Numéro 210 (2019/2) de L’Homme et la société : « Humanité & animalité »

Le numéro 210 (2019/2) de L’Homme & la Société, revue hébergée par la MSH Paris-Saclay, est paru en décembre 2020.

Humanité & animalité

Coordonné par Salvador Juan

Dans un contexte de déclin de la biodiversité et d’extinction de différentes espèces animales, qu’accompagne une multiplication des animaux de compagnie depuis soixante ans (la moitié des habitants en possèdent au moins un, de nos jours, en France), se réanime un débat très ancien sur les relations entre humanité et animalité. Beaucoup de personnes donnent des noms humains à leurs animaux de compagnie, transgressant ainsi un vieil interdit tacite qui tend à disparaître. La prise en compte de la souffrance animale est considérée de nos jours comme de plus en plus légitime ; elle met en cause l’élevage et favorise différentes formes de végétarisme. On nomme « animalisme » ce vaste mouvement d’attention aux animaux et de volonté d’égalité entre eux et les humains.
Cependant, l’animalisme consacre une égalité paradoxale en cela qu’elle nie aux humains – nonobstant qualifiés d’animaux – le droit d’être carnivores, droit qu’elle reconnaît pourtant à d’autres animaux. Cet animalisme ordinaire a un versant plus scientifique. De nombreux auteurs, se revendiquant de l’interspécisme et de l’éthique de l’environnement ou encore de l’éthologie, quelquefois de la psychologie évolutionniste ou de la paléontologie, mettent en cause aujourd’hui le clivage fondateur de l’humanisme et de la hiérarchie des espèces, renouant ainsi avec la sociobiologie des années 1970. Ils alimentent la réflexion de certaines fractions du mouvement de défense des animaux, ainsi que du mouvement écologiste (notamment « l’écologie profonde »). Le grand retour du naturalisme dans les sciences humaines met aujourd’hui en question les fondements de la socio-anthropologie en niant toute spécificité ou toute essence particulière à l’humain. Mais, en prétendant que les animaux ont une culture, créent des institutions équivalant aux nôtres, ne favorise-t-on pas l’anthropomorphisme et ne commet-on pas de grossières erreurs anthropologiques ?

Illustration de couverture : Dessin original de Fabienne Nénez adressé à Louis-Vincent Thomas (à la fois sujet et objet de l’œuvre), in Brohm Jean-Marie (coord.), 1989. « Une galaxie anthropologique. Hommage à Louis-Vincent Thomas », Quel corps ?, n° 38-39.

Sommaire :

  • Éditorial (I)
    • « Ni la LPPR, ni les terroristes, ni le gouvernement ne doivent nous empêcher de penser » par Judith Hayem
  • Éditorial (II)
    • « Sciences en danger, revues en lutte » par le Collectif des revues en lutte
  • Dossier
    • « Introduction. Humanité et animalité : séparation, fusion ou confusion ? » par Salvador Juan
    • « Au fil du temps, nous nous sommes détachés de la nature ». Entretien avec Marylène Patou-Mathis, réalisé le 22 mars 2019, au Musée de l’Homme à Paris,­ par Salvador Juan
    • « Entre émotion et raison, une mise à l’épreuve de l’animalisme » par Hélène Houdayer
    • « Cimetières pour les animaux de compagnie et micro-rites funéraires. Quelles frontières entre humains et animaux ? » par Nadia Veyrié
    • « L’utilitarisme de la sociobiologie et l’individualisme somatique de l’utilitarisme » par Salvador Juan
    • « Prolégomènes à une analyse des points de vue antispécistes et véganes » par Patrice Régnier & Stéphane Héas
  • Hors-dossier
    • « Marxismes et Critique de la valeur. Une lecture d’inspiration sartrienne » par Richard Sobel  
  • Débats & Perspectives
    • « Vers une démocradure française ? Le terrorisme comme facilitateur d’un durcissement du régime politique » par Fanny Chagnollaud
  • Comptes rendus
    • « J.-P. Durand, La Fabrique de l’homme nouveau…, 2017″ par Pierre Lantz
    • « A. Bihr, La Novlangue néolibérale…, 2017″ par Richard Sobel
  • Résumés/Abstracts

Diffusion :

  • Ce numéro est disponible en version papier ou PDF sur le site de L’Harmattan.
  • Il est également disponible en version électronique sur Cairn.info.

Téléchargez ici une recension publiée dans le n° 58 de L’Écologiste, vol. 22-1.

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