tolstoï « revenu parmi nous », par Margaret Manale

COMPTES RENDUS

  • Hélène CLAUDOT-HAWAD, Habiter le désert. Les Touareg de l’Ahaggar photographiés par Marceau Gast, 1951-1965, Paris, Non Lieu, 2021, 240 p., par Christophe Daum
  • Stéphanie BOULARD & Catherine WITT (dir.), Ententes – À partir d’Hélène Cixous, Paris, Presses Sorbonne Nouvelle, 2019, 238 p., par Catherine Nesci

REVUE DES REVUES 2019-2020

  • Écologie et effondrisme, classes sociales et inégalités, passé et devenir de la sociologie, par Salvador Juan

Diffusion

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Numéro 40 de terrains & travaux : Dire la sexualité

Numéro 40 de terrains & travaux : Dire la sexualité

Le numéro 40 (2022/1) de terrains & travaux, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru !

DIRE LA SEXUALITÉ

Numéro coordonné par Pierre Brasseur, Milena Jakšić et Cécile Thomé

Le n° 40 (2022/1) de terrains & travaux est constitué d’un dossier thématique intitulé « Dire la sexualité », ainsi que de deux articles hors dossier.

Sommaire

DIRE LA SÉXUALITÉ

  • Comment peut-on dire la sexualité ?, Introduction par Pierre Brasseur, Cécile Thomé et Milena Jakšić
  • La consultation gynécologique, une instance paradoxale dans la socialisation des jeunes femmes à la sexualité, par Aurore Koechlin
  • Ne pas dire la sexualité. Évitements infirmiers et socialisations hors travail, par Kevin Toffel et Marion Braizaz  
  • Qui suis-je pour juger ? La production sociale du silence autour des violences sexuelles intrafamiliales en Polynésie française, par Lucile Hervouet
  • La sexualité en colloque, une « parenthèse enchantée » ? Violences et rituels professionnels à l’épreuve de l’égalité des carrières scientifiques, par Farah Deruelle
  • Qu’est-ce qu’une homosexualité respectable ? Classer pour contrôler, par Sylvie Tissot
  • Les intimités déviantes du capitalisme. John D’Emilio et l’émergence des identités sexuelles modernes. Introduction à la traduction de « Capitalisme et identité gaie », par Mathieu Trachman
  • Capitalisme et identité gaie [1983], par John D’Emilio, Traduction par Anne-Gaëlle Argy
HORS DOSSIER
 
  • Soigner et (se) protéger malgré la pénurie de masques, par Cédric Calvignac et Gérald Gaglio
  • Patient·e·s régulier·e·s de médecines complémentaires et alternatives (MCA). Cartographie des alternatives de santé et analyse de carrières thérapeutiques, par Adrien Kurek
 

Diffusion

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Numéro 39 de terrains & travaux

Numéro 39 de terrains & travaux :
questions raciales / questions urbaines

Le numéro 39 (2021/2) de terrains & travaux, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru en avril 2022.

questions raciales / questions urbaines

Numéro coordonné par Élise Palomares et Guillaume Roux

Le n° 39 (2021/2) de terrains & travaux est constitué d’un dossier thématique consacré aux questions raciales / questions urbaines, ainsi que de deux articles hors dossier.

Sommaire

QUESTIONS RACIALES / QUESTIONS URBAINES

  • Quand les politiques urbaines font exister la race, Introduction, par Élise Palomares et Guillaume Roux
  • Georges Martin, un fonctionnaire ordinaire de l’administration coloniale française à Lyon (1940-1960), par Fatiha Belmessous
  • Les couleurs du logement social. Racialisations croisées et marquages de l’habiter en Guyane française, par Clémence Léobal
  • Insécurité et (re)négociation des frontières ethno-raciales. Les mobilisations d’habitants chinois contre les agressions en Seine-Saint-Denis, par Ya-Han Chuang et Aurore Merle
  • Entre développement international et sécurité locale. Genèse de la rencontre de deux politiques municipales envers des populations ethnicisées, par Maxime Royoux
  • « J’ai pour ma part tendance à éviter cela». Une politique alimentaire « aveugle à la couleur » dans La Nouvelle-Orléans post-Katrina, par Nicolas Larchet
  • Les nouvelles frontières de la ségrégation ethnique à Détroit. Politique de peuplement et marché immobilier en contexte « colorblind », par Henri Briche
  • Racialiser les locataires. Naissance de politiques de peuplement et entreprises de catégorisation dans deux cités HLM, par Violette Arnoulet et Mariana Tournon
  • Sous la mixité sociale, la race. Les impasses renouvelées d’une politique publique, par Collectif API

HORS DOSSIER

  • Naître déjà fille ou garçon. Processus d’humanisation et de sexuation du fœtus pendant la grossesse, par Gaëlle Larrieu
  • Écrire l’absence. Les liens secrets de l’accouchement sous X, par Éva Maginot et Sébastien Roux

Diffusion

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Appel à contributions – terrains & travaux

Appel à contributions – terrains & travaux

Le travail domestique et de care à domicile :
définitions, expériences et régulations

Appel à contributions pour dossier thématique
Date de clôture : 15 septembre 2022

Depuis une vingtaine d’années, un grand dynamisme caractérise les recherches en sciences sociales sur le travail domestique et de care à domicile, entendu comme travail exercé dans la sphère privée au service des ménages, aussi bien dans la littérature francophone, anglophone, germanophone qu’hispanophone. Plusieurs champs d’analyse, parfois déconnectés les uns des autres, sont concernés : sur les comparaisons des institutions des États-Providence, sur l’économie informelle, le PIB « réel » et les marges de l’emploi, sur les trajectoires de migration, sur les mobilisations collectives, sur les interactions dans les relations de service, etc. Une grande partie de ces recherches a souligné à quel point le travail domestique et de care à domicile se situait à l’intersection de rapports de domination de genre, de classe, et parfois de « race », les femmes issues des classes populaires et racisées étant surreprésentées dans ce travail, souvent flexible, pénible et dévalorisé.

