La captation du prestige et du capital symbolique de la science dans le débat public représente un enjeu de premier ordre pour les firmes qui défendent leurs produits en s’appuyant sur des arguments « scientifiques ». Arguments qui sont souvent de simples éléments de langage, présentés comme autant de « débunking » de « fake news ». Mais s’approprier la science, pour les mouvements ultra-libéraux, c’est aussi instrumentaliser ses codes pour peser sur la vie des campus et fragmenter la gauche. Faire passer le droit de dire le faux pour une vertu académique, c’est surtout favoriser l’outrance qui élargit le champ du dicible – du négationnisme historique au climatoscepticisme – et brouille à dessein la réalité des faits établis.