En même temps, nous assistons dans de nombreux États, au niveau régional (Union européenne, Mercosur) et global à un déploiement sans précédent de nouveaux instruments de gouvernement, de nature privée ou publique, visant à réguler ce travail : convention 189 de l’OIT, stabilisation d’une définition des « Personal and Household services » au niveau européen, reconnaissance de la spécificité des « particuliers employeurs » dans certains droits du travail nationaux, mise en place de corps d’encadrement ou de contrôle à des échelles infranationales. Ces instruments comme dispositifs à la fois techniques et sociaux organisent des rapports spécifiques entre les institutions et leurs destinataires, et peuvent présenter un degré de coercition très différent selon leur nature. Alors que dans nombre de pays d’Amérique Latine et d’Europe, par exemple, le droit civil a longtemps constitué le domicile comme un lieu inviolable, celui-ci est de plus en plus investi par des instruments juridiques et de politiques publiques de nature différente, comme les chèques emploi services, les réductions d’impôt, un encadrement par le droit du travail et parfois même des tribunaux spécifiques, ou encore l’intervention des services d’inspection du travail. Ces instruments sont incarnés dans des formes matérielles diverses (documents papiers, plateformes internet, contrôle par des agents publics, applications connectées, etc.), dans le but d’intervenir sur la forme possible de l’emploi et du travail domestique et / ou de care à domicile.

Malgré ces transformations et la richesse des travaux existants, de nombreuses recherches restent encore à mener afin de mieux comprendre la façon dont les actrices et les acteurs se saisissent de ces instruments de régulation, que ce soit pour les fabriquer, les faire appliquer, les utiliser, s’en accommoder, les contourner, les détourner, les contester, les subvertir, etc. Qui participe à la construction des institutions et de leurs instruments visant à définir et réguler le travail domestique et de care à domicile, et comment ? Les instruments mis en place contribuent-ils à donner aux agents publics, aux travailleuses[1], aux familles et/ou aux employeurs le pouvoir de définir ce qu’est ce travail et la façon de l’effectuer ? Dans quelle mesure et dans quelles conditions ces instruments contribuent-ils à protéger et professionnaliser les travailleuses, leurs employeurs et/ou les publics auprès desquels elles interviennent ?

Ce dossier de terrains & travaux se propose ainsi d’analyser le travail domestique et de care à domicile en mettant l’accent sur les enjeux de définition de ces activités, sur les expériences qu’elles représentent et sur la façon dont elles sont régulées. En ce sens, nous nous intéressons tout particulièrement à la façon dont les institutions et les dispositifs techniques et sociaux qu’elles produisent contribuent (ou non) à gouverner ces activités et ce que produit, sur l’expérience de travail elle-même et sur les relations qui la caractérisent, la rencontre entre ces institutions et le public concerné.

Les enquêtes originales provenant de toutes les disciplines des sciences sociales (sociologie, science politique, histoire, économie, droit…) seront les bienvenues, en utilisant une méthodologie d’enquête qui devra être précisée. Les contributions pourront s’inscrire dans les trois axes complémentaires suivants :

1. Définir le travail domestique et de care à domicile

Les contributions pourront en premier lieu analyser la construction sociale, la mobilisation et les effets des catégories juridiques, administratives, statistiques, scientifiques et profanes, à la fois « en haut » et « en bas » de la hiérarchie sociale. Les catégories utilisées par les actrices et acteurs pour « parler » du travail et des emplois domestiques et de care seront au cœur de ce premier axe. Dans ce sens, la façon dont ils et elles essaient d’ordonner ce travail, en établissant des hiérarchies et des frontières entre les postes et entre les tâches pourront faire l’objet d’analyses approfondies. Comment des limites sont-elles définies entre ce qui est considéré comme étant un travail et ce qui n’en n’est pas un, entre les services considérés comme pouvant être l’objet d’un échange marchand et ceux qui ne le peuvent pas, entre ce qui relève de l’intime, ce qui peut être fait par quelqu’un de la maisonnée et ce qui ne le peut pas ? Les principes de justice mobilisés pour établir ces lignes de séparation et de classification ou au contraire la façon dont un certain « flou » est entretenu pourront ainsi être questionnés. L’enjeu sera également de comprendre comment ces catégories sont utilisées pour rattacher des pratiques à un univers de sens et de normes et observer leurs effets performatifs. Il s’agira également de saisir les enjeux de pouvoir attachés à ces délimitations.

2. Faire l’expérience du travail domestique/de care et de son gouvernement

Nous invitons ensuite les contributeurs et contributrices à étudier le lien entre des réalités souvent étudiées de manière étanche : celle des institutions et celle des citoyen·nes concernés par le travail domestique/de care. Comment les acteurs et actrices à l’origine des instruments de régulation de ce travail et de ces emplois se représentent-ils les pratiques de leurs destinataires et comment cela influence-t-il leurs actions ? À l’inverse, comment les personnes concernées par ce travail font-elles usage du cadrage et de la matérialité des instruments auxquels ils et elles sont confrontés dans leur pratique ? Il s’agira notamment de questionner les contraintes et les ressources que procurent ces institutions et instruments pour les personnes concernées par des relations de travail domestique et/ou de care à domicile. Une attention particulière sera portée aux facteurs qui permettent aux actrices et acteurs d’exercer un « jeu » par rapport aux instruments de gouvernance et à déployer des formes d’autonomie.

3. Réguler par le conflit ?

Le travail domestique/de care est généralement pensé comme peu propice aux mobilisations collectives et donc peu conflictualisé. Pourtant, le flottement entre les catégories, les définitions antagonistes du sens à donner au travail domestique et de care peuvent être à l’origine d’incertitudes et de conflits très divers, individuels ou collectifs, impliquant les personnes aidées ou employeuses, les travailleuses, les intermédiaires de marché, les ONG, les partenaires sociaux ou les gouvernements et leurs administrations. Les articles pourront s’attacher à étudier les mécanismes d’expression et de résolution de ces incertitudes et conflits. Sur quoi portent-ils et qui en sont les arbitres ? Dans quelles conditions la justice devient-elle une instance de résolution de ces conflits et pourquoi ? Plus largement, il s’agira de comprendre comment ces conflits participent aussi de la régulation de ces activités.

[1] Nous employons ici le féminin dans la mesure où ces travailleurs sont à plus de 90 % des femmes.


Les articles de 50 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris) et les notes critiques de 30 000 signes maximum doivent être accompagnés de 5 mots clés et d’un résumé de 150 mots, en français et en anglais. Les articles sont attendus pour le 15 septembre 2022 et doivent être envoyés à :

Les consignes relatives à la mise en forme des manuscrits sont consultables sur le site de la revue : http://tt.hypotheses.org/consignes-aux-contributeurs/mise-en-forme

terrains & travaux accueille par ailleurs des articles hors dossier thématique (50 000 signes maximum), qui doivent être envoyés à :

Pour plus de détails, merci de consulter le site de la revue : http://tt.hypotheses.org

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Numéro 38 de terrains & travaux : « La raison modélisatrice »

Numéro 38 de terrains & travaux : "La raison modélisatrice"

Le numéro 38 (2021/1) de terrains & travaux, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru en novembre 2021.

La raison modélisatrice

Numéro coordonné par Henri Boullier, Lise Cornilleau, Jean-Noël Jouzel et Pierre-André Juven

Le n° 38 (2021/1) de terrains & travaux est constitué d’un dossier thématique consacré à la raison modélisatrice, ainsi que de trois articles hors dossier.

 

Sommaire :

  • La raison modélisatrice
    • «  »En attendant d’autres données« . Raison modélisatrice, incertitudes et pièges de l’abstraction », Introduction par Henri Boullier, Lise Cornilleau, Jean-Noël Jouzel et Pierre-André Juven
    • « Un marché très exclusif. Les acteurs de la modélisation des réformes de protection maladie aux États-Unis (1993-2010) » par Ulrike Lepont
    • « Mesurer le risque d’inondation en ville. Une modélisation sous contraintes » par Sofia Guevara Viquez
    • « Le modèle qui cache la forêt. Les communautés de la recherche forestière à l’épreuve de l’impératif modélisateur » par Antoine Dolez
    • « Circulez, il n’y a rien à voir. Modèles, incertitudes et santé au travail dans l’industrie nucléaire » par Laura Barbier et Soraya Boudia
  • Hors dossier
    • « Les étudiants des catégories populaires face à la décohabitation familiale. Recherche de logement et perception de sa place dans la société » par Pascale Dietrich-Ragon
    • « S’accorder, vouloir dire et être reconnu·e au cours d’un entretien. Le cas des entretiens de recherche avec des personnes catégorisées « trisomiques » » par Yann Beldame et Laura Silvestri
    • « Manager des villes vs manager des champs. L’influence de la localisation du magasin sur le travail et l’emploi  » par Florent Racine

Diffusion :

Ce numéro est disponible en version papier et en version électronique via le portail Cairn.

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Appel à contributions – terrains & travaux

Appel à contributions - terrains & travaux

Concurrencer l’école publique.
Entrepreneurs en éducation et formes alternatives d’enseignement

Appel à contributions pour dossier thématique
Date de clôture : 28 février 2022

Les expériences éducatives alternatives au système d’enseignement « classique » sont loin d’être inédites, comme le montre la vitalité des mouvements de l’éducation nouvelle entre le dernier quart du XIXe siècle et l’entre-deux-guerres, parties prenantes de la nébuleuse réformatrice de l’État. Leurs propositions pédagogiques fleurissent alors tant au sein de l’école publique que dans des écoles privées, à l’initiative de philanthropes, pédagogues, administrateurs et enseignant·es. Un mouvement analogue, alimentant des critiques visant l’enseignement scolaire public, ainsi que les appels à un renouvellement des apprentissages et des pratiques pédagogiques connaît depuis quelques années, en France, un certain essor, sous l’effet de la promotion de la liberté des familles et du « choix » parental, de l’aspiration à un traitement plus « personnalisé » des élèves et de l’accroissement de la concurrence entre établissements. En témoignent en France le succès des pédagogies dites «alternatives», l’attrait croissant qu’exercent les établissements privés, l’émergence d’une catégorie «d’entrepreneurs en éducation», et le renouveau de l’enseignement à domicile. L’aspect le plus remarquable de ces offres éducatives, très hétérogènes et animées par des visions du monde et des intérêts parfois contradictoires, réside dans le fait qu’elles se proposent de réformer l’école publique, non pas de l’intérieur, mais de l’extérieur, en entreprenant de développer à la lisière des établissements scolaires publics, ou loin d’eux, des projets jugés plus en phase avec les aspirations des élèves et des familles. Si ces idées réformatrices oscillent entre, d’un côté, la volonté de mieux s’ajuster aux attentes des publics du système d’enseignement traditionnel et, de l’autre, le désir d’en contourner les normes et les modes de sélection, elles tendent à remettre en cause, directement ou indirectement, la légitimité et la capacité de l’État à administrer l’éducation de ses citoyen·nes et enferment, en creux, une critique du «pacte social» que constitue l’institution scolaire dans nos sociétés. Bien que composite, cette offre apparaît moins sous-tendue par une ambition émancipatrice que par la volonté de doter les familles d’un «capital humain» et de faire l’éducation moins un enjeu de société qu’un investissement comme un autre.

Les propositions attendues pour ce dossier de terrains & travaux devront permettre de mieux comprendre les motivations des différents acteurs et actrices contribuant à la mise en place de pédagogies alternatives, de mieux connaître leur contenu ainsi que leurs effets sociaux. Ce dossier vise ainsi in fine à mieux appréhender, à travers des travaux empiriques, les caractéristiques de ces formes alternatives d’éducation, leurs usages par les apprenants, mais aussi, plus généralement, leurs effets sur le système scolaire public et sur les inégalités.

Les articles pourront s’inscrire dans l’un des trois axes présentés ci-dessous ou à leur croisement.

  • I. Entrepreneurs en éducation et entreprises éducatives dans l’espace scolaire. Vers une privatisation de l’offre éducative ?

Dans un contexte d’individualisation des politiques éducatives et d’intériorisation de l’impératif scolaire, l’offre privée d’éducation semble s’être développée en adoptant des formes renouvelées. On peut y voir l’effet d’une «numérisation» de l’offre (écoles en ligne, plateformes de cours particuliers, applications de soutien scolaire), de l’émergence de certaines professions (le coaching scolaire), du développement du tiers-secteur (la philanthropie éducative, les think tanks en éducation) ou de modèles lucratifs d’entreprises (comme pour certaines écoles hors-contrat ou les start-up de «l’edtech»). L’intervention, à différents niveaux, des acteurs privés en éducation n’est pas nouvelle, comme en témoignent la régulation de l’enseignement professionnel par les branches professionnelles, l’influence des milieux patronaux sur les cursus, ou plus récemment la formation des élèves et des étudiant·es à l’entrepreneuriat. Néanmoins, l’intérêt spécifique de certains acteurs privés à l’égard de l’offre éducative, leurs caractéristiques et leurs modes d’action restent encore largement méconnus, notamment dans le contexte français. Ce premier axe visera donc à mieux caractériser le champ des «entrepreneurs de l’éducation» et à interroger la spécificité de cette offre éducative. Ces pratiques éducatives hors de l’école s’inscrivent, en effet, dans des dynamiques longues de privatisation et d’hybridation des rapports public-privé, qui remettent en cause tout autant la place de l’offre publique, sa légitimité que le principe de la régulation, par les pouvoirs publics, de l’offre scolaire. Aussi, les recherches explorant les processus de privatisation et de mise en marché de l’éducation seront-elles bienvenues : développement d’une offre éducative peu ou pas régulée par les autorités publiques, ouverture des services publics éducatifs à des financements privés, ou encore sous-traitance de services éducatifs à des opérateurs extérieurs.

Le profil et les trajectoires des promoteurs et acteurs de ces entreprises éducatives pourront, en premier lieu, être étudiés, en réservant une place à la manière dont ils s’appuient paradoxalement sur les pouvoirs publics (via des subventions, défiscalisation, autorisations, agréments, etc.) pour développer une offre concurrente à celle de l’enseignement public. La façon dont ces acteurs défendent, en second lieu, la légitimité de leurs conceptions éducatives et de leurs manières d’agir auprès d’interlocuteurs et de publics divers (patronaux, pouvoirs publics, Éducation nationale) pourra être questionnée. La question du financement des entreprises éducatives, des pratiques et des modèles économiques qui les sous-tendent, méritera aussi examen. Car si certaines bénéficient du soutien des pouvoirs publics ou escomptent leur aide, d’autres parient plutôt sur leur capacité à développer une offre marchande autonome, et entendent attirer des investisseurs intéressés par les perspectives de profit qu’offre un marché semble-t-il prometteur. En troisième lieu, le travail concrètement engagé dans ces formes alternatives d’enseignement, et les types de pratiques éducatives mises en place, retiendront l’attention, qu’il s’agisse de pratiques renouant avec des formes scolaires traditionnelles ou déjà éprouvées (préceptorat, enseignements d’inspiration plus libertaire) ou de celles insistant plutôt sur leur caractère innovant (apprentissage en ligne, e-learning) afin d’attirer des familles séduites par une prise en charge plus individualisée de leurs enfants. Les contributions seront invitées à analyser la manière dont ces pratiques hétérogènes sont régulées par les pouvoirs publics ou au contraire échappent à leur contrôle.

  • II. Un autre rapport à l’éducation ? Choix éducatifs et apprentissages « alternatifs »

Cet axe invite à interroger les stratégies et les choix faits par les familles, et les apprentissages chez les élèves, en vue de mieux saisir les effets du recours à des formes alternatives d’enseignement sur le système public d’éducation. Les contributions pourront ainsi aborder les déterminants sociaux de la « demande » d’éducation privée alternative et comment les familles, sur la base de relations affinitaires, ou de positionnements socio-économiques ou culturels, en viennent à recourir à ces nouvelles manières d’éduquer et d’instruire. Au sein d’une offre très hétérogène, il apparaît important de regarder finement les appartenances sociales des familles et leurs rapports à l’école, et d’examiner comment elles s’investissent scolairement et pédagogiquement « à côté de » l’école publique, dans différents segments de l’offre privée. S’agit-il plutôt de familles appartenant à des groupes socialement dominés qui ne trouveraient pas, dans le système existant, une offre adaptée à leurs besoins et à leurs aspirations ? Si c’est le cas, doit-on y voir l’effet d’un amoindrissement de la croyance des milieux populaires dans les capacités émancipatrices de l’école ? Est-on plutôt face à des familles issues des classes moyennes et supérieures souhaitant échapper aux écueils d’une école massifiée, voire de familles fortement dotées préférant scolariser leurs enfants dans des établissements jugés plus en phase avec les exigences d’un monde globalisé ? Entre souci d’ajustement aux attentes scolaires (le recours au soutien scolaire, au coaching, etc.) et défection du système scolaire (le choix du hors contrat, de l’école à domicile) s’expriment différents usages de ces entreprises éducatives et différents rapports à l’école. On pourra se demander en quoi l’offre privée « alternative » témoigne de transformations des rapports des familles à l’école (voire de prises de distance avec le système scolaire), notamment liées aux transformations du système éducatif et aux attentes générées par l’allongement des études. Les contributions pourront venir alimenter les travaux sur les rapports à l’école et à l’État des familles et des élèves, et sur les effets de la crise sanitaire du Covid-19. On pourra également questionner le renouvellement de la place des parents à l’œuvre dans l’offre privée éducative, se demander comment les familles contribuent éventuellement à définir les contours de cette offre : dans l’enseignement à domicile, dans certaines écoles privées réservant une place spécifique aux parents, ou dans certaines aventures entrepreneuriales mettant en avant l’« expérience parentale » des créateurs d’entreprise. Les profits que les bénéficiaires retirent de ces expériences singulières (et d’une socialisation aux marges ou extérieure au système scolaire) mériteront également examen. Les parcours des élèves ayant bénéficié d’une éducation hors contrat, à domicile ou de formes de scolarisation en marge de l’école, restent en effet largement méconnus. Les effets socialisateurs durables de ces expériences et leurs incidences sur les trajectoires individuelles – que les élèves demeurent aux marges de l’école publique ou la réintègrent – pourront être explorés.

  • III. Les effets des entreprises éducatives sur le système public d’éducation

Enfin, un troisième axe invite à discuter les effets des entreprises éducatives et du recours par les familles à une offre privée «alternative», sur le système public d’éducation, et in fine sur les inégalités scolaires. Le fait que le centre de gravité de la régulation de l’offre d’éducation se déplace des autorités publiques vers les familles, érigées tacitement, par les prescripteurs de ces services éducatifs, en arbitres de la concurrence entre les différents fournisseurs de biens éducatifs (publics, privés à but non lucratif, privés à but lucratif) méritera attention. L’ampleur que revêt ce phénomène multiforme de remise en cause du système public d’enseignement, en France et dans d’autres pays, pourra être questionnée. L’impact de ces transformations sur les inégalités scolaires pourra aussi être interrogé. Les contributions pourront analyser la façon dont les institutions scolaires publiques composent avec le développement d’un secteur éducatif privé à leurs marges, en tentant d’en enrayer la croissance, en encourageant son développement ou en empruntant certains de ses registres d’action. Les travaux (s’appuyant sur des données statistiques ou des analyses comparatives) qui permettent, dans cette perspective, d’appréhender la manière dont cette recomposition de l’offre éducative affecte les trajectoires scolaires individuelles et l’évolution de la stratification sociale, seront bienvenus. L’importance éventuelle que revêt, aux yeux de ces acteurs réformateurs, l’objectif de réduction des inégalités scolaires, ou au contraire l’impensé qu’il constitue pour ces derniers, constitueront aussi des pistes de réflexion.


Les articles, de 50 000 signes maximum (espaces, notes et bibliographie compris), accompagnés d’un résumé de 150 mots et de 5 mots-clés en français et en anglais, devront parvenir sous forme électronique (format Word, cf. indications ci-dessous pour la mise en forme des textes) aux coordinateur·trice·s du numéro avant le 28 février 2022 aux adresses suivantes :

  • Caroline Bertron : carolinehs.bertron[at]gmail.com
  • Samuel Bouron : samuel.bouron[at]dauphine.psl.eu
  • Marie Carcassonne : marie.carcassonne[at]dauphine.psl.eu
  • Sabine Rozier : sabine.rozier[at]dauphine.psl.eu
  • Elise Tenret : elise.tenret[at]dauphine.psl.eu
  • Marie Trespeuch : marie.trespeuch[at]sorbonne-universite.fr

Les consignes relatives à la mise en forme des manuscrits sont consultables sur le site de la revue : http://tt.hypotheses.org/consignes-aux-contributeurs/mise-en-forme

terrains & travaux accueille par ailleurs des articles hors dossier thématique (50 000 signes maximum), qui doivent être envoyés à :

  • Vincent-Arnaud Chappe : vincent-arnaud.chappe[at]ehess.fr
  • Élise Palomares : elise.palomares[at]univ-rouen.fr
  • Milena Jakšić : milenajaksic[at]gmail.com

Pour plus de détails, merci de consulter le site de la revue : http://tt.hypotheses.org

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Appel à contributions – L’Homme & la Société

Appel à contributions - L'Homme & la Société

Dénaturaliser l’écologie

Appel à contributions pour dossier thématique
Date de clôture : 15 octobre 2021

Résumé

L’environnement façonné par les humains engendre aujourd’hui de multiples crises. Face à leur ampleur et à leur complexité, il est manifeste que le traitement actuel de l’ensemble des questions écologiques n’est pas à la hauteur des problèmes posés. En renvoyant dos-à-dos le catastrophisme de l’effondrement imminent et les dénis de réalité qui s’appuient sur la foi dans la technique ou le progrès dans la résolution des problèmes écologiques, la revue souhaite promouvoir, hors du bio-centrisme, les analyses portant sur les principaux obstacles conceptuels, politiques, économiques, géographiques, juridiques, sociaux et culturels à la transition écologique. Le traitement de thèmes tels que le lobbying des pollueurs, les reconversions industrielles et la relocalisation de l’économie, les droits des générations futures, les mobilisations et les expérimentations collectives, les contradictions en matière de consommation, etc., sera valorisé.

Argumentaire

L’environnement n’est pas la nature mais un ensemble d’institutions. C’est l’environnement façonné par les humains, et surtout par leurs créations historiquement sédimentées, qui engendre aujourd’hui de multiples crises. Le champ concerné va des zones encore semi-sauvages mais déjà dégradées aux milieux urbains standardisés, des montagnes en dégel aux littoraux et aux mers polluées dont le niveau monte, de l’air – de plus en plus chaud et chargé de métaux ou d’oxydes – à la terre façonnée et appauvrie par l’agriculture industrielle. Il concerne aussi les risques ou désastres avérés d’ordre techno-scientifique ou sanitaire. Les pollutions et déforestations conduisant au déclin de la biodiversité, ainsi que le réchauffement climatique avec son cortège de sécheresses et d’inondations ou l’épuisement des ressources non renouvelables ne sont que des conséquences de l’activité économique et des choix politiques antérieurs. Les manières dont les actions socio-humaines ont modelé les milieux nous intéressent donc ici au premier chef. En reconnaissant cet « environnement » comme la résultante de logiques économiques et de politiques sociales, une analyse lucide de ce qui le détruit peut être tentée et d’éventuels leviers et pistes de réformes peuvent être, indirectement, suggérés. Ce n’est qu’en décrivant les tendances lourdes (même si agissent aussi des effets de conjoncture) ayant conduit à la situation actuelle que certaines d’entre-elles pourront être, sinon inversées, du moins infléchies mettant en œuvre la formule à la fois réaliste et optimiste de Foucault selon laquelle « tout ce qui a été historiquement institué est politiquement réformable ».

Cependant, l’inertie des aménagements (notamment urbains) du passé, la multiplicité et l’interconnexion des problèmes rendent difficile les réformes. Surgissent à la fois des obstacles politiques (quelles réformes sur le long terme engager dans le cadre du calendrier électoral raccourci?), économiques (quelles prévisions et reconversions pourraient permettre des ne pas détruire de nombreux emplois industriels?), démographiques (la croissance de la population peut-elle continuer indéfiniment dans un monde fini et les crises économiques permettront-elles les transitions démographiques qui pourraient stabiliser la population mondiale?), sociaux (les inégalités écologiques et sociales ne vont-elles pas croître alors que les classes populaires et les populations du Sud subissent déjà le plus les dégradations écologiques?), culturels (l’actuelle définition du confort, surtout dans les classes moyennes, peut-elle être mise en cause par de nouveaux genres de vie et de consommation?)… Enfin, la prise de conscience citoyenne et l’action « par le bas » des personnes via leurs choix de consommation ou de « mode de vie » peut-elle suffire à affronter les grands défis écologiques en tenant compte de ces différentes dimensions ?

Face à leur ampleur et à leur complexité, il est manifeste que le traitement actuel de l’ensemble des questions écologiques n’est pas à la hauteur des problèmes posés. Il est tendu entre, d’un côté, des politiques de protection de diverses espèces ou de conservation d’espaces particuliers – qui conduiront vers un « apartheid écologique » – et, de l’autre, des mécanismes économiques de nature libérale jouant sur des marchés (Principe Pollueur Payeur se dégradant en « Permis de Polluer Plus », bourses du carbone et de la biodiversité ne diminuant pas les émissions ou dégradations, incitations fiscales aux véhicules électriques qui déplaceront les problèmes, etc.). D’un autre côté, la fiscalité écologique est loin d’être générale : elle ne s’applique que très peu aux plus gros pollueurs et elle ne tient pas compte des contraintes de certaines populations captives ou dépendantes de la voiture. Quant aux normes environnementales (souvent suscitées ou mises en forme par les grands lobbies industriels), elles apparaissent à la fois trop timides pour être efficaces et en prolifération continuelle à un point tel qu’elles étouffent ou défavorisent l’activité des petits producteurs et qu’elles sont régulièrement ignorées ou transgressées (y compris par l’Etat, notamment en matière d’aménagement du territoire).

Le débat réaliste est actuellement contaminé par les climato-sceptiques aux arguments tenant fréquemment du syllogisme, et par les craintes millénaristes ou les prophéties plus ou moins hasardeuses et illuminées sur la fin du monde. La seule certitude, en matière d’effondrement, est la non viabilité socio-écologique du mode de production et de consommation actuellement dominant dans les pays les plus riches qui ne pourra, à terme, que se réformer structurellement ou s’effondrer. Cependant, à la différence des craintes millénaristes, depuis quelques années, ce sont des dizaines de scientifiques de diverses disciplines et de tous bords qui, sur des critères indépendants de l’idéologie ou de la religion, annoncent de très graves menaces. C’est pourquoi cet appel à contributions prend au sérieux lesdites menaces, mais en rejetant également, d’un côté, le catastrophisme absolu (plus ou moins éclairé annonçant le pire à court terme) et, de l’autre, le déni de réalité qui s’appuie sur l’idée de grande résilience de la nature et, plus souvent, sur la foi dans la technique ou le progrès dans la résolution des problèmes écologiques.

Axes thématiques

L’originalité des approches que souhaite promouvoir l’H&S concerne les grandes postures de la revue :

  • Anti-naturaliste : la majorité des textes sur l’écologie ou l’effondrement prônent un naturalisme plus ou moins mystique souvent éloigné des SHS et ne relevant que fort peu les causes sociales des problèmes. Le bio-centrisme ne permet pas de traiter des questions principales au cœur.
  • Humaniste : la revue considère que les humains font et défont l’histoire, ainsi que l’environnement. Seul cet anthropocentrisme assumé de l’analyse permet de chercher les voies, nécessairement politiques, d’une émancipation collective et d’une résolution des problèmes.
  • Pluriversaliste : la revue considère qu’aucune solution réelle et durable aux problèmes écologiques – les principaux sont d’échelle planétaire – ne sera trouvée sans la prise en compte des dominations Nord / Sud et de la dette écologique des pays du Nord à l’égard de ceux du Sud.
  • Critique : la revue évite d’utiliser le « nous » flou ou englobant et tente de se mettre à la hauteur des enjeux en considérant le poids des grands groupes industriels et des appareils technocratiques qui portent et accentuent les logiques productivistes inhérentes au capitalisme.

Les contributions attendues

  • Les contributions pourront questionner les grands principes et les prises de position théoriques. Par exemple, le capitalisme mondial, comme certains le pensent dans les courants marxistes ou libertaires, est-il la seule cause des problèmes ? Si oui, peut-il être structurellement « verdi » ou par quoi le remplacer et avec quelles garanties écologiques ? Quelle autonomie relative des logiques technocratiques ? Quels sont les principaux obstacles sociaux à la transition écologique ? L’Economie sociale et solidaire suffira-t-elle à endiguer les processus morbides ? Jusqu’à quel point le principe de précaution est-il applicable ? Comment est-il possible d’intégrer les droits des générations futures dans l’évaluation des actions présentes ?
  • Les contributions pourront également évoquer des questions plus précises mais transversales telles que les échanges nord-sud et est-ouest qui pourraient cesser d’impacter négativement l’environnement. Comment relocaliser l’économie et avec quelles conséquences sociales ? La préservation de l’emploi (surtout industriel) est-elle conciliable avec les exigences de protection écologique (quelles reconversions en la matière) ? A quelles conditions politiques, économiques et juridiques une politique démographique pourrait-elle contenir l’augmentation d’une population dont seul le productivisme peut étancher les besoins vitaux ? Quelles mobilisations collectives sont les plus efficaces ? Etc.
  • Enfin, elles pourront traiter de dimensions ou facettes particulières des problèmes socio-écologiques. Les Etats ont-ils les moyens de réduire la surpuissance des multinationales les plus dangereuses pour l’environnement ? Quels rapports de forces ou quels lobbies sont efficaces ou bloquants ? Quelles industries pourraient stabiliser ou réduire les émissions polluantes ? Quelle urbanisation pourrait les éviter ? Quelles sources d’énergie et quels moyens de transport seraient vraiment écologiquement durables ? Quelles expérimentations sociales sont à la hauteur des problèmes ? Quels apports et limites des expériences de frugalité volontaire en contexte de précarité et d’inégalités croissantes ? Quelles contradictions en matière de consommation : actions segmentaires, « effet rebond », non rétroactions sur les causes des nuisances ? Etc.

Cette liste n’est pas limitative. Quelles que soient la thématique, l’approche et la perspective des contributions, sont attendues des réflexions sur les conséquences sociales des processus ou des mesures évoquées. Etant donné la portée des problèmes et leur complexité, les contributions collectives et-ou pluridisciplinaires seront possibles, voire valorisées.

Calendrier prévisionnel

  • Résumés de 1000 à 2000 signes attendus pour le 15 octobre 2021. Envoi à : salvador.juan[at]unicaen.fr
  • Retour aux auteurs du 30/10 au 15/11 et demande des textes complets – relatifs aux propositions retenues – pour le 15 janvier 2022 (date butoir). Volume maximum 60.000 signes (espaces compris).
  • Examen des textes par le Comité durant le premier semestre 2022 et parution fin 2022. Toutes les propositions d’article reçues sont évaluées (anonymat garanti) par trois lecteurs, deux du Comité et un extérieur. Nous tranchons à la majorité en cas de désaccord avec d’éventuelles V2 demandées.

Coordination scientifique

Juan Salvador, professeur émérite de sociologie à l’université de Caen Normandie.

Mots-clés

anti-naturalisme, capitalisme, critique sociale, dette écologique, écologie politique, économie sociale et solidaire, effet rebond, énergie, frugalité volontaire, générations futures, lobbies industriels, politiques publiques, pollueurs

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Numéro 36-37 de terrains & travaux : « vingt ans après »

Le numéro 36-37 (2020/1-2) de terrains & travaux, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru en novembre 2021.

vingt ans après

Numéro anniversaire

Le n° 36-37 (2020/1-2) de terrains & travaux est un numéro anniversaire publié pour les 20 ans de la revue. Il est constitué d’un dossier thématique consacré aux 20 ans de la revue, ainsi que de cinq articles hors dossier.

Sommaire :

  • Vingt ans après
    • « Avoir 20 ans en 2020 », Éditorial par le Comité éditorial
    • « Une protohistoire de terrains & travaux (1995-2005) » par Gilles Bastin, Laure Bonnaud, Olivier Le Noé, Ashveen Peerbaye et Pierre-Paul Zalio
    • « terrains & travaux, 2000-2019. Une analyse de vingt années de production » par Éric Dagiral, Ashveen Peerbaye et Caroline Vincensini
    • « Que voir ? Que faire ? Enquêter en sciences sociales avec Élisabeth Claverie et Nicolas Dodier », Entretien réalisé par Vincent-Arnaud Chappe et Milena Jakšić
  • Hors dossier
    • « Observer les odeurs, agirs sur les affects. Enquête sur la gestion des nuisances olfactives » par François-Joseph Daniel
    • « À l’ombre du Panthéon : ethnographier les sans-abri à Rome » par Pierre-Olivier Weiss
    • « L’interprétariat à la Cour nationale du droit d’asile. Lorsque le récit est transporté par la parole d’un tiers » par Anaïk Pian
    • « Les jeunes exilés face au ralentissement institutionnel. Contribution à une sociologie des temporalités » par Adeline Perrot
    • « Enquêtes statistiques et approches intersectionnelles. Considérations pour l’élaboration d’une enquête sur les violences de genre dans les Outre-mer » par Meoïn Hagège et Stéphanie Condon

Diffusion :

Ce numéro est disponible en version papier et en version électronique via le portail Cairn.

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Numéro 213 de L’Homme & la Société : « Théâtralité de la machine »

Le numéro 213 (2020/2) de L’Homme & la Société, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, vient de paraître !

Théâtralité de la machine

Coordonné par Florent Le Bot

Les articles proposés dans ce dossier travaillent l’analogie entre l’homme et la machine à travers notamment la littérature contemporaine et le cinéma. E. T. A. Hoffmann, Abdelkébir Khatibi, Henri Michaux, ainsi qu’un ensemble d’œuvres littéraires et cinématographiques de science-fiction sont mobilisés dans cette perspective.
La machine y apparaît non dans ses usages pratiques, en tant qu’objet technique de production, mais comme miroir des désirs, des rêves, des fantasmes et des cauchemars humains. Ce faisant, la machine participe d’un dispositif social dont l’étude permet de dégager des ressorts de violence et de domination que l’on sait à l’œuvre dans les rapports humains en général, dans ceux du genre en particulier. La femme-machine, objet de tous les fantasmes, représente ainsi l’acmé de ce dispositif.
La machine dans sa théâtralité donne à voir autre chose que des rapports de production, un imaginaire de l’efficience, de la performance et de la productivité,
de la mesure, du contrôle et du pouvoir, qui, au-delà de l’art, a participé à l’élaboration de l’idée de modernité et contribué à naturaliser le capitalisme comme industrialisme machinique.
La machine qui semble pourtant concrétiser le vieux rêve conservateur de l’homme de survivre à son obsolescence programmée, sera-t-elle en fait l’outil résolu de sa perte ? La volonté du capitalisme de se perpétuer coûte que coûte se concrétisera-t-elle au prix de notre humanité défaillante ? La créature va-t-elle échapper à son créateur ? Ce dernier va-t-il en succomber ?
L’amour est-il encore possible dans cette distanciation par la machine ?
Tant de questions au cœur de ce numéro de L’Homme & la Société.

Illustration de couverture : Photographie de Thérèse Bonney, vers 1929. Mannequin de femme portant un collier de Justin Dusausoy © Ministère de la Culture -Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, Dist. RMN-Grand Palais / Thérèse Bonney.

Sommaire :

  • Éditorial
    • « Retrouver nos querelles » par Pierre Bras
  • Dossier
    • « Introduction. Théâtre de la machine, empire des sens » par Florent Le Bot
    • « Un genre de machine. Les androïdes féminins de la science-fiction » par Raphaël Faon
    • « La figure ambivalente de l’automate chez E. T. A. Hoffmann » par Ingrid Lacheny
    • « Le « petit-être » et les machines dans les sections « Liberté d’action » et « Apparitions » du recueil La Vie dans les plis de Henri Michaux (1949) » par Audrey Caquel
    • « De l’Homme-machine à la machine littéraire. Désir, mobilité et altérité dans Féerie d’un mutant d’Abdelkébir Khatabi » par Khalid Lyamlahy
    • « Ex Machina d’Alex Garland : Femme-machine et Fille d’Ève » par Julie Hugonny
    • « Sur le versant sombre des futurs économiques. Les mutations du capitalisme sous le prisme du cyberpunk » par Yannick Rumpala
  • Hors-dossier
    • « Droits LGBT en Colombie. L’histoire à succès d’une mobilisation par le droit (et ses limites) » par Olga L. González
  • Comptes rendus
    • « B. Hours & M. Selim, L’Empire de la morale, 2020″ par Louis Moreau de Bellaing
    • « P.-D. Clément, Animal inc. c. Adam & Ève, 2020″ par Louis Moreau de Bellaing
  • Résumés/Abstracts

Diffusion :

  • Ce numéro est disponible en version papier ou PDF sur le site de L’Harmattan.
  • Il sera également disponible en version électronique sur Cairn.info.

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